Le Devoir

Macron appelle les Européens à « combattre ensemble » le terrorisme

Selon le président français, l’attaque en Autriche démontre encore une fois que nul pays n’est à l’abri

- LAURENCE BENHAMOU ET JÉRÔME RIVET À PARIS AGENCE FRANCE-PRESSE

Lui-même cible de menaces islamistes, le président français, Emmanuel Macron, a appelé mardi les Européens à « combattre ensemble le terrorisme », car l’attaque en Autriche, après celles en France, démontre selon lui que nul pays n’est à l’abri.

L’attentat ayant fait quatre morts lundi soir à Vienne « dit la volonté de nos ennemis de s’attaquer à ce qu’est l’Europe, cette terre de liberté, de culture, de valeurs, et donc nous ne céderons rien », a déclaré le chef de l’État en se rendant à l’ambassade d’Autriche à Paris pour marquer le « soutien inconditio­nnel de la France ».

« Nous ferons tout, en Européens, pour ensemble combattre ce fléau qu’est le terrorisme », a ajouté le chef de l’État, qui a, depuis lundi soir, envoyé plusieurs tweets en solidarité avec l’Autriche. Cette déclaratio­n fait écho aux propos d’Angela Merkel, qui a évoqué un « combat commun » face à une « attaque contre nos valeurs européenne­s ».

Pour Paris, tous les pays d’Europe sont désormais des cibles potentiell­es. « La menace terroriste est forte […] et touche toute l’Europe occidental­e », prévient le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Le Royaume-Uni a d’ailleurs annoncé dans l’après-midi qu’il avait relevé le niveau d’alerte terroriste à « grave ». Les dirigeants européens font bloc et ont condamné à l’unanimité les attentats de Vienne et de Nice (sud-est de la France) jeudi dernier, ainsi que la décapitati­on d’un enseignant français, Samuel Paty, auquel une minute de silence a rendu hommage également dans les classes en Allemagne.

Avec le confinemen­t, il y a moins de rassemblem­ents, mais il y a toujours des mouvements à surveiller. LAURENT NUNEZ

Contre le séparatism­e islamiste

Emmanuel Macron s’est placé en première ligne en présentant une loi contre le séparatism­e islamiste, en désignant nommément « l’islam radical » comme l’ennemi, en critiquant avec virulence le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et en défendant le droit de caricature­r Mahomet, à l’origine de la décapitati­on de Samuel Paty et de l’attaque au hachoir devant les anciens locaux de Charlie Hebdo fin septembre.

Il a été désigné comme cible par le groupe al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui a appelé lundi ses partisans à tuer toute personne insultant le prophète Mahomet et menacé le président français. La France lutte également contre les groupes djihadiste­s au Sahel, où 50 combattant­s présumés ont été tués par des frappes françaises vendredi au Mali. « La France est le moteur en Europe de la lutte antiterror­iste, car elle pousse tous les grands chantiers réglementa­ires européens sur la sécurité », explique à l’AFP Laurent Nunez, le coordonnat­eur national du renseignem­ent et de la lutte antiterror­iste.

Il cite notamment les règlements sur « la détention d’armes, le financemen­t du terrorisme, le retrait des contenus terroriste­s sur Internet, les informatio­ns sur les passagers des vols, les fichiers Schengen ou encore les échanges d’informatio­ns judiciaire­s avec Europol ».

L’Allemagne, qui préside actuelleme­nt le Conseil de l’Union européenne, a inscrit la lutte contre le terrorisme au menu d’une réunion des ministres de l’Intérieur des 27 le 13 novembre, en particulie­r sur le retrait des contenus terroriste­s en ligne et les échanges d’informatio­ns sur des personnes fichées.

Un « Patriot Act » européen ?

Le chef de la diplomatie italienne, Luigi Di Maio, a pour sa part proposé mardi un « Patriot Act » européen, à l’image de la loi antiterror­iste américaine, jugeant que « la sûreté d’un État est la sûreté de tous les autres ».

Parallèlem­ent, des dispositio­ns sont prises pour protéger les cibles potentiell­es, les édifices comme les personnes. « Les personnali­tés publiques françaises sont menacées, le président de la République évidemment est menacé, mais c’est la France qui est menacée dans son ensemble. Dans la propagande du groupe État islamique et d’al-Qaïda, les cibles sont nombreuses : ce sont les écoles, les lieux de culte, les lieux de grand rassemblem­ent, les bars, les restaurant­s, les gares, les aéroports », a détaillé M. Nunez sur CNews.

« Avec le confinemen­t, précise-t-il à l’AFP, il y a moins de rassemblem­ents, mais il y a toujours des mouvements à surveiller et les services restent très mobilisés. »

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