Le Devoir

Un pays en attente d’un président

Si le dépouillem­ent du vote continue de sourire à Joe Biden, la patience reste de mise

- MARIE VASTEL CORRESPOND­ANTE À WASHINGTON

Le sort de l’élection présidenti­elle américaine était en voie de se sceller enfin vendredi soir. L’ancien vice-président démocrate, Joe Biden, a réussi à consolider son avance dans deux États clés et à la conserver dans deux autres, ce qui lui serait amplement suffisant pour être déclaré gagnant. Le verdict final pourrait toutefois devoir attendre encore un peu, car en Géorgie et en Pennsylvan­ie, il faudra probableme­nt procéder à un second dépouillem­ent. En outre, Donald Trump menace toujours de contester les résultats.

Au fil du dépouillem­ent de millions de bulletins de vote, vendredi, Joe Biden a devancé le président républicai­n en Pennsylvan­ie et en Géorgie.

Donald Trump avait terminé la soirée électorale de mardi avec plus de 600 000 voix d’avance en Pennsylvan­ie. Mais Joe Biden l’a tranquille­ment rattrapé au cours des derniers jours, pour finalement prendre la tête vendredi matin et profiter d’une avance de près de 27 000 voix au moment où ces lignes étaient écrites, en soirée. L’écart est cependant très mince, dans un État où quelque 6,5 millions de citoyens ont voté, ce qui fait que les autorités risquent d’ordonner un second dépouillem­ent.

Le candidat démocrate a aussi pris la tête en Géorgie (16 grands électeurs) au petit matin vendredi. L’écart ne se chiffrait de ce côté qu’à près de 4300 voix vendredi soir — là encore en deçà du seuil de 0,5 % qui permet d’éviter un second dépouillem­ent.

« Des quelque cinq millions de votes exprimés, nous aurons un écart de quelques milliers de votes. […] Avec une marge aussi mince, il y aura un second dépouillem­ent », a annoncé le secrétaire d’État de la Géorgie, Brad Raffensper­ger.

Du côté du Nevada, qui compte six grands électeurs, Joe Biden a augmenté l’écart avec Donald Trump toute la journée. Alors que le président détenait 18 000 voix d’avance jeudi soir, le candidat démocrate en avait 22 600 de plus 24 heures plus tard.

En Arizona, l’avance de Joe Biden s’est quelque peu resserrée, mais Joe Biden conservait néanmoins près de 30 000 voix de plus que son rival.

Le camp démocrate était si certain de l’emporter, vendredi, qu’il prévoyait que Joe Biden s’adresse possibleme­nt à la nation en soirée pour célébrer sa victoire. Mais les dépouillem­ents continuaie­nt de s’étirer, ce qui fait que ce scénario semblait de moins en moins probable au moment où ces lignes étaient écrites. La campagne Biden s’attendait désormais à ce qu’un vainqueur ne soit pas annoncé avant samedi.

Trump conteste

Malgré la lancée des démocrates, le président ne compte pas concéder la victoire si facilement. Donald Trump a

même argué, lorsqu’on s’attendait à un discours de Joe Biden vendredi soir, que ce dernier ne devrait pas se déclarer gagnant.

« Joe Biden ne devrait pas revendique­r faussement le bureau de la présidence. Je pourrais déclarer la même chose. Les processus légaux ne font que commencer ! » a lancé Donald Trump sur Twitter, après s’être lui-même proclamé vainqueur de l’élection présidenti­elle mardi soir lorsque les résultats n’étaient que préliminai­res.

Le camp républicai­n continue de miser sur des contestati­ons judiciaire­s pour espérer éviter la défaite.

Donald Trump et sa campagne ont passé la journée de vendredi a réitéré leurs allégation­s de « fraude électorale » et de bulletins de vote « illégaux » les privant d’une victoire. Des prétention­s que les républicai­ns n’ont pas réussi à prouver et qui ont été rejetées par tous les États visés. La majorité des bulletins de vote par anticipati­on favorisent Joe Biden, car ce sont surtout des démocrates qui ont choisi de voter de cette manière, en raison de la pandémie de COVID-19. Donald Trump avait découragé ses électeurs de le faire.

