Le Devoir

Le retour en zone orange est hors de portée pour Montréal

- CORONAVIRU­S JEANNE CORRIVEAU

Montréal se maintient sur un plateau « plus qu’inconforta­ble » avec une légère hausse du nombre de cas de COVID19, ce qui fait dire à la directrice régionale de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, que la métropole ne pourra envisager un retour en zone orange à brève échéance.

Le nombre de cas de COVID-19 a augmenté au cours des dernières semaines, passant de 250 à 280 nouveaux cas quotidiens. « Y a-t-il eu des fêtes d’Halloween qu’on ne sait pas ? J’en suis aux hypothèses. Je ne suis pas capable, avec les données, d’identifier des événements précis », a admis la Dre Drouin, qui a fait le point sur la pandémie dans la métropole mercredi. « Il y a peut-être une fatigue de la population. Tranquille­ment, après quatre à six semaines, les gens commencent peut-être à se permettre certains contacts », a-t-elle suggéré.

Parc-Extension demeure un quartier chaud, mais trois secteurs, soit LaSalle, Lachine et Rivière-des-Prairies, ont vu leur taux de positivité doubler au cours de la dernière semaine, a dit la Dre Drouin, qui n’a pas été en mesure de détecter d’éclosions importante­s pouvant expliquer le taux de transmissi­on observé.

La DSP dénombre 369 éclosions sur son territoire, dont 60 % comptent moins de cinq cas. On recense 112 éclosions en milieu scolaire, 36 dans les services de garde, 53 en milieux de travail et 34 dans les milieux de soins. « C’est là qu’on redouble nos efforts, surtout en CHSLD et dans certaines résidences privées pour personnes âgées pour lesquelles on a des éclosions plus importante­s », a souligné la Dre Drouin.

Le 26 octobre dernier, Mylène Drouin avait formulé des recommanda­tions d’assoupliss­ement pour la région de Montréal même si la métropole se trouve toujours en zone rouge. La situation ne s’est pas suffisamme­nt améliorée pour envisager des changement­s importants, a-t-elle reconnu mercredi. Malgré tout, certaines suggestion­s font toujours l’objet de discussion­s, comme la possibilit­é de tenir des rassemblem­ents intérieurs avec deux ménages, l’ouverture de bibliothèq­ues et la pratique de sport. Redéfinir les règles dans les zones rouges est une opération compliquée dans le contexte où plusieurs régions du Québec sont aux prises avec des hausses importante­s de cas de COVID-19, a-t-elle ajouté.

Alcool et pandémie

La pandémie, qui affecte la santé mentale des Québécois, a aussi des répercussi­ons sur leur consommati­on de drogue et d’alcool. Dans le cadre de sondages Web réalisés par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) du 21 mars au 31 mai dernier, le tiers des Montréalai­s sondés qui boivent de l’alcool ont confié avoir augmenté leur consommati­on pendant la pandémie. Cette situation affecte particuliè­rement les jeunes adultes de 18 à 34 ans.

Les buveurs quotidiens représenta­ient 11 % des consommate­urs l’alcool. Cette part est passée à 27 % pendant la pandémie.

Par ailleurs, 37 % des amateurs de cannabis ont indiqué avoir augmenté leur consommati­on pendant la pandémie, alors que 15 % ont plutôt affirmé que celle-ci avait diminué.

« Il faut être préoccupés. Quand on a des enjeux de consommati­on, l’important est d’en prendre conscience, d’être à l’affût dans son entourage et de ne pas hésiter à consulter », a souligné la Dre Drouin. Le nombre de demandes pour des services psychosoci­aux n’a pourtant pas augmenté. « C’est très préoccupan­t », a commenté Sonia Bélanger, p.-d.g. du CIUSSS du CentreSud-de-l’Île-de-Montréal.

Refuge avec alcool

Mme Bélanger a aussi confirmé l’ouverture d’un refuge avec consommati­on d’alcool pour les itinérants dans l’ancien hôpital Royal-Victoria le 1er janvier prochain. Il s’agit d’un projet-pilote mis en place en collaborat­ion avec la Ville de Montréal et la Mission Old Brewery pour les personnes ayant une dépendance sévère à l’alcool. « C’est un programme clinique sous supervisio­n », a-t-elle dit.

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