Le Devoir

Les nouvelles restrictio­ns de plus en plus contestées

- MARION PAYET

Frappés de plein fouet par la deuxième vague de l’épidémie de coronaviru­s qui a déjà provoqué plus de 1,2 million de décès dans le monde, plusieurs pays européens imposent de nouvelles mesures malgré une contestati­on qui va croissant. L’épidémie n’épargne pas même le directeur général de l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesu­s, qui a annoncé dimanche soir s’être placé en quarantain­e après avoir été en contact avec une personne déclarée positive à un test pour la COVID-19. L’OMS a précisé lundi qu’il n’avait pas de symptômes et ne serait pas testé à ce stade.

À ce jour, au moins 1 200 042 morts, pour 46 452 818 cas, ont été déclarés dans le monde, selon un comptage réalisé par l’AFP à partir de sources officielle­s lundi matin.

Si près d’un décès sur cinq a eu lieu aux États-Unis, pays le plus endeuillé au monde avec 230 996 morts pour 9 207 364 contaminat­ions, l’Europe est la région où la pandémie progresse le plus vite actuelleme­nt.

Le nombre de décès liés à la COVID19 en 24 heures a ainsi dépassé pour la première fois la barre des 400 en France, à 418, portant le total à plus de 37 435 décès dans ce pays depuis le début de l’épidémie. Cette progressio­n est invoquée par les gouverneme­nts européens pour imposer de nouvelles mesures, au risque d’aggraver les tensions.

Le chef du gouverneme­nt italien, Giuseppe Conte, devait ainsi dévoiler lundi soir les détails d’un couvre-feu nocturne national et de restrictio­ns de voyages. « Restons unis dans ce moment dramatique », a-t-il dit. « La priorité est la défense de la santé. » Un pari risqué après les affronteme­nts qui ont opposé samedi à Rome la police à des manifestan­ts en colère.

En Allemagne, la chancelièr­e, Angela Merkel, a averti que les fêtes de fin d’année, notamment Noël, seraient réduites à des réunions familiales limitées. « Ce sera un Noël dans les conditions imposées par le coronaviru­s », a averti la dirigeante, prévenant qu’il n’y aurait « pas de fêtes de la Saint-Sylvestre d’ampleur ». L’Allemagne « affronte des mois difficiles », a observé la chancelièr­e, assimilant la pandémie à « un événement qui n’intervient qu’une fois par siècle ». Les restaurant­s, bars, cafés, mais aussi toutes les institutio­ns culturelle­s et sportives ont dû fermer leurs portes lundi pour les quatre prochaines semaines, ce qui a suscité un certain mécontente­ment dans la population.

Andreas Tuffentsam­mer, patron du restaurant Beets & Roots à Berlin, estime que « cela ne peut pas continuer indéfinime­nt » alors que beaucoup d’établissem­ents sont déjà « en hibernatio­n ».

La Belgique, pays au monde où le coronaviru­s circule le plus, est elle aussi entrée lundi dans un deuxième confinemen­t de six semaines, moins contraigna­nt cependant que celui du printemps. Sur la place Flagey à Bruxelles, habituelle­ment animée, seuls une poignée de badauds et quelques sans-abri étaient installés sur les bancs publics. Le télétravai­l est obligatoir­e partout où il est possible et les magasins non essentiels sont fermés. Cependant, fleuristes et libraires ont été autorisés à ouvrir.

« On est soulagés », a confié à l’AFP François Bukac, gérant du fleuriste L’Îlot fleuri, sur la place Jourdan, dans le quartier européen. Mais « le climat ambiant n’est pas propice à vendre quoi que ce soit », a-t-il déploré, constatant une chute d’activité allant jusqu’à 40 %. Le porte-parole interfédér­al de la lutte contre le coronaviru­s a cependant constaté lundi que les infections et les hospitalis­ations « augmentent encore, mais moins rapidement ».

Ce sera un Noël dans les conditions imposées par le coronaviru­s. Il n’y aura pas de fêtes de la SaintSylve­stre d’ampleur.

ANGELA MERKEL »

Tests obligatoir­es

En France, le Conseil scientifiq­ue qui guide le gouverneme­nt a estimé que la deuxième vague de l’épidémie de COVID-19 que l’Europe combat actuelleme­nt n’est sans doute pas la dernière, et que l’on peut craindre « plusieurs vagues successive­s durant la fin de l’hiver ». Quelque 46 290 nouveaux cas ont été enregistré­s dimanche en France, soit environ 10 000 de plus que la veille, alors que le pays est entré en confinemen­t vendredi.

Celui-ci reste cependant moins strict que celui du printemps, et 12 millions d’élèves ont effectué lundi leur rentrée après les vacances de la Toussaint. Les établissem­ents sont soumis à un protocole sanitaire renforcé, qui impose notamment le port du masque dès l’âge de six ans. Le gouverneme­nt français a par ailleurs annoncé que des tests de dépistage de la COVID-19 « obligatoir­es » et rapides seraient déployés dans les aéroports à partir du 7 novembre pour les passagers arrivant de l’étranger hors Union européenne.

1 % des Slovaques

Au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe avec près de 47 000 morts, le premier ministre, Boris Johnson, a annoncé un reconfinem­ent du pays de jeudi jusqu’au 2 décembre. Il s’est défendu d’avoir tardé à prendre cette mesure, ce dont l’accuse l’opposition travaillis­te. « Je pense qu’il était juste d’essayer toutes les options possibles pour tenter de contrôler ce virus à un niveau local », a-t-il plaidé devant la Chambre des communes. Ce reconfinem­ent est « vraiment dévastateu­r » pour l’économie britanniqu­e, déjà à genoux en raison de la pandémie et du Brexit, a de son côté averti l’organisati­on patronale CBI. Lundi, le journal The Sun a révélé que le prince William, deuxième dans l’ordre de succession à la couronne britanniqu­e, avait été infecté par le nouveau coronaviru­s en avril et avait connu des difficulté­s respiratoi­res.

Quant à la Slovaquie, elle a annoncé lundi que les tests antigéniqu­es passés ce week-end par les deux tiers de sa population n’avaient révélé que 1 % de cas positifs au coronaviru­s — un résultat à tempérer, ces tests rapides étant moins fiables que les PCR habituelle­ment pratiqués.

Rare bonne nouvelle, le site inca du Machu Picchu, au Pérou, a rouvert dimanche, pour un nombre de visiteurs limité à 675 par jour.

 ?? THOMAS KIENZLE AGENCE FRANCE-PRESSE ?? En Allemagne, les restaurant­s, bars, cafés et toutes les institutio­ns culturelle­s et sportives ont dû fermer leurs portes lundi pour les quatre prochaines semaines, ce qui a suscité un certain mécontente­ment dans la population.
THOMAS KIENZLE AGENCE FRANCE-PRESSE En Allemagne, les restaurant­s, bars, cafés et toutes les institutio­ns culturelle­s et sportives ont dû fermer leurs portes lundi pour les quatre prochaines semaines, ce qui a suscité un certain mécontente­ment dans la population.

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