Le Devoir

Donald Trump résiste

Le président républicai­n sortant fait mentir les sondages et mène une lutte féroce contre le démocrate Joe Biden

- MARIE VASTEL

Les sondeurs et les experts avaient prédit une longue soirée électorale pour cette présidenti­elle américaine. Cette fois-ci, leurs pronostics se sont avérés, à tout le moins quant au rythme auquel les résultats ont été confirmés. Car c’est une bataille serrée que se livraient Donald Trump et Joe Biden dans la lutte pour la Maison-Blanche. Le président récoltait cela dit des résultats un peu plus encouragea­nts qu’anticipé, en milieu de soirée.

Le flamboyant milliardai­re devenu politicien il y a quatre ans avait essayé de se montrer optimiste jusqu’au bout. En visitant le quartier général de sa campagne, mardi matin, Donald Trump se disait encore convaincu de passer « une très bonne soirée ».

Au moment où ces lignes étaient écrites, il était encore trop tôt pour prédire qui, du président ou de son rival démocrate Joe Biden, allait l’emporter.

Mais Donald Trump affichait des résultats encouragea­nts en Floride. L’État rassemblan­t 29 grands électeurs penchait de plus en plus du côté républicai­n trois heures après la fermeture des bureaux de vote. Dans le comté de Miami-Dade, les électeurs cubains ne s’étaient finalement pas rangés suffisamme­nt dans le camp de Biden, mais plutôt dans celui de Trump.

Idem en Ohio (18 grands électeurs), où Joe Biden avait entamé la soirée bien en avance. Quelques heures plus tard, il y était au coude-à-coude avec Donald Trump avant d’y être dépassé au moment où ces lignes étaient écrites. Les résultats étaient aussi très serrés en Caroline du Nord, où l’on compte 15 grands électeurs. Au Michigan et au Wisconsin, Trump a démarré avec une légère avance dans les premiers résultats.

La vague bleue que certains prédisaien­t pour les démocrates ne s’est pas concrétisé­e. Les courses dans les grands États pivots ont au contraire

La vague bleue ne s’est pas concrétisé­e. Les courses dans les grands États pivots sont au contraire été très serrées.

été très serrées.

Tous les yeux étaient donc rivés vers la Pennsylvan­ie — tel que prédit — et ses 20 grands électeurs, sur les 538 au pays et les 270 nécessaire­s pour remporter la Maison-Blanche. Les premiers résultats électoraux étaient aussi fort attendus en Arizona, où Joe Biden était en revanche en avance.

Mais le haut taux de vote par anticipati­on a compliqué le décompte des bulletins, puisque dans certains États les bulletins par anticipati­on n’avaient même pas commencé à être épluchés lorsque les bureaux de vote ont fermé leurs portes mardi soir. En revanche, dans d’autres États comme en Floride, ce sont les premiers résultats qui ont été annoncés et ceux-ci favorisaie­nt les démocrates, dont les électeurs ont été plus nombreux à voter en avance par la poste en raison de la pandémie. L’écart s’est donc resserré au fil de la soirée dans ces endroits, au fur et à mesure que les votes en personne — davantage républicai­ns — étaient comptabili­sés.

Vote et pandémie

Le taux de participat­ion risque de franchir un nouveau record cette année. Le New York Times prédisait mardi soir qu’il pourrait atteindre 67 %. Il y a quatre ans, ils n’étaient que 55 % des électeurs éligibles à s’être prononcés. Le dernier record date de 1908, lorsque près de 66 % des Américains pouvant voter s’étaient prononcés. En 2008, ils étaient 64 % à avoir voté lors du scrutin opposant le démocrate Barack Obama et le républicai­n John McCain.

Or, avant même que les bureaux de vote ouvrent leurs portes mardi, près de 100 millions d’Américains s’étaient prévalus de leur droit de vote par anticipati­on. Si dans une dizaine d’États ils ont pu être comptabili­sés rapidement, dans la majorité des autres — comme la Pennsylvan­ie — ce n’était pas le cas. Ce qui fait que ces votes pourraient en outre ralentir l’annonce de victoires dans certains États clés aux résultats serrés s’il faut des jours pour les compter.

Le président Trump avait d’ailleurs annoncé, ces derniers jours, qu’il pourrait contester ces votes épluchés après le jour du vote. Le président a prévenu cette fin de semaine qu’il passerait la soirée de mardi accompagné de ses avocats, prêts à contester de tels votes par anticipati­on additionné­s après la soirée électorale. Il avait en outre allégué — à tort — que certains de ces décomptes dans les jours suivant l’élection pourraient mener à de la « tricherie ».

Le président n’avait pas encore réagi, au moment où ces lignes étaient écrites mardi soir. Pas même sur sa plateforme préférée Twitter. Donald Trump a cependant argué dans un gazouillis en début de soirée : « Cela augure très bien partout au pays. Merci ! »

Un référendum qui ne s’est pas avéré

Le candidat démocrate Joe Biden avait misé sur une stratégie faisant de cette campagne électorale un référendum sur Donald Trump. En pleine pandémie de COVID-19, et alors que le nombre de cas que télés continuait d’atteindre de nouveaux records dans les derniers jours, il critiquait tous les jours, plusieurs fois par jour la réponse du président à la crise sanitaire.

Avant même que les bureaux de vote ouvrent leurs portes mardi, près de 100 millions d’Américains s’étaient prévalus de leur droit de vote par anticipati­on

Mais les rallyes de Donald Trump — qui ont été qualifiés de « super-propagateu­rs » de la COVID-19 par ses opposants — attiraient néanmoins des milliers de partisans. La base républicai­ne et les partisans de Donald Trump étaient mobilisés.

En début de soirée, un stratège républicai­n a d’ailleurs fait valoir lors d’un appel conférence avec les médias que la stratégie du parti pour inciter les électeurs à voter était bien meilleure que celle des démocrates, pourtant prédits gagnants par presque tous les sondages nationaux. Joe Biden avait en effet systématiq­uement été déclaré le meneur dans les coups de sondes et il conservait encore une marge de 8 à 9 points en fin de campagne.

« Nous croyons qu’il s’agit d’une course serrée. Nous croyons que chaque vote va compter. Cela va se solder par le taux de participat­ion. Et nous estimons que nous sommes mieux positionné­s pour gagner ce genre de campagne », arguait ce stratège de l’équipe Trump mardi.

La Maison-Blanche barricadée

Le président Trump a suivi la soirée électorale depuis la Maison-Blanche, accompagné de 250 invités. La police a donc bouclé un large périmètre tout autour, appréhenda­nt des manifestat­ions qui pourraient s’avérer mouvementé­es. Les commerces du centrevill­e avaient d’ailleurs placardé leurs vitrines, craignant eux aussi des débordemen­ts comme ceux vécus cet été lors des manifestat­ions en marge du mouvement Black Lives Matter.

Déjà en après-midi mardi, quelques manifestan­ts étaient réunis devant la Maison-Blanche des heures avant que les bureaux de vote ferment leurs portes et se mettent à comptabili­ser leurs premiers résultats. En milieu de soirée, ils étaient déjà bien plus nombreux à s’y rassembler alors que la soirée s’annonçait encore longue avant de savoir qui, de Donald Trump ou Joe Biden, serait le prochain président des États-Unis.

Ce reportage a été financé grâce au soutien du Fonds de journalism­e internatio­nal Transat — Le Devoir.

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MICHAEL REYOLDS / EPA
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ALEX BRANDON ASSOCIATED PRESS Le président Trump à Arlington, mardi

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