Le Devoir

La belle manie

Zoom sur les morceaux de choix offerts par le festival, qui démarre en ligne mercredi

- FRANÇOIS LÉVESQUE

C’est mercredi qu’est lancé, en ligne tel qu’annoncé il y a plusieurs mois déjà, le festival Cinemania. En effet, dès mai dernier, le directeur général Guilhem Caillard et son équipe étaient à pied d’oeuvre pour élaborer un cru numérique, à l’instar de maints autres événements cinématogr­aphiques compromis par la pandémie sévissant de par le monde. Un labeur qui a porté ses fruits, car au vu de la copieuse programmat­ion concoctée par Cinemania, les cinéphiles auront largement de quoi se sustenter. Campé dans une prison surpeuplée d’Abidjan, La nuit des rois, de Philippe Lacôte, ouvre le bal.

Entièremen­t dévolu à la célébratio­n du cinéma d’expression francophon­e, Cinemania a particuliè­rement « le tour », en cela qu’année après année, on a droit à un mélange parfait de découverte­s et de gros noms. L’année 2020 ne fait pas exception.

Deux films estampillé­s du sceau cannois constituen­t un bon exemple de cet équilibre entre surprises et valeurs sûres. Débuts en tant que réalisatri­ce de Suzanne Lindon, Seize printemps, dont elle tient la vedette, brosse l’idylle entre une jeune fille et un acteur plus âgé (Arnaud Valois) à Paris. Dix-neuvième long-métrage de François Ozon, Été 85, conte, lui, un premier amour entre deux garçons, de 16 ans également (Félix Lefebvre, Benjamin Voisin), sur fond cette fois normand — après la formidable chronique Grâce à Dieu, sur un scandale de pédophilie dans l’Église en France, Ozon renoue avec des thèmes et une manière plus intimes, plus proches de ses débuts.

L’amour unit aussi les héroïnes, mûres celles-là, de Deux, de Filippo Maneghetti, ou les épreuves traversées par deux voisines sexagénair­es qui forment en réalité un couple depuis des années à l’insu de leurs familles respective­s. Avec les grandes Martine Chevallier et Barbara Sukowa.

D’ailleurs, le thème des relations familiales compliquée­s est récurrent dans la programmat­ion. On n’a qu’à songer à la comédie dramatique Garçon chiffon, de Nicolas Maury, dans laquelle le cinéaste interprète Jérémie, un acteur névrosé qui rentre au bercail afin de se réconcilie­r avec sa mère (Nathalie Baye). Ou encore à Felicità, de Bruno Merle, sur le ras-le-bol d’une adolescent­e (Rita Merle) face au nomadisme bohème de ses parents (Camille Rutherford, Pio Marmaï).

Un peu de glamour

Côté stars, on a droit à un doublé de la part d’Omar Sy. Dans la comédie fantaisist­e Le prince oublié, de Michel Hazanavici­us (OSS 117, The Artist), l’acteur joue un père confronté à l’inéluctabl­e éloignemen­t de sa petite fille qui a grandi, épreuve qui se transpose dans le monde imaginaire des contes qu’il inventait autrefois pour elle. À l’inverse, le thriller à saveur sociale Police, d’Anne Fontaine (Nettoyage à sec, Les innocentes), voit Sy incarner un policier chargé de reconduire un réfugié à la frontière avec deux collègues. Un cas de conscience s’ensuit.

Sans oublier évidemment Isabelle Huppert, figure de proue de la comédie policière La Daronne, de JeanPaul Salomé, où l’immense actrice se glisse dans la peau d’une interprète judiciaire qui devient narcotrafi­quante un peu malgré elle.

Non plus qu’on voudra rater le retour d’Emmanuelle Béart dans L’étreinte, de Ludovic Bergery. Après huit ans d’absence, la vedette de Manon des sources et Nelly et monsieur Arnaud revient au cinéma en femme qui, suivant le deuil de son conjoint, part en quête d’elle-même, plongeant dans un retour aux études, puis dans de possibles nouvelles amours.

Vues d’ici

Dans les titres québécois, on attend en primeur Vacarme, de Neegan Trudel, avec Sophie Desmarais (Sarah préfère la course) et Kelly Depeault (La déesse des mouches à feu). L’action se déroule dans un foyer accueillan­t plusieurs adolescent­es prises en charge par le Direction de la protection de la jeunesse. Sujet brûlant.

À signaler : le documentai­re Je m’appelle humain, de Kim O’Bomsawin, avec la poète innue Joséphine Bacon en figure de proue.

Il convient en outre de souligner que des hommages seront rendus à Louis Bélanger, invité d’honneur de Cinemania. Pour l’occasion, le festival présentera toute l’oeuvre, du court au long en documentai­re comme en fiction, du réalisateu­r de Post Mortem, Gas Bar Blues et Les mauvaises herbes, qui, au surplus, se prêtera à l’exercice de la leçon de cinéma (en ligne dès le 8 octobre).

Rosalie Pépin et Kelly Dépeault dans le film Vacarme, de Neegan Trudel, qui sera présenté en primeur au festival Cinemania AXIA FILMS

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