Le concert des premières fois de Mélodie Spear
Lauréate du concours Ma première Place des Arts en 2019, elle monte jeudi sur la scène (virtuelle) du festival Coup de coeur francophone
Rassurante, ravissante Mélodie Spear ! Y’a pas une pandémie ni un déchirant suspense postélectoral, qui viendra à bout de son optimisme ! « Quand même, je me sens choyée, dit-elle. En ce moment, on développe une résilience — une zénitude ! — qu’en temps normal, on n’aurait peut-être pas développée. Pour moi, en arriver à pouvoir donner ce spectacle-là au Coup de coeur francophone, c’est une victoire », et lancer en même temps un premier EP en carrière, une nécessité. « Il fallait que ça sorte ! »
L’année dernière au Coup de coeur francophone, Mélodie Spear montait sur scène à l’affiche du spectacle des lauréats du concours Ma première Place des Arts, qu’elle a remporté au printemps 2019 dans la catégorie autrice compositrice-interprète. Mais ce soir, dit-elle avec hâte, son seul nom sera en haut de l’affiche d’un concert initialement annoncé à l’Esco, mais que la migration forcée du festival sur le Web oblige à organiser au Ministère.
« C’est le concert des premières fois pour moi : c’est moi qui suis chargée de tout, le visuel, la musique, c’est moi la productrice du concert, c’est vraiment un spectacle de mon cru » d’une bonne heure de chansons, celles du mini-album Fabulation qu’elle lancera jeudi, et les nouvelles qu’on découvrira en primeur.
« Si j’avais à décrire mon style musical, je dirais : décalé », imperméable aux tendances musicales de l’heure. « J’ai créé mon univers », une forme de chanson rock aux guitares acérées évoquant vaguement le son des Cranberries ou la dégaine d’un Jean Leloup, un son « un peu grunge, un peu récité », en cela inspiré des Leonard Cohen et Bob Dylan que son père (le chanteur folk Randall Spear, bien connu à Québec, d’où elle est originaire) lui a fait découvrir et qui lui a légué, dit-elle, « mon hypersensibilité ». Mélodie se revendique aussi du mythique groupe punk féminin Bikini Kill et de Kim Gordon de Sonic Youth, « qui font de la poésie — les textes de Kim Gordon sont incroyables, d’une profondeur ! »
Fabulation regroupe les premières compositions de Mélodie, certaines écrites à l’âge de 15 ans, comme Les enfants de la tempête, le point de vue particulièrement lucide d’une ado sur ses parents traversant un divorce qui l’éclabousse forcément. « C’est vraiment une époque de la vie où les choses se forment et se déforment. En amont, j’ai compris que Fabulation parlait beaucoup de ma relation avec l’autre — parent, ami — durant cette période charnière où change notre perception de l’autre. »
Coup de coeur, malgré tout
L’affiche de la 34e édition du festival a été passablement bouleversée depuis son dévoilement le 13 octobre dernier, passant d’une quarantaine de spectacles présentés devant public restreint et en webdiffusion simultanée à un peu plus d’une vingtaine d’événements destinés au public sur le Web, via la plateforme Lepointedevente.com.
La beauté de l’affaire, c’est que la programmation est accessible gratuitement, hormis pour ces trois événements au coût de 10 $ par billet virtuel : le concert d’ouverture de Florence K et Moran diffusé jeudi depuis le Lion d’Or, le concert de l’attachant duo Saratoga le 13 novembre, et l’événement Jukebox Karaoké Party de ce samedi. Un karaoké sécuritaire, va sans dire : la soirée débutera à 19 h 15 par la présentation, « en première mondiale virtuelle » du documentaire Jukebox. Un rêve américain fait au Québec des productions La Ruelle Films racontant la naissance de l’industrie québécoise du disque à travers les grands succès pop et yé-yé des années 1960 et de ceux qui les ont produits, à commencer par Denis Pantis. La diffusion sera suivie d’une séance de karaoké, menée par le comédien Stéphane Crête.
Parmi les autres concerts à ne pas manquer — depuis le confort de son salon —, soulignons un des premiers concerts du groupe pop Le Couleur depuis la parution en septembre dernier de son album Concorde, le samedi 14 novembre, 20 h. Le même soir, en direct du Ministère, on aura droit à un savoureux programme double mettant la relève à l’honneur : Gab Bouchard, qui a lancé en février dernier un remarquable premier album (réalisé par Olivier Langevin de Galaxie) de chansons pop rock aux ambiances recherchées intitulé Triste pareil, et Zoo Baby, projet solo de Xavier Dufour-Thériault du groupe rock Gazoline.
Les amateurs de rap seront servis par les concerts de Marie-Gold (le 6 novembre, 20 h), du trio Petite Papa (6 novembre, 21 h), dope.gng (7 novembre, 20 h) et Raccoon (14 novembre, 20 h). D’ici au 15 novembre, on pourra également profiter à distance des concerts de Luis Clavis, Clay and Friends, Mateo, Sunny Duval ou encore Renard Blanc — toute la programmation est détaillée à coupdecoeur.ca.
Pour moi, en arriver à pouvoir donner ce spectacle-là au Coup de coeur francophone, »
c’est une victoire MÉLODIE SPEAR