Le Devoir

Vienne meurtrie par une attaque revendiqué­e par le groupe EI

À l’origine de cette tragédie qui a fait quatre morts, un « soldat du califat »

- DENISE HRUBY ET DAPHNÉ ROUSSEAU

Les enquêteurs autrichien­s tentaient mardi soir de retracer le macabre parcours de l’assaillant de l’attentat de Vienne, revendiqué par l’EI, la première attaque islamiste à toucher le pays amenant le chancelier Kurz à monter au créneau pour exiger une réponse européenne coordonnée face à la menace.

À l’origine de cette attaque qui a fait quatre morts dans le centre de Vienne, un « soldat du califat », selon le message de revendicat­ion envoyé 24 heures après les faits par l’agence de propagande de l’EI.

L’assaillant, originaire de Macédoine du Nord et tué lundi soir par la police, a été identifié comme Kujtim Fejzulai.

Il avait essayé de rejoindre la Syrie et avait été condamné en 2019 à de la prison en Autriche, mais avait été libéré de manière anticipée, a expliqué le ministre de l’Intérieur, Karl Nehammer, devant la presse.

L’homme de vingt ans a donc réussi à « tromper » le programme de déradicali­sation et ceux qui étaient chargés de son suivi, a déploré le ministre.

Il a visiblemen­t agi seul, contrairem­ent aux premières déclaratio­ns des autorités qui avaient lancé une chasse à l’homme pour retrouver des complices. Il n’y a pas de preuve à ce stade de l’existence d’un deuxième assaillant, a souligné M. Nehammer.

Le ministre a par ailleurs annoncé 18 perquisiti­ons et 14 interpella­tions dans la journée. Deux jeunes de 18 et 24 ans ont égalenent été interpellé­s en Suisse, près de Zurich, a annoncé la police locale, qui enquête sur un lien éventuel avec l’auteur.

Réseaux sociaux

Selon la presse locale, les enquêteurs se concentrai­ent sur l’exploitati­on des très nombreuses vidéos tournées par des habitants durant l’attaque, pour tenter de retracer le parcours du tueur.

La police de Vienne demandait explicitem­ent que ces vidéos soient transmises aux autorités plutôt que d’être postées sur les réseaux sociaux.

Face à l’irruption dans le quotidien des Viennois de la menace djihadiste qui avait jusqu’alors épargné le pays, le chancelier autrichien Sebastian Kurz est monté dès mardi soir à l’offensive politique et diplomatiq­ue.

« L’UE doit beaucoup plus se concentrer à l’avenir sur le problème de l’islam politique », une « idéologie » qui représente un « danger » pour le « mode de vie européen », a estimé le chancelier autrichien dans une emtrevue au quotidien allemand Die Welt.

« Je suis déjà en contact avec [le président français] Emmanuel Macron et de nombreux autres chefs de gouverneme­nt sur cette question, afin que nous puissions nous coordonner plus étroitemen­t au sein de l’UE », explique M. Kurz.

Cet attentat, qui intervient dans un climat tendu en Europe et après une série noire d’attaques en France, a

Ce n’est pas Berlin et ce n’est pas Paris, nous sommes peut-être une très grande ville, mais il ne s’y passe jamais rien de vraiment grave

SHARUT GÜNDUZ

suscité un afflux de réactions de solidarité, du président américain à son homologue russe Vladimir Poutine en passant par l’ensemble des dirigeants européens, d’Ursula von der Leyen à Emmanuel Macron ou Angela Merkel.

Trois jours de deuil national

L’attaque s’est déroulée lundi soir en plein coeur de la capitale autrichien­ne, près d’une importante synagogue et de l’Opéra.

L’assaillant a ouvert le feu alors que de nombreux Viennois profitaien­t d’un dernier moment de liberté, en terrase ou au restaurant, avant le confinemen­t. Il était armé d’un fusil d’assaut, d’une machette et d’une ceinture d’explosifs factice.

Sur les lieux de l’attentat, un imposant cordon de sécurité bouclait toujours mardi le périmètre de l’attaque.

De premiers hommages, limités par le confinemen­t, commençaie­nt à s’organiser, notamment à la cathédrale de Vienne, où a été organisée une messe du souvenir.

« Ce n’est pas Berlin et ce n’est pas Paris, nous sommes peut-être une très grande ville, mais il ne s’y passe jamais rien de vraiment grave », explique à l’AFP Sharut Günduz, réceptionn­iste dans un hôtel situé aux abords du périmètre de sécurité.

L’Autriche, sous le choc, a décrété trois jours de deuil national. À travers le pays, les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments publics et une minute de silence observée à midi, tandis que les cloches des églises ont sonné.

Parmi les quatre victimes, figurent un homme et une femme âgés, un jeune passant et une serveuse, a précisé le chancelier Kurz. L’une de ces victimes est allemande, a annoncé Berlin.

Vingt-trois personnes restaient hospitalis­ées mardi, dont sept dans un état critique, selon l’associatio­n hospitaliè­re de Vienne.

Des policiers et des soldats ont été mobilisés pour protéger les bâtiments importants de la capitale, et les enfants ont été dispensés d’école mardi.

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ROLAND SCHLAGER AGENCE FRANCE-PRESSE Des policiers et des soldats ont été mobilisés pour protéger les bâtiments importants de la capitale, et les enfants ont été dispensés d’école mardi.

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