Un projet de coopérative pour faire suite à MEC
Les organisateurs de Sauvons MEC évoquent l’établissement de bureaux en Colombie-Britannique et au Québec
Cinq semaines après qu’une juge eut autorisé la vente du détaillant à des intérêts américains, la campagne Sauvons MEC se dirige vers la création d’une nouvelle coopérative en vertu de la loi canadienne dans le but d’établir des bureaux en Colombie-Britannique et au Québec, première étape en vue d’une éventuelle plateforme en ligne concentrée principalement sur des produits de plein air.
Selon une entrée publiée mardi sur la page Facebook du groupe de membres, les organisateurs de la campagne ont décidé d’aller de « l’avant avec un nom de coopérative à numéro dans l’attente que le nouveau nom soit sélectionné », ce qui « permettra de compléter le processus d’incorporation et de continuer de travailler sur notre modèle de gouvernance et sur nos règlements ».
L’annonce faite par MEC d’un recours à la protection des tribunaux contre ses créanciers, doublé d’un projet de vente au groupe californien Kingswood Capital, a suscité en septembre l’indignation de milliers de membres de la coopérative digérant mal le fait de ne pas avoir été consultés. Une pétition a récolté plus de 140 000 signatures, les organisateurs de la campagne ayant par ailleurs amassé 100 000 $ pour financer des procédures devant les tribunaux de Colombie-Britannique.
L’avenir de la structure
« Tant qu’on est dans le processus de la Loi sur les arrangements avec les créanciers [dans le cas de MEC], on ne peut rien faire avec la structure coopérative de MEC », a dit en entrevue mercredi la porte-parole francophone de la campagne Sauvons MEC, MarieHélène Viau. « Malgré nos multiples demandes, on n’a aucune information claire concernant l’avenir de la structure de ce qu’était MEC, donc on ne sait pas si elle sera dissoute. Le processus risque de durer encore quelques mois. On n’a pas la certitude que la structure va exister encore, donc on a décidé d’aller de l’avant avec la création d’une nouvelle coopérative. […] On sait qu’au cours des dernières années, MEC s’était quand même éloignée des principes d’une coopérative. On considère qu’il y a un espace ouvert pour répondre à ce besoin-là au Canada. »
Le registre complet des membres de MEC regroupe environ 5,8 millions de membres qui ont chacun payé 5 $ pour une part sociale depuis son ouverture, dont 750 000 au Québec, selon les estimations de Sauvons MEC. La direction de MEC a déjà déclaré que l’absence de consultation auprès des membres s’expliquait par l’urgence financière, de même que par l’ampleur des sommes requises, qui dépassaient ce qu’aurait pu générer une campagne volontaire.
Autres détaillants dans le créneau
Il s’agit de la première étape en vue d’une éventuelle plateforme en ligne concentrée principalement sur des produits de plein air
Fondé en 1971, le détaillant compte un peu plus d’une vingtaine de succursales au Canada, dont quatre au Québec (cependant, celles de Laval et de Longueuil sont fermées jusqu’à nouvel ordre). Kingswood a affirmé à la fin octobre qu’elle compte poursuivre l’exploitation de 21 des 22 magasins et retenir 85 % du personnel actif.
En guise de comparaison, Sports Experts / Atmosphère compte une centaine de points de vente au Québec, contre huit pour SAIL, cinq pour Décathlon et cinq pour La Cordée. Tous ont un site transactionnel.
« On est encore en train de définir les critères sur le choix des produits. On ne veut pas non plus concurrencer des entreprises privées locales qui sont dans ce secteur-là », a dit Mme Viau. Le sous-comité chargé du dossier est en train d’évaluer les besoins auxquels devrait répondre la coopérative, par exemple s’il y aurait également des services et des activités.
« Dans cet esprit-là, on considère qu’on ne viendrait pas nécessairement faire concurrence à MEC ou à d’autres joueurs du détail. »
« C’est certain que c’est intéressant, et les valeurs qui soutiennent ça sont des bonnes valeurs, des valeurs de coopération », a dit JoAnne Labrecque, qui enseigne le marketing à HEC Montréal.
« La question, c’est comment déployer une offre, même à leurs membres, qui sera acceptable en termes de variété et en termes de prix. » L’univers en ligne n’est pas forcément simple et si la technologie est plus abordable qu’autrefois, il peut survenir des enjeux, comme dans la rapidité de livraison, selon elle.
Cela dit, « c’est sûr qu’il y avait une adhésion forte » à MEC. « Il y a probablement une niche, mais c’est la façon de définir tout le concept et sa viabilité qui est le questionnement. »