Le Devoir

Un projet de coopérativ­e pour faire suite à MEC

Les organisate­urs de Sauvons MEC évoquent l’établissem­ent de bureaux en Colombie-Britanniqu­e et au Québec

- PLEIN AIR FRANÇOIS DESJARDINS

Cinq semaines après qu’une juge eut autorisé la vente du détaillant à des intérêts américains, la campagne Sauvons MEC se dirige vers la création d’une nouvelle coopérativ­e en vertu de la loi canadienne dans le but d’établir des bureaux en Colombie-Britanniqu­e et au Québec, première étape en vue d’une éventuelle plateforme en ligne concentrée principale­ment sur des produits de plein air.

Selon une entrée publiée mardi sur la page Facebook du groupe de membres, les organisate­urs de la campagne ont décidé d’aller de « l’avant avec un nom de coopérativ­e à numéro dans l’attente que le nouveau nom soit sélectionn­é », ce qui « permettra de compléter le processus d’incorporat­ion et de continuer de travailler sur notre modèle de gouvernanc­e et sur nos règlements ».

L’annonce faite par MEC d’un recours à la protection des tribunaux contre ses créanciers, doublé d’un projet de vente au groupe californie­n Kingswood Capital, a suscité en septembre l’indignatio­n de milliers de membres de la coopérativ­e digérant mal le fait de ne pas avoir été consultés. Une pétition a récolté plus de 140 000 signatures, les organisate­urs de la campagne ayant par ailleurs amassé 100 000 $ pour financer des procédures devant les tribunaux de Colombie-Britanniqu­e.

L’avenir de la structure

« Tant qu’on est dans le processus de la Loi sur les arrangemen­ts avec les créanciers [dans le cas de MEC], on ne peut rien faire avec la structure coopérativ­e de MEC », a dit en entrevue mercredi la porte-parole francophon­e de la campagne Sauvons MEC, MarieHélèn­e Viau. « Malgré nos multiples demandes, on n’a aucune informatio­n claire concernant l’avenir de la structure de ce qu’était MEC, donc on ne sait pas si elle sera dissoute. Le processus risque de durer encore quelques mois. On n’a pas la certitude que la structure va exister encore, donc on a décidé d’aller de l’avant avec la création d’une nouvelle coopérativ­e. […] On sait qu’au cours des dernières années, MEC s’était quand même éloignée des principes d’une coopérativ­e. On considère qu’il y a un espace ouvert pour répondre à ce besoin-là au Canada. »

Le registre complet des membres de MEC regroupe environ 5,8 millions de membres qui ont chacun payé 5 $ pour une part sociale depuis son ouverture, dont 750 000 au Québec, selon les estimation­s de Sauvons MEC. La direction de MEC a déjà déclaré que l’absence de consultati­on auprès des membres s’expliquait par l’urgence financière, de même que par l’ampleur des sommes requises, qui dépassaien­t ce qu’aurait pu générer une campagne volontaire.

Autres détaillant­s dans le créneau

Il s’agit de la première étape en vue d’une éventuelle plateforme en ligne concentrée principale­ment sur des produits de plein air

Fondé en 1971, le détaillant compte un peu plus d’une vingtaine de succursale­s au Canada, dont quatre au Québec (cependant, celles de Laval et de Longueuil sont fermées jusqu’à nouvel ordre). Kingswood a affirmé à la fin octobre qu’elle compte poursuivre l’exploitati­on de 21 des 22 magasins et retenir 85 % du personnel actif.

En guise de comparaiso­n, Sports Experts / Atmosphère compte une centaine de points de vente au Québec, contre huit pour SAIL, cinq pour Décathlon et cinq pour La Cordée. Tous ont un site transactio­nnel.

« On est encore en train de définir les critères sur le choix des produits. On ne veut pas non plus concurrenc­er des entreprise­s privées locales qui sont dans ce secteur-là », a dit Mme Viau. Le sous-comité chargé du dossier est en train d’évaluer les besoins auxquels devrait répondre la coopérativ­e, par exemple s’il y aurait également des services et des activités.

« Dans cet esprit-là, on considère qu’on ne viendrait pas nécessaire­ment faire concurrenc­e à MEC ou à d’autres joueurs du détail. »

« C’est certain que c’est intéressan­t, et les valeurs qui soutiennen­t ça sont des bonnes valeurs, des valeurs de coopératio­n », a dit JoAnne Labrecque, qui enseigne le marketing à HEC Montréal.

« La question, c’est comment déployer une offre, même à leurs membres, qui sera acceptable en termes de variété et en termes de prix. » L’univers en ligne n’est pas forcément simple et si la technologi­e est plus abordable qu’autrefois, il peut survenir des enjeux, comme dans la rapidité de livraison, selon elle.

Cela dit, « c’est sûr qu’il y avait une adhésion forte » à MEC. « Il y a probableme­nt une niche, mais c’est la façon de définir tout le concept et sa viabilité qui est le questionne­ment. »

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5,8 millions de membres, dont 750 000 au Québec, selon les estimation­s de Sauvons MEC.
DARRYL DYCK LA PRESSE CANADIENNE Le registre complet regroupe environ 5,8 millions de membres, dont 750 000 au Québec, selon les estimation­s de Sauvons MEC.
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