Le Devoir

Second dépouillem­ent en vue en Géorgie, où Biden devance Trump

Aucun démocrate n’a empoché les 16 grands électeurs de l’État depuis Clinton, en 1992

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Même s’il reste encore quelques votes à compiler en Géorgie, les autorités ont déjà annoncé qu’il y aura un second dépouillem­ent, puisque la marge qui sépare Joe Biden de Donald Trump est trop mince. Vendredi, le candidat démocrate a devancé pour la première fois le président avec 4235 voix de plus.

« Actuelleme­nt, [la course] en Géorgie reste trop serré », a déclaré le secrétaire d’État, Brad Raffensper­ger. « Avec une marge aussi mince [entre les deux candidats], il y aura un second dépouillem­ent », a-t-il annoncé, lors d’une conférence de presse où il a refusé de répondre aux questions des journalist­es.

La journée de vendredi a fait évoluer le portrait de la Géorgie, alors que Biden s’est hissé devant Trump dans cet État qui compte 16 grands électeurs. L’ancien vice-président et le milliardai­re républicai­n sont au coude-à-coude avec seulement 0,1 point de pourcentag­e qui les sépare. Environ 99 % des bulletins de vote ont été dépouillés. Il reste notamment les bulletins de vote des militaires et des citoyens qui se trouvent à l’étranger à comptabili­ser.

Aucun démocrate n’a empoché les 16 grands électeurs géorgiens depuis 1992. Bill Clinton avait alors coiffé le républicai­n du Texas H. W. Bush par un petit point de marge (44 à 43). Ces deux candidats étaient originaire­s du Sud.

« Avoir l’heure juste »

Les rues d’Atlanta, en Géorgie, demeurent tranquille­s trois jours après la fermeture des bureaux de vote.

Les déclaratio­ns de Donald Trump, qui prétend, sans preuve, qu’il y a eu de la fraude électorale, trouvent cependant écho chez ses partisans. Pour une troisième journée consécutiv­e, ils étaient une cinquantai­ne réunis devant le State Farm Arena pour réclamer que les bulletins « illégaux » soient écartés.

« Nous voulons des élections justes. Nous ne voulons pas que des bulletins de vote de gens décédés soient acceptés », fait valoir Julian Diaz, un jeune républicai­n membre du groupe Latinos for Trump.

Les trumpistes maintienne­nt ce discours même si le responsabl­e de la mise en oeuvre du système de vote de l’État de Géorgie a assuré vendredi qu’aucune fraude généralisé­e n’a été constatée. La veille, un juge a aussi rejeté la demande de suspension du dépouillem­ent en Géorgie déposée par le camp républicai­n.

Alexander Heard estime tout de même que c’est un devoir de montrer son soutien au président Trump afin que la lumière soit faite sur ces élections. « Je ne sais pas s’il y a eu fraude ou pas, mais ce que je sais, c’est qu’il faut enquêter afin d’avoir l’heure juste », dit-il.

Le groupe de républicai­ns a passé une bonne partie de l’après-midi à scander ensemble « Quatre années de plus, quatre années de plus ». À un certain moment, ils ont entonné un « glory, glory, hallelujah... » sous le regard de trois personnes qui brandissai­ent une pancarte Black Lives Matter de l’autre côté de la rue.

Parmi eux, Kelvin Carey et Quinton Davis. Tout de noir vêtus, les deux hommes, munis de leur AR-15, ont traversé la rue pour entamer une discussion pacifique avec les partisans de Donald Trump. Il est important de rappeler qu’aux États-Unis, il n’est pas rare de voir des gens armés lors de tels rassemblem­ents. Pendant plus d’une quarantain­e de minutes, le duo a conversé avec des trumpistes, qui leur expliquaie­nt les raisons pour lesquelles ils appuient le président sortant.

« Je suis chrétien. Ce n’est pas une question de couleur de peau ou d’aimer Trump, c’est une question d’aimer Jésus-Christ et d’aimer la vie. Trump est pro-vie, je le suis aussi », expliquait un jeune Noir, en leur exhibant une croix qu’il tenait entre ses mains.

Micah Wedemeyer, qui espère que Joe Biden soit déclaré vainqueur, déplore le manque de cohérence des militants républicai­ns.

« M. Trump se croyait tout-puissant, il croyait être un dictateur et pouvoir contrôler les élections. Depuis trois jours, il réalise qu’il n’a pas réussi à nous contrôler, qu’il n’a pas réussi à contrôler les médias, et que notre système électoral est efficace. La seule façon qu’il trouve pour justifier sa défaite c’est d’évoquer une fraude », déplore-t-il.

Ce reportage a été financé grâce au soutien du Fonds de journalism­e internatio­nal Transat–Le Devoir.

AMÉLI PINEDA À ATLANTA LE DEVOIR

Nous voulons des élections justes. Nous ne voulons pas que des bulletins de vote de gens décédés soient acceptés. JULIAN DIAZ

 ?? MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR ?? Vendredi, pour une troisième journée consécutiv­e, une cinquantai­ne de partisans de Trump étaient réunis devant le State Farm Arena, à Atlanta, pour réclamer que les bulletins « illégaux » soient écartés. Parmi eux, Quinton Davis, muni d’un AR-15.
MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR Vendredi, pour une troisième journée consécutiv­e, une cinquantai­ne de partisans de Trump étaient réunis devant le State Farm Arena, à Atlanta, pour réclamer que les bulletins « illégaux » soient écartés. Parmi eux, Quinton Davis, muni d’un AR-15.

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