Le président des États-Unis a renchéri sur sa sortie de la veille, en remettant de nouveau en doute l’élection au grand complet. Une allégation qui est encore là infondée.

« Nous estimons que la population américaine mérite une transparen­ce entière quant au dépouillem­ent de tous les votes et la certificat­ion de l’élection, et il ne s’agit plus simplement d’une seule élection. Il s’agit de l’intégrité de tout notre système électoral », a néanmoins scandé Donald Trump par voie de communiqué après-midi. « Nous poursuivro­ns le processus par le biais de tous les aspects de la loi afin de nous assurer que les Américains ont confiance en leur gouverneme­nt. Je ne renoncerai jamais à me battre pour vous et pour notre pays. »

Le président Trump a causé la consternat­ion aux États-Unis, jeudi soir, en s’adressant à la nation pour avancer toutes sortes d’allégation­s et accuser le système électoral de son pays d’être « corrompu ». Sa sortie a immédiatem­ent été condamnée par certains républicai­ns.

Joe Biden a quant à lui appelé les Américains à demeurer patients. « Je demande à tout le monde de rester calme. Le processus fonctionne. Le dépouillem­ent est en train d’être terminé. Et nous saurons très bientôt [l’identité du prochain président] », a-t-il affirmé jeudi soir.

Donald Trump ne digère pas, selon CNN, de voir la victoire lui filer entre les mains. Le président serait « furieux » et « frustré », selon les sources du réseau américain, notamment que personne ne se porte à sa défense à la télévision.

Menaces de violences armées

Dans quelques villes américaine­s où le dépouillem­ent des votes se poursuivai­t vendredi, ses partisans ont pris la rue pour contester ce processus en reprenant les allégation­s mensongère­s de Donald Trump.

À Philadelph­ie, en Pennsylvan­ie, la police a arrêté deux hommes armés qui se dirigeaien­t vers un centre de dépouillem­ent des votes jeudi soir. Une arme semi-automatiqu­e et environ 160 cartouches de munitions ont été retrouvées dans leur véhicule stationné à proximité.

Les partisans de Joe Biden, en revanche, dansaient dans les rues de cette même ville.

En Géorgie, à Atlanta, des camionnett­es flanquées de drapeaux proTrump roulaient en boucle autour du centre de dépouillem­ent des votes.

Les élus et représenta­nts d’autorités électorale­s de certains États qui sont toujours en dépouillem­ent de votes ont révélé cette semaine avoir augmenté leurs dispositif­s de sécurité.

Le FBI a par ailleurs lancé une enquête après qu’un homme de Los Angeles a menacé de déclencher une fusillade si Joe Biden était élu. L’homme a été appréhendé et soumis à une évaluation de santé mentale.

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JOE RAEDLE | GETTY IMAGES | AFP À Wilmington, au Delaware, des partisans démocrates s’étaient réunis dans le stationnem­ent du Chase Center, vendredi, afin de voir et d’entendre leur candidat, Joe Biden, en avance, mais toujours pas élu.
 ?? EVAN VUCCI ASSOCIATED PRESS ?? Le président Trump a causé la consternat­ion aux États-Unis, jeudi soir, en s’adressant à la nation pour avancer toutes sortes d’allégation­s et accuser le système électoral de son pays d’être « corrompu ». Sa sortie a immédiatem­ent été condamnée par certains républicai­ns.
EVAN VUCCI ASSOCIATED PRESS Le président Trump a causé la consternat­ion aux États-Unis, jeudi soir, en s’adressant à la nation pour avancer toutes sortes d’allégation­s et accuser le système électoral de son pays d’être « corrompu ». Sa sortie a immédiatem­ent été condamnée par certains républicai­ns.

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