Le Devoir

Le concert des premières fois de Mélodie Spear

Lauréate du concours Ma première Place des Arts en 2019, elle monte jeudi sur la scène (virtuelle) du festival Coup de coeur francophon­e

- MUSIQUE PHILIPPE RENAUD

Rassurante, ravissante Mélodie Spear ! Y’a pas une pandémie ni un déchirant suspense postélecto­ral, qui viendra à bout de son optimisme ! « Quand même, je me sens choyée, dit-elle. En ce moment, on développe une résilience — une zénitude ! — qu’en temps normal, on n’aurait peut-être pas développée. Pour moi, en arriver à pouvoir donner ce spectacle-là au Coup de coeur francophon­e, c’est une victoire », et lancer en même temps un premier EP en carrière, une nécessité. « Il fallait que ça sorte ! »

L’année dernière au Coup de coeur francophon­e, Mélodie Spear montait sur scène à l’affiche du spectacle des lauréats du concours Ma première Place des Arts, qu’elle a remporté au printemps 2019 dans la catégorie autrice compositri­ce-interprète. Mais ce soir, dit-elle avec hâte, son seul nom sera en haut de l’affiche d’un concert initialeme­nt annoncé à l’Esco, mais que la migration forcée du festival sur le Web oblige à organiser au Ministère.

« C’est le concert des premières fois pour moi : c’est moi qui suis chargée de tout, le visuel, la musique, c’est moi la productric­e du concert, c’est vraiment un spectacle de mon cru » d’une bonne heure de chansons, celles du mini-album Fabulation qu’elle lancera jeudi, et les nouvelles qu’on découvrira en primeur.

« Si j’avais à décrire mon style musical, je dirais : décalé », imperméabl­e aux tendances musicales de l’heure. « J’ai créé mon univers », une forme de chanson rock aux guitares acérées évoquant vaguement le son des Cranberrie­s ou la dégaine d’un Jean Leloup, un son « un peu grunge, un peu récité », en cela inspiré des Leonard Cohen et Bob Dylan que son père (le chanteur folk Randall Spear, bien connu à Québec, d’où elle est originaire) lui a fait découvrir et qui lui a légué, dit-elle, « mon hypersensi­bilité ». Mélodie se revendique aussi du mythique groupe punk féminin Bikini Kill et de Kim Gordon de Sonic Youth, « qui font de la poésie — les textes de Kim Gordon sont incroyable­s, d’une profondeur ! »

Fabulation regroupe les premières compositio­ns de Mélodie, certaines écrites à l’âge de 15 ans, comme Les enfants de la tempête, le point de vue particuliè­rement lucide d’une ado sur ses parents traversant un divorce qui l’éclabousse forcément. « C’est vraiment une époque de la vie où les choses se forment et se déforment. En amont, j’ai compris que Fabulation parlait beaucoup de ma relation avec l’autre — parent, ami — durant cette période charnière où change notre perception de l’autre. »

Coup de coeur, malgré tout

L’affiche de la 34e édition du festival a été passableme­nt bouleversé­e depuis son dévoilemen­t le 13 octobre dernier, passant d’une quarantain­e de spectacles présentés devant public restreint et en webdiffusi­on simultanée à un peu plus d’une vingtaine d’événements destinés au public sur le Web, via la plateforme Lepointede­vente.com.

La beauté de l’affaire, c’est que la programmat­ion est accessible gratuiteme­nt, hormis pour ces trois événements au coût de 10 $ par billet virtuel : le concert d’ouverture de Florence K et Moran diffusé jeudi depuis le Lion d’Or, le concert de l’attachant duo Saratoga le 13 novembre, et l’événement Jukebox Karaoké Party de ce samedi. Un karaoké sécuritair­e, va sans dire : la soirée débutera à 19 h 15 par la présentati­on, « en première mondiale virtuelle » du documentai­re Jukebox. Un rêve américain fait au Québec des production­s La Ruelle Films racontant la naissance de l’industrie québécoise du disque à travers les grands succès pop et yé-yé des années 1960 et de ceux qui les ont produits, à commencer par Denis Pantis. La diffusion sera suivie d’une séance de karaoké, menée par le comédien Stéphane Crête.

Parmi les autres concerts à ne pas manquer — depuis le confort de son salon —, soulignons un des premiers concerts du groupe pop Le Couleur depuis la parution en septembre dernier de son album Concorde, le samedi 14 novembre, 20 h. Le même soir, en direct du Ministère, on aura droit à un savoureux programme double mettant la relève à l’honneur : Gab Bouchard, qui a lancé en février dernier un remarquabl­e premier album (réalisé par Olivier Langevin de Galaxie) de chansons pop rock aux ambiances recherchée­s intitulé Triste pareil, et Zoo Baby, projet solo de Xavier Dufour-Thériault du groupe rock Gazoline.

Les amateurs de rap seront servis par les concerts de Marie-Gold (le 6 novembre, 20 h), du trio Petite Papa (6 novembre, 21 h), dope.gng (7 novembre, 20 h) et Raccoon (14 novembre, 20 h). D’ici au 15 novembre, on pourra également profiter à distance des concerts de Luis Clavis, Clay and Friends, Mateo, Sunny Duval ou encore Renard Blanc — toute la programmat­ion est détaillée à coupdecoeu­r.ca.

Pour moi, en arriver à pouvoir donner ce spectacle-là au Coup de coeur francophon­e, »

c’est une victoire MÉLODIE SPEAR

 ?? PATRICK KELLY ?? Fille du chanteur folk Randall Spear, Mélodie Spear revendique un style décalé et un son « un peu grunge, un peu récité » évoquant autant les Cranberrie­s que Leonard Cohen.
PATRICK KELLY Fille du chanteur folk Randall Spear, Mélodie Spear revendique un style décalé et un son « un peu grunge, un peu récité » évoquant autant les Cranberrie­s que Leonard Cohen.

Newspapers in French

Newspapers from Canada