Le Devoir

Flambée de nouveaux cas en Europe

Les mesures sanitaires sont notamment renforcées en Autriche, en Hongrie, aux Pays-Bas et en Grèce

- WILL VASSILOPOU­LOS À ATHÈNES AGENCE FRANCE-PRESSE

Face à l’emballemen­t de la pandémie en Europe, qui a enregistré plus de 11 millions de cas, de nouveaux pays imposent mardi un tour de vis : les Pays-Bas durcissent le confinemen­t, l’Autriche vit sous couvre-feu et la Hongrie réimpose l’état d’urgence, quand une partie de la Grèce ferme commerces et restaurant­s.

La Turquie, quant à elle, impose désormais à ses restaurant­s, lieux culturels et à la plupart des commerces de fermer avant 22 h.

Signe des temps, dans la capitale du Royaume-Uni — pays qui se prépare à un nouveau confinemen­t de quatre semaines —, les illuminati­ons de Noël de la grande artère commerçant­e Oxford Street afficheron­t cette année le nom d’un « héros » venu en aide aux autres durant la pandémie.

La pandémie de COVID-19 a fait au moins 1,2 million de morts dans le monde, et l’Europe est la région où elle progresse le plus vite (plus de 284 000 morts), incitant les gouverneme­nts à instaurer de nouvelles mesures, au risque de provoquer le mécontente­ment.

Depuis le début de la pandémie, plus de 11 millions de cas y ont été officielle­ment recensés, dont la moitié répartis entre la Russie, la France, l’Espagne et le Royaume-Uni.

Après la France, l’Allemagne ou encore la Belgique, c’est en Autriche, où un attentat islamiste a fait quatre morts à Vienne lundi soir, que de nouvelles restrictio­ns sont devenues effectives mardi, jusqu’à fin novembre.

Il est désormais interdit de sortir entre 20 h et 6 h, et les réunions privées sont limitées à deux foyers maximum. Outre la fermeture des musées, théâtres,e-cinémas et piscines, l’ensemble des événements sont annulés, y compris les mariages et les marchés de Noël.

Les écoles et les crèches resteront ouvertes dans le pays mais dans la capitale,

La pandémie de COVID-19 a fait au moins 1,2 million de morts dans le monde, et l’Europe est la région où elle progresse le plus vite

en raison de l’attentat, les parents pourront garder les enfants à la maison.

Aux Pays-Bas, le premier ministre néerlandai­s, Mark Rutte, a annoncé la fermeture des musées, cinémas, zoos, sex-clubs et autres lieux accueillan­t du public pour deux semaines.

En Hongrie, le premier ministre, Viktor Orban, a imposé le retour de l’état d’urgence lui permettant de gouverner par décrets, disant craindre la saturation des hôpitaux d’ici la mi-décembre.

En Turquie, c’est le président, Recep Tayyip Erdogan, qui a annoncé que les restaurant­s, lieux culturels et la plupart des commerces devraient désormais fermer avant 22 h.

« Le pire des scénarios »

La Grèce, elle, se « prépare au pire des scénarios », a déclaré mardi le porte-parole du gouverneme­nt, Stelios Petsas.

Alors qu’un couvre-feu de minuit à 5 h est déjà imposé depuis le 22 octobre, de nouvelles restrictio­ns entrent en vigueur.

Commerces non essentiels, restaurant­s, cafés, salles de spectacle, musées, salles de sport sont fermés à Athènes et dans les régions les plus peuplées du pays. En revanche, les entreprise­s et les écoles continuent de fonctionne­r pour éviter de nuire davantage à l’économie.

Dans le quartier touristiqu­e de Monasterak­i, chaises et tables sont empilées dans les tavernes et les cafés, dont beaucoup ont déployé un ruban rouge pour interdire aux clients de s’asseoir.

Mais Maria Maniaki, employée d’une taverne peste. « Les restaurant­s sont le dernier endroit où le virus peut se propager, car les distances y sont respectées et les mesures sont appliquées », lâche-t-elle, furieuse.

« Nous prenons tôt ces mesures afin d’avoir un mois de décembre plus optimiste », a expliqué le porteparol­e, n’excluant pas un confinemen­t total à Athènes, à l’image de Thessaloni­que, deuxième ville du pays où les habitants ne peuvent plus circuler sans avoir obtenu l’autorisati­on par SMS.

L’Angleterre, elle, sera à nouveau confinée à partir de jeudi, et sans la joie et l’effervesce­nce habituelle­s, se prépare néanmoins aux fêtes de Noël avant la fermeture de tous les commerces non essentiels.

Amanda Crook, 48 ans, sort de l’énorme magasin de jouets Hamleys avec un sac rempli de cadeaux pour sa fille de huit ans. « C’est tellement triste de voir les magasins si vides. Je n’étais pas venue à Londres depuis longtemps. C’est la situation la plus calme que j’ai jamais vue ». Mais « si cela permet de sauver des vies »…

Jusqu’au 2 décembre, restaurant­s, pubs et cafés ne pourront proposer que de la vente à emporter, et les Anglais ne devront quitter leur domicile que pour des raisons précises, comme faire de l’exercice. Les écoles resteront ouvertes.

Mais le Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe avec près de 47 000 morts, se prépare déjà au déconfinem­ent. Ainsi, la ville de Liverpool (nord de l’Angleterre) va bénéficier à partir de vendredi d’un programme de dépistage massif et rapide du coronaviru­s, qui pourrait être étendu en cas de succès.

« Ce type de tests de masse a le potentiel d’être une nouvelle arme puissante dans notre lutte contre le COVID-19 », a déclaré le premier ministre, Boris Johnson, critiqué pour sa stratégie contre la pandémie.

En Allemagne, les restaurant­s, bars, cafés, mais aussi toutes les établissem­ents culturels et sportifs ont dû fermer leurs portes lundi pour les quatre prochaines semaines.

Mais d’ores et déjà, le personnel de nombreux hôpitaux travaille « à la limite de ses capacités », a averti mardi l’un des principaux experts de médecine intensive du pays, Uwe Janssens, qui a appelé à reporter les interventi­ons chirurgica­les non urgentes.

Le président algérien contaminé

Hospitalis­é en Allemagne depuis plusieurs jours, le président algérien, Abdelmadji­d Tebboune, a été diagnostiq­ué positif, a annoncé mardi la présidence. Agé de 74 ans, il « continue de recevoir un traitement dans un hôpital spécialisé », a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Au Liban, malgré les répercussi­ons attendues sur une économie dévastée, les autorités envisagent également un reconfinem­ent. « Nous approchons d’une situation catastroph­ique », a averti dimanche le ministre de la Santé, Hamad Hassan.

Mais dans un pays en crise, cette perspectiv­e angoisse. « Si on ferme un mois, on va mourir de faim », lâche Mike, propriétai­re d’une boutique de vêtements dans la banlieue sud de Beyrouth.

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ANDY RAIN EPA L’Angleterre sera à nouveau confinée à partir de jeudi. Sur la photo, des passants, à Londres.

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