Le Devoir

SUR VOS ÉCRANS – MYSTÈRES ET CONFIDENCE­S

- AMÉLIE GAUDREAU

Peignes, ciseaux et confidence­s

Les salons de coiffure sont des lieux privilégié­s pour les confidence­s, entre deux coups de ciseaux, surtout de la part des clients. Dans la série documentai­re Tenir salon, l’animatrice Sophie Fouron fait la tournée de quelques salons fréquentés par des communauté­s culturelle­s particuliè­res dans différents quartiers de Montréal et recueille d’abord les confidence­s de ceux qui écoutent habituelle­ment : des coiffeurs et une coiffeuse y oeuvrent.

À ces témoignage­s sentis et touchants sur le choix de ce métier, les débuts profession­nels et les rapports avec leur clientèle s’ajoutent petit à petit les propos de certains fidèles de ces établissem­ents, qui s’ouvrent sur leur rapport avec ces commerces de proximité, avec ceux et celles qui les tiennent, et sur leur place dans la communauté.

Puis, une fois la confiance établie, l’animatrice arrive même à soutirer à tout ce beau monde des réflexions de nature sociologiq­ue sur leur communauté d’origine et ses valeurs, leur intégratio­n dans la société québécoise, les écueils et obstacles auxquels ils font face pour y arriver. En ressortent, en à peine une vingtaine de minutes, des portraits de communauté­s beaucoup plus complexes qu’il n’y paraît, certes partiels, mais tout de même plus révélateur­s que bien des reportages ou documentai­res sur le même thème.

Une bien belle série, qui ouvre les horizons et donne le goût de faire rafraîchir sa propre coupe.

Tenir salon

TV5, mardi, 21 h 30. Tous les épisodes seront disponible­s le 10 novembre à tv5unis.ca.

Secrets et scandales sur le fleuve aux grandes eaux

« Le chemin qui marche », comme l’appelaient jadis les Algonquins, est le théâtre de pans importants de notre histoire, certains plutôt bien connus, d’autres beaucoup plus nébuleux. Il reste de ces chapitres plus mystérieux des récits passés de génération en génération, quelques traces écrites et parfois, quelques éléments de preuves dans les profondeur­s de ses eaux.

Le plongeur et recherchis­te Samuel Côté, avec qui on a fait connaissan­ce dans Chasseurs d’épave, également diffusé à Historia, propose dans cette série documentai­re de faire la lumière sur quelques-uns de ces événements ou phénomènes, dont certains sont encore nimbés de mystère. Pour y arriver, le jeune enquêteur maritime, visiblemen­t passionné par son sujet, scrute les archives, fait appel à des pêcheurs, à des marins et à d’autres curieux de nature à fouiller les fonds marins, et plonge quand il le faut. Au fil des huit épisodes, il sera entre autres question de la bataille du Saint-Laurent durant la Seconde Guerre mondiale, d’une explosion funeste dans le port de Montréal en 1932, des conséquenc­es environnem­entales de nombreux naufrages au large des îles de la Madeleine. L’épisode de cette semaine se penche sur « l’épidémie » de découverte­s accidentel­les d’obus datant de la Seconde Guerre mondiale sur les deux rives du fleuve au cours des années 1970.

Les sombres secrets du St-Laurent Historia, vendredi, 22 h

Mémoires d’un tueur en série

On vous rassure tout de suite : ceci n’est pas une série « true crime », même si elle en emprunte parfois les codes. Ce documentai­re en quatre épisodes creuse le sillon d’une affaire criminelle marquante du Québec des années 1960 qui a déjà fait l’objet de d’autres production­s télévisuel­les, dont un épisode de Tout le monde en parlait et Des

grands procès : les meurtres en série de celui qu’on a alors surnommé le « monstre de Pont-Rouge ».

En 1963, Léo-Paul Dion, d’abord condamné à perpétuité pour l’agression et le viol d’une jeune femme, enlève et assassine quatre jeunes garçons sur quelques semaines dans la Capitale-Nationale, semant la terreur auprès des familles de la région, pas tellement de temps après avoir retrouvé sa liberté. La série documentai­re raconte cette sombre affaire, d’abord à partir des mémoires rédigés par le meurtrier, à la demande de son avocat de l’époque, Me Guy Bertrand, qui a mis à la dispositio­n de la production toutes les archives qu’il détenait sur cette affaire.

À ce récit troublant à la première personne, narré par Gildor Roy, qui avait d’ailleurs incarné le criminel dans un épisode des Grands procès, s’ajoutent les témoignage­s éclairants de journalist­es d’aujourd’hui et d’hier qui se sont intéressés de près à cette affaire, des proches des victimes, d’habitants de la petite localité en banlieue de Québec qui ont connu Dion de près ou de loin et de la nièce du tueur, qui vient apporter un éclairage nouveau sur le personnage, et finalement de Me Bertrand, qui se met à table à partir du troisième épisode.

Il faut être un peu patient pour que se révèlent les raisons qui expliquent (sans pourtant l’excuser) en partie pourquoi Léo-Paul Dion a pu commettre de telles horreurs, car les deux premiers épisodes esquissent à peine en quoi l’histoire familiale houleuse du meurtrier, les travers de la société dans laquelle il vivait et les sévices qu’il a subis dès le plus jeune âge ont pu le mener là. À ce stade, on est tout de même déjà bien accroché et il est difficile de ne pas vouloir connaître la suite…

Léo-Paul Dion : confidence­s d’un tueur

Investigat­ion, mardi, 22 h

Newspapers in French

Newspapers from Canada