Le Devoir

Un dépouillem­ent lent, mais minutieux

Le responsabl­e du vote mise sur l’exactitude plutôt que sur la rapidité

- AMÉLI PINEDA

Le dépouillem­ent dans le comté de Fulton, qui comprend la ville d’Atlanta, en Géorgie, s’est conclu jeudi, mais les yeux demeurent rivés sur le reste de cet État clé, qui espérait mettre fin au suspense en fin de journée. Contrairem­ent aux villes de Phoenix, en Arizona, et de Philadelph­ie, en Pennsylvan­ie, c’est relativeme­nt dans le calme que l’interminab­le attente s’est poursuivie.

« Je suis passée par hasard, je rentrais chez moi et j’ai vu les partisans de Trump avec leurs pancartes, alors j’ai décidé de m’arrêter parce que je trouve ça vraiment frustrant de les voir réclamer qu’on cesse de compter

bulletins de vote par correspond­ance », explique Courtney Herbet, rencontrée par Le Devoir devant le State Farm Arena.

L’établissem­ent, connu pour être le domicile des Hawks d’Atlanta, était le plus grand centre de traitement des bulletins de vote du comté de Fulton. Au moment où les autorités annonçaien­t avoir terminé de comptabili­ser les votes du comté, une cinquantai­ne de partisans trumpistes ont débarqué.

C’est à ce moment-là que la femme de 18 ans les a aperçus et a décidé, spontanéme­nt, de les confronter. « Trump a ruiné notre pays, les quatre dernières années ont été affreuses sur tous les plans, la hausse du racisme, le sexisme et dernièreme­nt la mauvaise gestion de la pandémie », hurle-t-elle, alors que les supporters du président sortant la narguent. « Elle veut juste de l’attention », « Tu devrais avoir honte », « Socialiste ! », lui lancent certains depuis l’autre côté de la rue.

D’heure en heure, la course se resserre dans cet État qui compte 16 grands électeurs. Au moment où ces lignes étaient écrites, à peine 2497 voles

tes séparaient Donald Trump de Joe Biden. Le démocrate n’a cessé de réduire l’écart entre lui et le président dans les dernières heures..

Alimentés par les propos du président Trump — qui en a remis une couche jeudi soir lors d’un bref discours — ses sympathisa­nts réclament l’arrêt du compte des votes.

« M. Trump nous avait prévenus qu’il y aurait des tentatives de fraude avec le vote postal et il avait raison », lance Mary-Margaret Brown, une républicai­ne qui estime, comme le président, que les démocrates tentent de « voler » les élections.

« On a tous vu les images des rassemblem­ents de M. Trump à travers le pays. Il y avait des milliers de supporters dans chaque ville et aujourd’hui, les démocrates, qui n’avaient personne à leurs rassemblem­ents, essaient de nous voler l’élection avec des bulletins frauduleux », déplore une femme, qui refuse de dévoiler son identité au Devoir par crainte de représaill­es. « C’est dangereux d’être identifiée comme une supporter de Trump », soutient celle qui se qualifie de « militante silencieus­e », cachée sous un foulard aux couleurs du drapeau américain.

Mercredi, les républicai­ns ont annoncé s’adresser aux tribunaux pour que le dépouillem­ent soit suspendu en Géorgie. Or, le juge James Bass a rejeté la demande du camp républicai­n jeudi. « La cour constate qu’il n’y a aucune preuve que les bulletins évoqués dans la requête ont été reçus après 19 h le jour de l’élection, ce qui aurait rendu ces bulletins invalides », a-t-il tranché.

Le faible écart entre les deux candidats oblige les autorités à faire preuve de diligence, a assuré Gabriel Sterling, responsabl­e de la mise en oeuvre du système de vote de l’État de Géorgie.

« Avoir un décompte rapide, c’est bien, nous apprécions tous la rapidité. Mais nous apprécions davantage l’exactitude d’un dépouillem­ent », a-til fait valoir. « Les employés des bureaux de vote ne sont pas impliqués dans de la fraude électorale », a aussi insisté M. Sterling. « Je peux vous dire qu’ils font leur travail tous les jours. C’est difficile et nous leur en sommes reconnaiss­ants. Nous allons travailler avec eux pour nous assurer que chaque bulletin de vote légal est compté », a-t-il poursuivi.

Comme dans plusieurs autres États américains, même si le vainqueur n’a toujours pas été confirmé, le spectre d’un recomptage plane aussi sur la Géorgie.

 ?? MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR ?? Cette femme s’est rendue au State Farm Arena, à Atlanta, pour voir comment se déroulait le dépouillem­ent du vote.
MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR Cette femme s’est rendue au State Farm Arena, à Atlanta, pour voir comment se déroulait le dépouillem­ent du vote.

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