Le Devoir

L’insolvabil­ité augmente fortement en septembre

- GÉRARD BÉRUBÉ

Les dossiers d’insolvabil­ité ont fortement augmenté, en septembre, poussant le cumul trimestrie­l en hausse de 7,9 %. La pandémie, et les mesures d’accompagne­ment sous forme d’aide gouverneme­ntale et d’allègement­s des créanciers, continue toutefois de brouiller la lecture.

Selon les données publiées par le Bureau du surintenda­nt des faillites (BSF), le nombre total de dossiers d’insolvabil­ité au Canada a augmenté de 18,8 % entre août et septembre 2020, soit une progressio­n de 15,9 % du nombre de faillites et de 20,4 % du nombre de propositio­ns.

Le nombre total en septembre demeure toutefois inférieur à celui de septembre 2019. Vu autrement, au cours de la période de 12 mois ayant pris fin le 30 septembre, le nombre total de dossiers d’insolvabil­ité a connu une baisse de 19,2 % par rapport à la période correspond­ante terminée le 30 septembre 2019. Le nombre de dossiers d’insolvabil­ité de consommate­urs a diminué de 19,2 % alors que celui d’entreprise­s a reculé de 18,7 % entre ces deux périodes.

Chez ces dernières, « les deux secteurs ayant enregistré la diminution la plus marquée à ce chapitre sont ceux de la constructi­on et des services profession­nels, scientifiq­ues et techniques », indique le BSF. À l’opposé, « le secteur du commerce de détail et celui des arts, spectacles et loisirs ont enregistré les augmentati­ons les plus importante­s de dépôts de dossiers d’insolvabil­ité ».

« À l’heure actuelle, le nombre de dossiers d’insolvabil­ité est moins élevé que l’an dernier, mais cette diminution est sans doute attribuabl­e aux mesures de soutien offertes par le gouverneme­nt dans le contexte de la pandémie, à la flexibilit­é sans précédent des créanciers et au décalage causé par le confinemen­t ayant retardé les procédures d’insolvabil­ité — que ce soit à la suite d’un choix personnel ou de la fermeture des tribunaux », a souligné Mark Rosen, président du conseil d’administra­tion de l’Associatio­n canadienne des profession­nels de l’insolvabil­ité et de la réorganisa­tion (ACPIR).

Ce faisant, pour l’ensemble du troisième trimestre, le nombre de dossiers d’insolvabil­ité au Canada a augmenté de 7,9 %, après une baisse record au trimestre précédent. L’augmentati­on au Québec a été de 21,1 %. Là aussi, une baisse est observée lorsqu’on compare avec la période correspond­ante de 2019, de 40 % à l’échelle canadienne et de 47 % à l’échelle québécoise.

Chez les consommate­urs, le nombre de dossiers a augmenté de 8,1 % entre les deuxième et troisième trimestres à l’échelle canadienne, de 21,6 % au Québec. Pour les entreprise­s la hausse est de 3,5 % et de 14,3 % respective­ment.

Pour David Lewis, membre de l’ACPIR spécialisé en insolvabil­ité des entreprise­s, ces statistiqu­es sont loin de refléter le nombre « alarmant » de propriétai­res d’entreprise qui choisissen­t de fermer leurs portes plutôt que de déclarer faillite ou de soumettre une propositio­n. Aussi, « bien des entreprise­s ont une marge de manoeuvre grâce à l’élargissem­ent ou à la prolongati­on de programmes de prêts mais, en définitive, elles s’endettent encore davantage. ».

Chez les consommate­urs, ils sont nombreux à avoir de la difficulté à joindre les deux bouts, observe l’ACPIR. Également, « alors que les mesures d’aide accordées pendant la pandémie prennent fin et que les créanciers commencent à recouvrer les sommes dues et les paiements reportés, les personnes surendetté­es commencero­nt à subir la pression ».

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GETTY IMAGES La pandémie et l’aide gouverneme­ntale continuent de brouiller la lecture de la situation.

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