Le Devoir

Deux ans plus tard dans les Maritimes

Michèle Nicole Provencher relate les tribulatio­ns profession­nelles d’une Montréalai­se à Fredericto­n

- CRITIQUE CHRISTIAN DESMEULES COLLABORAT­EUR LE DEVOIR

Alexandra, jeune trentenair­e dynamique, déménage à près de 800 kilomètres de Montréal après avoir décroché un poste de chargée de programme au Mario-Lemieux Center for the Arts de Fredericto­n, au Nouveau-Brunswick. Un établissem­ent culturel qui emprunte son nom à un célèbre (et fictif) sculpteur acadien né dans les années 1950 à Shippagan — et dont on saura peu de choses.

« J’ai eu envie d’y aller avec la même passion qui mène certaines personnes à se lancer à corps perdu dans le CrossFit ou à passer une semaine à manger du sable avec des hippies à Burning Man », confie celle qui devra notamment s’occuper des artistes en résidence. « Un peu comme une G.O. d’un Club Med, mais sans avoir à taper des mains à tout bout de champ », nous explique la narratrice de Mario-Lemieux,

bonjour, second roman de Michèle Nicole Provencher après Mardi comme

mardi (La Mèche, 2018). L’évocation de ses nouvelles frustratio­ns profession­nelles nous vaut un retour en arrière, alors qu’elle nous raconte comment, après des études en musique et en communicat­ions à l’Université Laval et avant son installati­on à Montréal, elle a épaulé un ami qui démarrait une microbrass­erie. Une seconde trame qui semble un peu plaquée, comme si l’autrice avait cherché à compenser a posteriori la minceur de l’expérience néo-brunswicko­ise.

Bien davantage qu’une heure plus tard, on retrouvera rapidement Alexandra « deux grosses années » plus tard dans les Maritimes. Deux « grosses années » qui filent à toute vitesse, où la jeune femme trouve parfois le temps long, mais que le lecteur, lui, ne voit jamais passer, tant ce récit plutôt cérébral contient peu de marqueurs temporels ou physiques — météo, saisons, corps, paysages urbains.

Alors que le Centre lui donne l’impression d’être « plus à un asile qu’à un lieu de travail », son désenchant­ement est total, mais l’espoir malgré tout lui est permis. « Cette expérience à Fredericto­n m’a appris à quel point il est demandant de mener une carrière qu’on aime vraiment. » Et pour nous faire entendre ce que le roman ne nous montre pas, la narratrice tient à nous expliquer ce qu’elle retient de son expérience dans les Maritimes : « J’ai appris à suivre mon instinct, à rester fidèle à mes valeurs et à m’accomplir. »

Un roman d’apprentiss­age accéléré, tout juste assombri par le deuil de quelques amitiés, mais sans la moindre couleur locale. Comédie douce-amère de développem­ent personnel qui s’oublie vite — malgré un titre aussi creux que racoleur —, Mario-Lemieux,

bonjour reste à la fois trop sage et convenu pour nous toucher vraiment.

L’autrice participer­a au balado La

soirée du OK du 12 au 30 novembre et à la table ronde « Autopsie de l’enfance » le vendredi 13 novembre à 18 h 30 dans le cadre du SLM.

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JOCELYN MICHEL Mario-Lemieux, bonjour est le second roman de Michèle Nicole Provencher. Un roman d’apprentiss­age accéléré, tout juste assombri par le deuil de quelques amitiés.
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Michèle Nicole Provencher, La Mèche, Montréal, 2020, 200 pages
Mario-Lemieux, bonjour Michèle Nicole Provencher, La Mèche, Montréal, 2020, 200 pages

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