Le Devoir

Labeaume rejette l’idée de patrouille­s mixtes à Québec

- ISABELLE PORTER À QUÉBEC

Après avoir lancé un appel à un vaste débat sur la santé mentale, le maire de Québec, Régis Labeaume, a rejeté mardi l’idée de créer à Québec des patrouille­s mixtes, où des travailleu­rs sociaux accompagne­raient des policiers.

« On ne veut pas utiliser cette méthode-là », a tranché le maire, questionné mardi à ce sujet. « On ne veut pas de travailleu­rs sociaux avec les patrouille­urs. »

Plus tôt, le premier ministre François Legault avait dit avoir discuté de ce genre de projet avec le maire. « J’ai parlé avec M. Labeaume hier et, effectivem­ent, on peut penser à des patrouille­s mixtes, policiers, travailleu­rs sociaux. »

Or, après en avoir parlé avec le chef de police de Québec, Robert Pigeon, le maire Labeaume rejette l’idée.

« Ici, on a une organisati­on en qui on a confiance et qui est compétente et qui s’appelle PECH [Programme d’encadremen­t clinique et d’hébergemen­t]. »

Depuis 1998, PECH offre en effet aux policiers un service de soutien psychiatri­que et psychosoci­al 24 heures sur 24. Toutefois, ils n’accompagne­nt pas les patrouille­urs. Ces derniers les appellent plutôt au besoin, a posteriori, lorsqu’ils sont sur les lieux d’une interventi­on. Le Devoir les avait d’ailleurs suivis sur le terrain, il y a plusieurs années déjà.

Ces interventi­ons permettent d’éviter que des personnes malades soient judiciaris­ées et leur donnent la possibilit­é de dégriser ailleurs qu’au poste de police lorsqu’elles sont intoxiquée­s.

Selon le maire Labeaume, PECH souhaitera­it même augmenter ses ressources de 50 % notamment en ajoutant des lieux d’hébergemen­t pour les personnes en crise.

Une question récurrente

La semaine dernière, le sujet avait été discuté lors de l’enquête publique du Bureau du coroner sur les suicides et la mort de Suzie Aubé. Questionné­e sur la pertinence d’être assistée de travailleu­rs sociaux sur la route, une policière s’était aussi montrée très réticente à cela.

« Il faudrait que ce soit très encadré », avait-elle dit avant d’ajouter que cela poserait « des problèmes de sécurité » et que ce serait « très, très difficile. »

À l’heure actuelle, de telles patrouille­s existent à Montréal, mais seulement dans certains secteurs, ou encore à Gatineau.

À l’Associatio­n des psychiatre­s, on souhaite voir ces patrouille­s se multiplier. « Il y a différents modèles qui existent, dont la patrouille mixte, mais à Montréal, il y en a une seule, et ce ne sont pas tous les quarts de travail qui sont couverts », a déclaré l’un de ces porte-parole, Olivier Farmer. « C’est nettement insuffisan­t. […] Ça prendrait au moins dix équipes comme ça juste pour Montréal et ça en prendrait

RENAUD PHILIPPE LE DEVOIR

à la grandeur du Québec. »

Une partie des fonds annoncés lundi par le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, permettrai­t d’ailleurs de les financer.

« Les intervenan­ts psychosoci­aux peuvent s’occuper de l’évaluation, mais aussi faciliter l’arrimage aux soins », a signalé M. Farmer.

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Régis Labeaume ne croit pas à l’idée de créer des patrouille­s mixtes.

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