L’astéroïde politique Ocasio-Cortez
À l’écart du duel entre Biden et Trump se dressait une figure jeune et féminine
En marge de la récente lutte pour devenir président des États-Unis opposant Joe Biden et Donald Trump, deux septuagénaires, un phénomène jeune et féminin menaçait déjà l’Amérique : l’astéroïde 23238 OcasioCortez. Cet amas rocheux, qui gravite à 386 millions de kilomètres de nous, a été nommé ainsi au Massachusetts Institute of Technology en l’honneur d’une élève gagnante d’un concours scientifique international.
Née à New York en 1989 de parents d’origine portoricaine, Alexandria Ocasio-Cortez, souvent appelée par ses seules initiales AOC, est devenue, des années après, la plus jeune parlementaire jamais élue au Congrès américain. Elle y représente un district de sa ville natale à partir de 2019, dès l’âge de 29 ans. Elle a d’ailleurs été réélue mardi avec un appui frôlant les 70 %.
Diplômée de la Boston University, ex-serveuse dans un restaurant de tacos de Manhattan, membre de l’aile gauche du Parti démocrate, elle se réclame du socialisme démocratique à l’exemple de Bernie Sanders, qu’elle appuyait avant l’insuccès de celui-ci à l’investiture de leur formation. Le journaliste français Mathieu Magnaudeix, qui a enquêté aux États-Unis, a consacré un livre très vivant et très éclairant au mouvement des « nouveaux activistes américains » qu’elle incarne : Génération Ocasio-Cortez.
Maintenant ralliée, faute de mieux, à Biden, candidat démocrate à la présidence, AOC n’a pas renié sa dissidence par rapport à l’establishment de leur parti. En 2018, elle avait, avec d’autres militants, occupé le bureau de Nancy Pelosi, représentante démocrate la plus puissante des États-Unis. Insatisfaite de la faiblesse écologiste de la formation politique, elle avait affirmé : « Nous avons besoin d’un Green New Deal et de 100 % d’énergies renouvelables parce que nos vies en dépendent ! »
Fidèle à ces thèmes dès le début de son mandat de parlementaire, AOC les complète. Elle propose un objectif de zéro émission de gaz à effet de serre d’ici à 2030, en plus d’un plan fédéral massif d’investissement dans les infrastructures pour créer de bons emplois liés à la transition écologique et destinés en particulier aux Autochtones, aux autres minorités racisées, aux migrants, aux petits salariés des régions désindustrialisées du pays, bref à l’ensemble des défavorisés des États-Unis.
Magnaudeix explique judicieusement que « les nouveaux activistes américains » qu’il a rencontrés ont souvent été déçus de la présidence de Barack Obama parce qu’elle n’a pas satisfait leurs aspirations progressistes. AOC elle-même souhaitait, en avril 2020, que Biden « fasse mieux » qu’Obama.
Elle espère que le Parti démocrate redeviendra progressiste. AOC veut le changer « avec les syndicats, avec Black Lives Matter, avec le mouvement qui se bat autour de l’immigration, avec les salariés qui exigent un salaire à 15 dollars ». Mais pourraitelle combler le fossé abyssal qui, entre la gauche et la droite, divise tragiquement la société américaine ?