Une humanité en or
Le drame survenu à Québec durant une nuit d’Halloween, doublée de pleine lune, a notamment eu comme effet de ramener le sujet de la santé mentale dans la sphère publique. Laissant de côté les débats actuels entourant entre autres son financement, je désire témoigner de mon expérience d’intervenant de nuit dans une ressource intermédiaire en santé mentale.
Travaillant principalement avec des jeunes (âgés grosso modo de 20 à 40 ans), dont certains se situent dans les mêmes tranches d’âge que moi, il m’apparaît essentiel de partager à quel point ces derniers sont sensibles, imaginatifs et passionnés. Ayant pour la plupart eu à composer avec des parcours de vie difficiles, leur existence, dans les hauts comme dans les bas, est loin d’être un long fleuve tranquille. N’eussent été certains tournants particulièrement durs à encaisser, ils auraient pu être artistes, écrivains, athlètes.
Il s’agit donc d’un véritable privilège de les côtoyer, et malgré mon statut d’intervenant, ce sont eux qui ont tout à m’apprendre, au quotidien. Leur étincelle constitue un véritable pied de nez aux prédictions, comme aurait pu dire Charles Bukowski. Jacques Ferron, dans son roman classique Cotnoir, parlait, dans les termes de son époque, d’une « folie pas si folle que ça ». Loin d’être si fous que ça, j’ajouterais même qu’ils sont habités d’une humanité hors du commun, d’une humanité en or. D’une humanité porteuse d’espoir en ces temps difficiles. Louis Jodoin
Montréal, le 5 novembre 2020