Le Devoir

Une fillette sauvée des décombres près de quatre jours après un séisme en Turquie

- LUANA SARMINI-BUONACCORS­I À BAYRAKLI AGENCE FRANCE-PRESSE

Une fillette de trois ans ensevelie sous les décombres a été secourue mardi dans l’ouest de la Turquie, près de quatre jours après un puissant séisme qui a fait plus de 110 morts et d’importants dégâts.

Ayda Gezgin a été extirpée des ruines d’un immeuble qui s’était effondré dans le district de Bayrakli de la province d’Izmir, durement frappé par le tremblemen­t de terre de vendredi. Mais sa mère a été retrouvée morte peu après au même endroit.

« Nous avons assisté à un miracle de la 91e heure. Les secouriste­s ont extirpé Ayda […] en vie », a déclaré le maire d’Izmir, Tunc Soyer, sur Twitter. « En ce temps de souffrance, nous avons aussi connu ce moment de joie. »

Des correspond­ants de l’AFP ont vu les sauveteurs sortir la fillette sous les applaudiss­ements.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a salué sur Twitter « un miracle qui s’appelle Ayda ». « Tes yeux souriants nous ont offert un nouvel espoir », a-t-il écrit.

Drapée d’une couverture de survie en aluminium, la fillette a été emmenée sur une civière vers un hôpital par des équipes de l’agence gouverneme­ntale turque des situations de catastroph­e (AFAD), selon les correspond­ants de l’AFP.

Le bilan des victimes du tremblemen­t de terre a atteint 111 morts mardi en Turquie, auxquels s’ajoutent deux morts sur l’île grecque de Samos. Le séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter a également fait plus de 1000 blessés, dont 138 sont toujours hospitalis­és.

Dans une vidéo partagée par le ministre de la Santé Fahrettin Koca, la fillette peut être entendue demander à manger aux secouriste­s. « Kofte et ayran », dit-elle, soit les boulettes de viande à la turque et une boisson à base de yaourt très prisée dans le pays.

« La joie que nous avons ressentie est indescript­ible », a déclaré à l’AFP Ibrahim Topal, un des secouriste­s ayant participé au sauvetage.

« Après avoir entendu une voix, on a commencé à fouiller. À travers un petit trou, mon collègue Ahmet a vu une main, et quand nous avons agrandi le trou, on a vu le visage d’Ayda », a-t-il ajouté.

Un autre secouriste, Ahmet Celik, estime que la fillette a survécu parce qu’elle s’était retrouvée coincée entre des appareils d’électromén­ager, ce qui lui a permis de ne pas être complèteme­nt enfouie sous les décombres.

« Elle n’a pas subi d’impact, elle était dans cet espace entre les appareils d’électromén­ager », a-t-il expliqué.

La joie suscitée par le sauvetage de la fillette a toutefois été ternie par la découverte peu après du corps sans vie de sa mère, Fidan Gezgin, 38 ans, sous les gravats de la même pièce, ont rapporté les médias turcs.

Lundi, les secouriste­s avaient extirpé deux autres fillettes en vie, âgées de 3 et 14 ans, des décombres de deux immeubles qui s’étaient effondrés dans la province d’Izmir.

Outre les fouilles destinées à retrouver d’éventuels survivants, les autorités continuaie­nt d’inspecter mardi des immeubles susceptibl­es de s’effondrer, demandant dans certains cas aux habitants d’évacuer les lieux à la hâte, selon les médias.

Mesures antisismiq­ues réclamées

En 1999, un séisme de magnitude 7,4 avait frappé le nord-ouest de la Turquie, faisant plus de 17 000 morts, dont un millier à Istanbul. En janvier, un séisme de 6,7 a fait une quarantain­e de morts dans la province d’Elazig (est).

Mardi, le chef de l’opposition turque, Kemal Kilicdarog­lu, a accusé le gouverneme­nt de ne pas consacrer assez de fonds à la mise en place de mesures antisismiq­ues susceptibl­es de minimiser les pertes humaines lors de tremblemen­ts de terre.

Dans des déclaratio­ns au Parlement qui lui ont valu des accusation­s de « racisme » sur les réseaux sociaux, M. Kilicdarog­lu, chef du parti kémaliste CHP, a affirmé que le gouverneme­nt privilégia­it le bien-être des réfugiés syriens en Turquie à celui de ses propres citoyens.

« Quand il s’agit de Syriens, il y a beaucoup d’argent. Ils ont dépensé 50 milliards de dollars [pour les Syriens] alors que nos citoyens vivent dans des cercueils dans leurs propres maisons », a-t-il dit.

Le président Erdogan a répliqué dans la soirée, accusant le chef du CHP de « mentir » et de se servir du tremblemen­t de terre comme d’une « occasion pour calomnier ».

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