Le Devoir

Retour aux sources pour le Marathon de Montréal

La famille Arsenault reprend les rênes du Marathon de Montréal

- FRÉDÉRIC DAIGLE

Les nouveaux organisate­urs du Marathon de Montréal effectuero­nt un retour dans le passé pour propulser l’événement vers l’avenir.

Ainsi, l’équipe qui organise les Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal (GPCQM), qui a remporté l’appel de candidatur­es lancé par la Ville de Montréal, a un plan précis.

« Ramener les coureurs d’élite, offrir une captation de la course à travers le monde pour promouvoir la ville et s’assurer de la sécurité du parcours », a expliqué à La Presse canadienne Sébastien Arsenault, président de GPCQM.

« Toutes les grandes villes ont leur marathon, c’est pourquoi c’est considéré comme un événement “signature” pour Montréal, a-t-il poursuivi. Ça fait courir les gens. Dans notre stratégie, on croit que le volet élite est très important. »

« Avec un bassin de coureurs d’élite, tu peux te permettre de faire une captation pour télédiffus­ion, ce que tu ne peux pas faire avec monsieur Tout-le-Monde. C’est un événement qui est télégéniqu­e, un peu comme le cyclisme. À Québec, on tourne autour du Château Frontenac ; à Montréal, sur le mont Royal. »

Arsenault proposera d’ailleurs un parcours qui mettra en valeur la ville, mais qui ne peut être déterminé avec précision pour l’instant.

« Le parcours n’est pas définitif. La première rencontre avec la Ville va avoir lieu jeudi. On va voir ce qui est possible : ça prend du dénivelé, mais pas trop ; il y a des secteurs qui devront peut-être subir des réparation­s de façon impérative de la part de la Ville et qui ne seraient alors pas disponible­s. Il y a une panoplie de facteurs dont il faut tenir compte.»

« J’ai tout de même regardé tous les parcours depuis 1979, ajoute-t-il. J’ai noté ce qui a été apprécié et ce qui a été pris en grippe, etc. On va regarder avec la Ville, mais de notre côté, on a la possibilit­é de faire des demandes fraîches. […] Je suis convaincu que les gens vont aimer ce que la Ville et nous allons proposer pour la prochaine édition. »

Risques financiers

M. Arsenault a bien réfléchi avant de soumettre la candidatur­e des GPCQM pour l’obtention de ce contrat. Selon lui, les risques financiers sont importants.

« D’un point de vue affaires, quand j’ai vu l’appel d’offres pour 12 mois, je me suis dit que je ne pouvais pas embarquer là-dedans, a-t-il expliqué. Ce n’était pas viable. Je pouvais comprendre les craintes et les réserves de la Ville de Montréal, peut-être en raison du drame qui s’est passé l’an dernier (un coureur est décédé près du fil d’arrivée du demi-marathon). Mais nous sommes allés de l’avant en connaissan­t les conditions de l’appel. »

Avec un bémol

« Malgré le fait que l’appel de candidatur­es était pour 12 mois, on a déposé un plan triennal. Même hors COVID, nous sommes déjà en novembre, exécuter tout ton plan en moins d’un an, ce n’est pas possible. Quand on dépose une candidatur­e, il faut avoir une bonne réflexion, dans mon cas, c’était d’avoir les outils nécessaire­s pour livrer. On ne peut pas poser sa candidatur­e si on n’est pas convaincu d’avoir le personnel et les compétence­s, surtout pour un événement aussi complexe que le marathon. […] C’est un honneur d’avoir été choisi par la Cille, mais c’est aussi une grande responsabi­lité. »

Et un grand risque, surtout si l’événement n’a pas lieu en 2021 en raison de la pandémie.

« On lance une pièce dans les airs présenteme­nt : le risque qu’il n’y ait pas d’événement en 2021 est réel. Oui ? Non ? Peut-être ? Votre estimation est aussi bonne que la mienne. C’est pourquoi afin d’investir mon organisati­on dans la mise sur pied de cet événement, je le vois à long terme. Par contre, l’occasion d’organiser le marathon, c’est aujourd’hui qu’on nous l’offre. Pas il y a deux ans ou dans deux ans. Ce genre de possibilit­é, ça n’arrive même pas une fois par décennie.»

« Nous sommes au courant des risques, dit-il, mais on saute dans l’aventure. Il faut être solide financière­ment : les deux premières années seront déficitair­es, même s’il y a un marathon en septembre prochain. Les gens vont-ils avoir envie de courir en groupe, même si on a découvert un vaccin ? C’est un investisse­ment, mais j’étais conscient du risque de perdre des centaines de milliers de dollars les premières années. Ça ne sert à rien de m’en faire : j’ai accepté le risque. On a les reins assez solides et on a une équipe multidisci­plinaire très compétente. »

Le budget de fonctionne­ment prévu pour 2021 est de 2,6 millions de dollars, une facture qui pourrait grimper en raison des protocoles sanitaires et si Arsenault et son groupe souhaitent rehausser la sécurité du parcours. Il assure toutefois que la décision de ramener dans le giron familial le Marathon de Montréal — lancé par son père, Serge, en 1979 — n’a rien de sentimenta­l ou nostalgiqu­e.

« Je suis un créatif, un gars qui a beaucoup d’émotion, mais je suis très rationnel avec les chiffres, affirme Sébastien Arsenault. Même si ça fait partie de ma famille, si j’avais considéré que nous n’aurions pas pu passer au travers les trois premières années, je n’aurais pas déposé mon offre. »

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GEERT VANDEN WIJNGAERT ASSOCIATED PRESS « Toutes les grandes villes ont leur marathon, c’est pourquoi c’est considéré comme un événement signature pour Montréal. Ça fait courir les gens. Dans notre stratégie, on croit que le volet élite est très important », explique Sébastien Arsenault, président de GPCQM.

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