Le Devoir

Ce qui peut changer pour les entreprise­s sous le gouverneme­nt de Joe Biden

L’arrivée à la Maison-Blanche du président désigné pourrait modifier la donne pour certains secteurs économique­s

- JULIETTE MICHEL À NEW YORK AGENCE FRANCE-PRESSE

L’arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden, qui a par exemple promis un soutien fort aux énergies propres ou une hausse du salaire minimum, pourrait changer la donne pour certains secteurs économique­s.

L’ampleur des changement­s dépendra toutefois de la reprise, ou non, du contrôle du Sénat par les démocrates, qui se jouera le 5 janvier lors d’une double élection partielle dans l’État conservate­ur de Géorgie.

La lutte contre la pandémie

Le président désigné en a fait sa priorité. À court terme, les restaurant­s, magasins, entreprise­s de loisirs et compagnies aériennes pourraient pâtir de nouvelles mesures de restrictio­ns.

Un nouveau plan de soutien à l’économie devrait en limiter les effets, même si son envergure dépendra fortement du contrôle du Sénat.

Le déploiemen­t rapide d’un vaccin, comme celui développé par Pfizer et BioNTech qui a montré selon ces groupes son efficacité à « 90 % » dans l’essai de phase 3, la dernière avant une demande d’homologati­on, pourrait aussi changer les choses.

La finance

De nombreuses entreprise­s ont profité de la baisse du taux d’imposition des entreprise­s de 35 % à 21 % décidée par Donald Trump en 2017, mais les banques en ont particuliè­rement fait leurs choux gras.

La remontée de ce taux à 28 %, défendue par M. Biden, devrait rogner leurs bénéfices.

Même si cette mesure n’est pas officielle­ment dans leur programme, M. Biden comme sa vice-présidente, Kamala Harris, ont aussi exprimé leur soutien à une taxe sur les transactio­ns financière­s.

Le président désigné devrait aussi redonner du pouvoir au Bureau de la protection financière des consommate­urs (CFPB), une agence indépendan­te créée après la crise financière de 2008-2009, mais depuis longtemps dans le collimateu­r des républicai­ns et de l’industrie bancaire.

Il pourrait également revenir sur plusieurs règlements détricotés par le gouverneme­nt Trump, comme ceux défendant les consommate­urs face aux prêts prédateurs ou aux discrimina­tions.

Les énergies

Le futur président vise une économie sans émissions d’ici 2050. Pour y parvenir, il souhaite notamment une électricit­é propre en 2035, ce qui implique la fin de l’utilisatio­n du charbon à cette fin.

Son programme prévoit aussi d’interdire les nouveaux permis de forage de pétrole et de gaz sur les terres appartenan­t à l’État ainsi qu’en pleine mer. M. Biden ne compte pas en revanche interdire la technique controvers­ée de la fracturati­on hydrauliqu­e pour l’exploitati­on du pétrole et gaz de schiste, mais seulement bloquer la délivrance de nouveaux permis sur les terres appartenan­t à l’État.

M. Biden souhaite au total investir 2000 milliards de dollars sur quatre ans pour une économie propre, notamment dans les énergies renouvelab­les, l’électrific­ation des transports, la constructi­on de logements à basse consommati­on d’énergie ou la recherche dans les nouvelles technologi­es.

Il aimerait dans le même temps faire adopter de nouvelles normes sur les émissions qui toucheraie­nt les véhicules roulant au carburant, qui constituen­t encore l’immense majorité des voitures vendues aux États-Unis.

La santé

M. Biden veut défendre, et étendre, la grande réforme du système de santé Obamacare, que le gouverneme­nt républicai­n a tenté d’amoindrir, en créant notamment une nouvelle option de système d’assurance maladie géré par le secteur public, qui concurrenc­erait les assureurs privés.

Le président désigné veut aussi proposer plusieurs mesures permettant d’abaisser le prix des médicament­s, en permettant par exemple aux gérants du programme public d’assurance maladie pour les plus de 65 ans (Medicare) de négocier les prix ou en autorisant les patients à commander des médicament­s à l’étranger.

Les industriel­s

M. Trump a bousculé les relations commercial­es des États-Unis à coups de tarifs douaniers sur des centaines de milliards de marchandis­es, ce qui conduit à la hausse des prix de nombreux produits et à des mesures de rétorsion.

S’il est vrai que M. Biden devrait être plus prévisible sur le sujet que l’actuel locataire de la Maison-Blanche et ses tweets impromptus, sa position ne va pas forcément changer du tout au tout.

Un certain adoucissem­ent des relations avec la Chine, marché clé pour de nombreux secteurs, pourrait être favorable à des entreprise­s comme Boeing.

À plus long terme, M. Biden veut imposer une taxe sur les entreprise­s délocalisa­nt des emplois pour fabriquer des produits vendus aux États-Unis.

Les services aux consommate­urs

Joe Biden souhaite hausser le salaire horaire minimum à 15 dollars, ce qui augmentera­it le pouvoir d’achat des salariés aux bas revenus, mais rognerait les profits de certains secteurs, dans la restaurati­on notamment : les serveurs étant rémunérés en partie par les pourboires, leur salaire minimum est plus bas dans de nombreux États.

Le cannabis

M. Biden a promis de décriminal­iser la consommati­on de cannabis dans le cadre d’une réforme du système pénal.

Il a indiqué sa préférence pour la dépénalisa­tion de sa consommati­on pour usage médical au niveau fédéral, mais pas sa dépénalisa­tion totale.

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DAVID DEE DELGADO GETTY IMAGES/ AGENCE FRANCE-PRESSE Le président désigné, Joe Biden, a fait de la lutte contre la pandémie sa priorité. Le déploiemen­t rapide d’un vaccin, comme celui développé par Pfizer/ BioNTech, pourrait changer les choses.

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