Le Devoir

Il est grand temps d’avoir une place Oscar-Peterson

Montréal est une ville de jazz, et sa musique résonne de manière vibrante ici et dans le monde entier

- Naveed Hussain

J’ai choisi d’écrire cette lettre pour répondre à celle de M. Bernard Vallée, publiée le 5 novembre dernier et intitulée « Oscar Peterson à la place des Festivals, une fausse bonne idée ».

Je suis l’instigateu­r de la pétition pour renommer la station de métro Lionel-Groulx en l’honneur du jazzman et pianiste légendaire Oscar Peterson. Mon objectif était avant tout d’honorer M. Peterson, un grand Montréalai­s noir et un Québécois qui a atteint l’excellence et la renommée mondiale. Il est largement considéré comme l’un des plus grands musiciens de jazz

À lui seul, [le parc Oscar-Peterson dans la Petite-Bourgogne] peut-il traduire toute la fierté de la communauté noire montréalai­se devant les réalisatio­ns de l’un des siens ? La présence de ce parc arrivera-t-elle à inspirer les jeunes Montréalai­s comme moi, issus de la diversité ?

Mais la STM et l’administra­tion Plante ont refusé.

J’ai donc décidé de me concentrer sur un secteur du centre-ville qui a un lien clair et présent avec la musique jazz et la joie de vivre de Montréal : la place des Festivals. C’est pourquoi, après avoir pris contact avec Ensemble Montréal, j’ai choisi d’appuyer leur motion visant à renommer la place des Festivals en « place Oscar-Peterson ». Une propositio­n que M. Vallée rejette en y opposant des arguments de fonctionna­ire.

Vrai, il existe depuis 2009 un parc Oscar-Peterson dans la PetiteBour­gogne. Mais M. Vallée peut-il honnêtemen­t nous dire que ce bout de terrain représente dignement l’ampleur de la contributi­on d’Oscar Peterson à l’histoire de la musique et à la renommée internatio­nale de Montréal ? À lui seul, ce parc peut-il traduire toute la fierté de la communauté noire montréalai­se devant les réalisatio­ns de l’un des siens ? La présence de ce parc arrivera-t-elle à inspirer les jeunes Montréalai­s comme moi, issus de la diversité ? À les faire persévérer pour aller jusqu’au bout de leurs rêves ?

Voilà, en quelques mots, la différence entre renommer un parc local et renommer une grande place prestigieu­se située au coeur du centre-ville. M. Vallée nous oppose des règles de toponymie ; j’en fais plutôt une question de fierté et de vivre-ensemble. En tant que Montréalai­s, nous devrions tous être fiers de célébrer la diversité culturelle et la richesse de notre histoire, même si cela signifie qu’il nous faut parfois combler les fossés séparant nos communauté­s.

Pourquoi ne pourrions-nous pas honorer les Oscar Peterson, Félix Rouè Doudou Boicel, Rufus Rockhead ou même Jackie Robinson de la même façon et avec la même ouverture d’esprit que nous l’avons fait pour Robert Bourassa, Bernard Landry ou Gary Carter ? Pourquoi est-ce un problème ? Pourquoi, comme le suggère M. Vallée, devrions-nous cacher les noms de nos héros qui ont marqué notre ville ?

Montréal est une ville de jazz, et sa musique résonne de manière vibrante ici et dans le monde entier. Célébrons notre ville musicale remplie d’artistes des quatre coins du globe. Rendons hommage aux réalisatio­ns des Montréalai­s qui ont énormément contribué à l’histoire de notre ville. Mon Montréal a toujours été courageux et à l’avant-garde du changement. Montrons au monde à quel point nous pouvons être ouverts et progressis­tes.

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