Une série d’attaques sèment la terreur à Vienne
On dénombre deux morts, dont un des suspects, et plusieurs blessés
Des fusillades ont fait au moins deux morts lundi soir en plein centre de Vienne et un des assaillants était toujours recherché, à la suite d’« une attaque terroriste répugnante », selon le chancelier autrichien. La première victime était un passant et la deuxième, une femme, décédée de ses blessures, selon la chaîne de télévision publique ORF.
« Au moins un suspect se trouve en fuite », a déclaré dans la nuit le ministre autrichien de l’Intérieur, Karl Nehammer. Les attaques n’ont à ce stade pas été revendiquées, quelques jours après des attentats survenus en France. Les fusillades ont éclaté en tout début de soirée, à quelques heures de l’entrée en vigueur d’un reconfinement de l’Autriche pour lutter contre la pandémie de COVID-19.
Le drame s’est déroulé en plein centre de la ville, près d’une importante synagogue et de l’Opéra. « Six différents lieux » ont été visés, a précisé la police. « À ce stade, il n’est pas possible de dire si la synagogue » était la cible des tireurs, a réagi Oskar Deutsch, président de la Communauté israélite de Vienne.
Un des agresseurs a été abattu par la police, intervenue rapidement sur les lieux et dont l’un des membres a été blessé. Le maire de la ville a par ailleurs fait état de 15 personnes hospitalisées, dont 7 dans un état grave.
Sur place, les forces de police se sont mobilisées en nombre pour sécuriser les lieux, a constaté un photographe de l’AFP, tandis que des passants prenaient la fuite. Peu de temps après, les spectateurs de l’Opéra quittaient sous escorte la représentation, la dernière avant le confinement.
Restez à la maison
Le gouvernement a appelé les habitants à faire montre de prudence et à rester chez eux. « Restez à la maison ! Si vous êtes dehors, réfugiez-vous quelque part ! Restez loin des lieux publics, n’utilisez pas les transports ! » a écrit la police sur son compte Twitter.
Un témoin, interrogé sur une chaîne de télévision, a dit avoir vu « courir une personne avec une arme automatique, qui tirait sauvagement », un autre témoin faisant état « d’au moins 50 coups de feu ».
Selon le témoignage d’une jeune femme, le quartier a été aussitôt bouclé. Les clients des restaurants et des bars du quartier se trouvaient toujours confinés à l’intérieur en milieu de nuit. « Tout à coup, les serveurs ont éteint la lumière et demandé aux gens de s’éloigner des fenêtres », a-t-elle confié.
Le chancelier, Sebastian Kurz, a vivement condamné ces attentats. « Nous ne nous laisserons jamais intimider par le terrorisme et nous combattrons ces attaques avec tous nos moyens », a-t-il affirmé, disant ses pensées pour « les victimes, les blessés et leurs proches ».
Acte lâche
L’Union européenne a elle aussi dénoncé « avec force » cette « horrible attaque », selon les mots du président du Conseil européen, Charles Michel, évoquant « un acte lâche » qui « viole la vie et nos valeurs humaines ». Pour sa part, la présidente de la Commission européenne a écrit, également sur Twitter : « L’Europe est totalement solidaire de l’Autriche. Nous sommes plus forts que la haine et la terreur. »
« Nos ennemis doivent savoir à qui ils ont affaire. Nous ne céderons rien », a réagi de son côté le président français, Emmanuel Macron.
L’Allemagne a aussi fait part de sa solidarité. « Nous ne devons pas céder à la haine qui cherche à diviser nos sociétés », a affirmé son ministère des Affaires étrangères. Cette nouvelle attaque, dans une ville où la criminalité est habituellement très faible, intervient dans un climat très tendu en Europe.
En France, trois personnes ont été tuées jeudi dans une attaque au couteau à la basilique Notre-Dame-del’Assomption de Nice (sud-est) par un jeune Tunisien fraîchement arrivé en Europe. Le plan de sécurité « vigipirate » a été porté au niveau « urgence attentat » sur l’ensemble du territoire.
Quelques jours auparavant, la décapitation de Samuel Paty, professeur d’histoire qui avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves dans un cours sur la liberté d’expression, avait choqué au-delà de la France et plongé le monde enseignant dans l’effroi et la sidération.