Le redressement de l’UPAC
Aujourd’hui, la crédibilité de l’UPAC est durement entachée. Les questions du public sont nombreuses et légitimes, et je suis pleinement conscient de la charge qui m’incombe de relever le niveau de confiance envers une organisation avec un si lourd passif. C’est l’existence même de l’UPAC qui est remise en question. Pourtant, la nécessité de combattre le crime de la corruption est toujours aussi essentielle. Il faudrait être naïf pour croire que ces stratagèmes ont disparu : ils se sont surtout transformés et raffinés. Exercer la fonction de commissaire à la lutte contre la corruption nécessite la plus grande indépendance. Cette lutte doit être guidée par des principes fondamentaux, tels que la probité, la transparence et l’honnêteté.
Voilà maintenant un an que j’ai été nommé commissaire à la lutte contre la corruption, à la suite d’un vote unanime des députés de l’Assemblée nationale. Le processus qui a mené à ma nomination a été rigoureux et indépendant de toute influence politique.
Cela dit, je suis conscient de la réalité : l’UPAC traverse présentement une forme de crise existentielle. Nous sommes confrontés à une analyse judiciaire faite en fonction de décisions prises à une autre époque. Nous sommes jugés sur la base de pratiques antérieures et de comportements répréhensibles de personnes qui ont maintenant quitté l’UPAC. Ces décisions du passé viennent donc encore aujourd’hui nous hanter : nous devons en assumer les conséquences, mais nous avons également le devoir de nous relever et de tourner la page.
Cependant, il est fondamental pour moi de distinguer deux choses : l’institution et les individus qui la composent. Le redressement de l’UPAC est amorcé depuis déjà deux ans. Il faudra encore un certain temps pour que les résultats de ce virage soient perceptibles, mais le travail est en cours. Il repose sur des bases solides et des pratiques exemplaires, qui feront réellement évoluer l’institution
À ma demande, une révision complète des dossiers d’enquête en cours a été effectuée par l’équipe d’enquêtes afin de nous assurer de respecter les exigences des tribunaux et les plus hauts standards en matière de preuve.
Nous avons mis en avant des pratiques de gouvernance exemplaires en matière d’intégrité, de transparence et d’éthique.
Nous avons révisé et consolidé la structure organisationnelle, particulièrement en ce qui a trait à la gestion des enquêtes, de manière à assurer une plus grande agilité et une indépendance décisionnelle au commissaire associé aux enquêtes.
Nous avons rétabli des relations basées sur la confiance avec le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) et nos principaux partenaires impliqués dans la lutte contre la corruption.
Nous avons collaboré aux travaux du Comité de surveillance de l’UPAC et assuré un suivi sur l’ensemble des recommandations, notamment celle sur la formation et les compétences des enquêteurs du CLCC.
Toutes ces décisions sont importantes et nous permettent de bien positionner notre mission, nos valeurs et nos priorités pour une nouvelle planification stratégique qui sera effective dès 2021. Cette démarche permet la participation du personnel de l’UPAC, tout comme celle de nos partenaires. Nous demeurons également branchés sur notre environnement et contribuons activement aux diverses réflexions sur l’avenir de la police au Québec.
Je tiens à rassurer la population québécoise : nous sommes rendus ailleurs.
J’ai la conviction que la lutte contre la corruption est essentielle pour notre démocratie. Elle permet d’assurer une saine gestion des deniers publics, notamment dans l’octroi des contrats. Il est vrai que le travail des enquêteurs est de plus en plus ardu, résultat de l’addition de la complexité grandissante des crimes de corruption, du volume des preuves recueillies, de l’évolution du droit et de la complexité du processus judiciaire.
Mais c’est justement ce contexte qui rend l’UPAC indispensable : il nous faut un corps de police spécialisé, qui s’attaque à ces stratagèmes et qui les empêche de s’étendre et de perdurer.
À titre de dirigeant, je suis responsable de la réussite ou de l’échec de l’UPAC. La réforme qui est en cours est nécessaire et impose encore de la patience, pour un certain temps. Mais la rigueur avec laquelle nous menons ce processus ne peut que nous mener à des résultats tangibles, qui auront un impact réel pour l’ensemble des citoyens du Québec.