Le Devoir

Le Congrès divisé fait bondir les Bourses

- AGENCE FRANCE-PRESSE À NEW YORK

Les Bourses mondiales ont grimpé mercredi, continuant de surveiller les résultats d’une élection présidenti­elle américaine à couteaux tirés entre Donald Trump et Joe Biden, tandis que le Congrès va probableme­nt rester divisé entre une Chambre des représenta­nts démocrate et un Sénat républicai­n.

Wall Street a fini en trombe. L’indice vedette de la place new-yorkaise, le Dow Jones, a pris 1,3 % à 27 847,66 points. Le Nasdaq, poussé par la forme éclatante des géants technologi­ques américains, a grimpé de 3,9 % à 11 590,78 points. Le S&P 500, qui regroupe les 500 plus grandes entreprise­s de Wall Street, est monté de 2,2 % à 3343,44 points.

À Toronto, le S&P/TSX termine la journée sur un gain de 59 points, ou de 0,4 %, à 15 998 points.

Outre-Atlantique, après des ouvertures en nette baisse le matin, vite corrigées, les principale­s places européenne­s ont progressé au cours de la journée pour toutes finir en forte hausse. Paris a pris 2,4 %, Londres, 1,8 %, Francfort et Milan, 2 %.

Les marchés financiers semblaient se préparer à une présidence de Joe Biden tandis que les républicai­ns étaient sur le point de conserver leur majorité au Sénat et que les démocrates devraient garder la main sur la Chambre des représenta­nts. « Cela veut dire qu’on sera dans une impasse politique, ce que le marché voit de manière positive », estime Peter Cardillo, de Spartan Capital. « Quel que soit le vainqueur, il ne sera pas en mesure d’appliquer entièremen­t son programme », résume l’expert. L’absence d’une « vague bleue » pour les démocrates signifie notamment qu’il sera beaucoup plus difficile à M. Biden, en cas de victoire finale, de faire voter ses hausses d’impôt sur les grandes entreprise­s et les grandes fortunes américaine­s ainsi que sur les gains en Bourse.

Des boursicote­urs apprécient également le fait que, si le Sénat reste aux mains des républicai­ns, la possibilit­é d’un nouveau grand plan d’aide à l’économie se réduit, faisant baisser le risque d’inflation et donc les taux d’intérêt. La banque centrale américaine, soucieuse de soutenir la croissance si les responsabl­es politiques ne parviennen­t pas à un compromis sur des mesures budgétaire­s, ne devrait de son côté pas remonter de sitôt ses taux directeurs.

À New York, les piliers américains du numérique ont enregistré des gains impression­nants, notamment Alphabet (+6, 1 %), la maison mère de Google, et Facebook (+8,3 %). Pour certains analystes, ces progressio­ns s’expliquent par le fait qu’avec un Congrès divisé, les démocrates auront moins de marges de manoeuvre pour démanteler ces entreprise­s, sous le coup de plusieurs enquêtes et procédures judiciaire­s.

Après de lourdes pertes la semaine dernière, les indices avaient déjà bien remonté lundi et mardi.

Malgré tout, fait remarquer Shawn Cruz, de TD Ameritrade, l’indice VIX, qui mesure la volatilité à Wall Street et est surnommé « l’indice de la peur », est resté à un niveau relativeme­nt élevé, autour des 30 points malgré un plongeon de près de 17 % mercredi. « De nombreuses questions restent en suspens, que ce soit en ce qui concerne de nouvelles mesures d’aide ou en ce qui concerne le ralentisse­ment de l’économie », observe M. Cruz.

Réunion de la Réserve fédérale

D’autant que l’économie américaine donne de nouveaux signes d’essoufflem­ent. Dans ce contexte, tous les re

gards se tournent vers la banque centrale, qui tient depuis mercredi une réunion monétaire et pourrait indiquer jeudi si elle compte puiser dans son arsenal pour donner un coup de pouce à l’activité économique.

Le pays tente de se relever de la crise économique provoquée par la pandémie de COVID-19. Des millions d’Américains sont toujours au chômage, des milliers de PME sont confrontée­s à des difficulté­s de trésorerie et certains secteurs, comme le tourisme, le transport aérien ou la restaurati­on, sont aux abois.

À défaut de compter à court terme sur le gouverneme­nt fédéral et le Congrès, les milieux d’affaires espèrent des gestes de la Fed. Celle-ci pourrait chercher à rassurer en déclarant par exemple qu’elle est prête à soutenir l’économie en cas de dégradatio­n, avancent certains experts. Son président, Jerome Powell, devrait toutefois insister sur l’importance de nouvelles aides fédérales aux ménages et aux entreprise­s, pour que le pays se redresse durablemen­t.

« La Fed a déjà indiqué qu’elle était disposée à faire plus […]. Elle pourrait donner au public et aux marchés financiers une indication de ce que cela pourrait être lors de la conférence de presse qui suivra cette réunion » jeudi en début d’après-midi, a dit à l’AFP l’économiste Diane Swonk, économiste pour Grant Thornton.

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AHN YOUNG-JOON ASSOCIATED PRESS Des courtiers de la KEB Hana Bank, à Séoul, en Corée du Sud, surveillen­t les marchés au lendemain des élections américaine­s.
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