Grandes attentes pour la relance
Les attentes sont grandes pour la mise à jour économique qui sera présentée jeudi par le ministre des Finances, Eric Girard. Le gouvernement a déjà laissé entendre qu’elle prévoit des sommes importantes pour la relance de l’économie, durement touchée par la pandémie.
« C’est important pour le gouvernement de ne pas choisir les perdants et les gagnants », a affirmé le vice-président pour le Québec de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), François Vincent, en entrevue. Il faut assurer une aide adéquate pour les entreprises qui subissent les contrecoups de la COVID-19. »
Il n’y a pas que les restaurants, les gyms et les lieux culturels fermés en zone rouge qui sont touchés. Les entreprises qui leur fournissaient des biens ou des services le sont tout autant même si elles peuvent rester ouvertes, a-til fait valoir. Selon l’organisme, le Québec est à risque de perdre de 18 000 à 30 000 petites et moyennes entreprises (PME) à cause de la crise, soit de 8 % à 14 % de leur nombre total. « Si on perd ça, disons que ça ne va pas être des conditions gagnantes à une relance économique », a-t-il ajouté.
Le Parti libéral du Québec demande au ministre Girard d’assurer la survie de ces entreprises. « Il y a des PME québécoises qui crient à l’aide présentement, qui n’ont simplement pas accès aux programmes gouvernementaux, a rappelé le député André Fortin. Je pense aux PME qui sont en zone orange, qui ont toujours certains revenus, mais qui ont vu leurs revenus diminuer énormément, entre autres parce que le premier ministre demande à répétition aux Québécois de simplement aller travailler, d’aller à l’école et de revenir à la maison. »
C’est ce que souhaite également le Parti québécois, qui estime que le gouvernement devrait se doter de mesures faciles à déployer, contrairement à celles qui sont présentement en vigueur. « Ce n’est pas uniforme, donc c’est à géométrie variable en fonction des différents programmes que tu as ciblés, a expliqué le député Martin Ouellet. Ce n’est pas les mêmes formulaires, ce n’est pas au même endroit que tu demandes de l’aide. »
Reste que l’exercice du ministre Eric Girard n’est pas simple. Il doit à la fois réconcilier l’atteinte des cibles d’endettement pour 2026 avec l’accroissement des dépenses dû à la pandémie alors qu’il fait face à de multiples sources d’incertitude, rappelle l’économiste Pierre Fortin. « Comme le dirait Diane Dufresne, il va faire son maudit gros possible », a-t-il lancé à la blague.
« Je ne sais pas combien va coûter la deuxième vague, combien coûterait une troisième vague avant qu’on ait un vaccin, puis je ne sais pas à quel rythme l’économie nord-américaine dans laquelle on est incrustés va être capable de revenir à son plein potentiel, a-t-il énuméré. Si c’est trop lent, il va devoir dépenser plus. »
Québec solidaire avait proposé au ministre, sans succès, un « impôt de pandémie » qui aurait consisté à piger dans les poches des grandes enseignes commerciales pour renflouer les coffres de l’État. Le ministre Girard refuse toute hausse de taxe ou d’impôt et mise plutôt sur une augmentation du transfert fédéral en santé. « Il vient d’abattre toutes ses cartes avec le fédéral, qui meurt d’envie d’imposer des standards nationaux aux provinces », a dit le député Vincent Marissal.
Le Québec, qui nageait dans les surplus avant la pandémie, a accumulé un déficit de 15 milliards de dollars depuis. Le ministre Girard avait indiqué il y a quelques semaines que l’aide d’Ottawa « aiderait certainement à résorber le déficit ».