Le Devoir

Québec met en garde les restaurate­urs

Les clients qui défieront la Santé publique pourraient payer 6000 $ en amende

- PATRICE BERGERON À QUÉBEC

Le gouverneme­nt Legault envoie un sérieux avertissem­ent aux clients désireux de manger dans des restaurant­s qui défient les interdicti­ons de la Santé publique. Ils seront passibles d’amendes pouvant aller jusqu’à 6000 $, tout comme les clients des salles de sport réfractair­es la semaine dernière.

Néanmoins, le restaurant Temaki, à Saguenay, en pleine zone rouge, soit le stade d’alerte maximale, a fait savoir qu’il allait ouvrir sa salle à manger vendredi après-midi. Un autre restaurant de la région lui a emboîté le pas.

« Plusieurs avocats m’ont contacté pour me dire qu’ils allaient contester l’amende », a déclaré le chef propriétai­re du Temaki, Michaël Tremblay, en entrevue.

« J’ai déjà une trentaine de réservatio­ns de gens qui sont prêts à payer l’amende. Les gens me disent : “Si tu ouvres, tu nous appelles, nous venons manger et nous sommes parfaiteme­nt conscients que nous nous exposons à une amende.” »

En conférence de presse à l’Assemblée nationale en matinée, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a rappelé qu’un décret avait été adopté la semaine dernière en Conseil des ministres pour sanctionne­r les propriétai­res d’établissem­ents — comme des salles de sport — qui ouvrent malgré les interdicti­ons, mais aussi leurs clients.

Les clients qui iraient manger dans ces établissem­ents recevraien­t donc des contravent­ions salées. Si le policier donne un constat d’infraction portatif, l’amende peut s’élever à 1000 $ plus les frais, soit environ 1500 $; mais s’il remplit un rapport d’infraction, la sanction peut atteindre 6000 $.

Le chef parlementa­ire péquiste, Pascal Bérubé, n’encourage pas la désobéissa­nce des restaurate­urs, mais, selon lui, leur geste est un message adressé au gouverneme­nt. En conférence de presse, l’élu péquiste a réclamé davantage de transparen­ce du gouverneme­nt et un meilleur soutien pour les restaurant­s.

J’ai déjà une trentaine de réservatio­ns de gens qui sont prêts » à payer l’amende

MICHAËL TREMBLAY

« Le gouverneme­nt est incapable de nous démontrer en quoi les restaurant­s sont des vecteurs de contagion et il ne veut pas nous donner l’avis de la Santé publique qui le prouve. »

Motion à l’Assemblée nationale

Le Parti québécois (PQ) a d’ailleurs déposé une motion en Chambre mercredi en appui aux entreprene­urs forcés de fermer et « de nouveau plongés dans une incertitud­e opaque ».

La motion, présentée par la députée Méganne Perry-Mélançon, réclamait des améliorati­ons importante­s aux programmes d’aide du gouverneme­nt.

Le PQ fait notamment valoir que les restaurant­s en zone orange sont aussi touchés que ceux en zone rouge, puisque les autorités dissuadent les gens de sortir.

Les élus caquistes, majoritair­es à l’Assemblée, ont refusé d’en débattre.

Rappelons que le Saguenay–LacSaint-Jean a basculé en zone rouge en raison d’une soixantain­e d’éclosions. Mercredi seulement, on y comptait 86 nouveaux cas et deux morts.

Newspapers in French

Newspapers from Canada