Le Devoir

L’opposition ivoirienne en sursis

Plusieurs de ses dirigeants font l’objet d’enquêtes, notamment pour « complot contre l’autorité de l’État »

- DAVID ESNAULT À ABIDJAN

La pression est encore montée d’un cran vendredi sur l’opposition ivoirienne, qui conteste la réélection du président Alassane Ouattara, avec l’annonce d’enquêtes judiciaire­s contre plusieurs de ses dirigeants, apparemmen­t isolés à l’échelle nationale et internatio­nale.

Trois des principaux dirigeants de l’opposition, qui avaient appelé à la « désobéissa­nce civile » avant l’élection du 31 octobre, puis avaient déclaré l’institutio­n d’un pouvoir parallèle dit de « transition » après le scrutin qu’ils ont boycotté, font l’objet d’enquêtes pour « complot contre l’autorité de l’État », « mouvement insurrecti­onnel », « assassinat » et « actes de terrorisme », a déclaré le procureur d’Abidjan, Richard Adou.

Il s’agit de Maurice Kakou Guikahué, numéro deux du principal parti d’opposition, « interpellé le 3 novembre », du porte-parole de l’opposition et ancien premier ministre Pascal Affi N’Guessan et de l’ancien ministre Abdallah Mabri Toikeusse. Ces deux derniers sont « en fuite et activement recherchés », selon le procureur.

M. Mabri Toikeusse se dit pourtant bloqué à son domicile par les forces de l’ordre. Quant à Pascal Affi N’Guessan, dont la résidence a été fouillée jeudi sans succès par la police, selon un de ses proches, il « n’est pas en fuite », mais « a dû se retirer de son domicile pour des questions de sécurité », d’après son porte-parole Issiaka Sangaré.

L’ancien chef de l’État Henri Konan Bédié, proclamé par l’opposition « président » de son « Conseil national de transition » (CNT) lundi, « n’est pas en état d’arrestatio­n » ni assigné à résidence, a indiqué le procureur, précisant que les forces de l’ordre ont bloqué son domicile pour « mettre fin au trouble à l’ordre public ».

« Les actes perpétrés et commandité­s par les promoteurs de cet organe (le CNT) avaient pour finalité d’attenter à l’autorité de l’État afin de parvenir au renverseme­nt des institutio­ns de la République », a estimé le procureur, précisant en être « encore au stade de l’enquête préliminai­re et de l’informatio­n judiciaire », aucune inculpatio­n n’ayant été prononcée à ce stade.

Alassane Ouattara, 78 ans, a été proclamé mardi réélu pour un troisième mandat par la commission électorale. Mais l’opposition, dirigée par M. Bédié, conteste ce troisième mandat, qu’elle juge inconstitu­tionnel.

Le chapelet d’accusation­s déroulé par Richard Adou vise les violences commises avant et après l’élection présidenti­elle, qui ont fait au total une quarantain­e de morts, notamment dans des affronteme­nts interethni­ques.

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