Le Devoir

Dans l’attente d’une résidence permanente

Appuyés par les partis d’opposition, ils manifesten­t contre les longs délais

- LISA-MARIE GERVAIS

Exaspérées par l’explosion des délais de traitement de la résidence permanente, plus d’une centaine de personnes ont manifesté à Montréal et à Québec pour réclamer que les gouverneme­nts tiennent leurs promesses. Appuyées par les députés fédéraux et provinciau­x de plusieurs partis d’opposition, ces personnes, originaire­s de divers pays, dont beaucoup de francophon­es, seraient des dizaines de milliers dans cette situation.

Vivant ici depuis plusieurs années, ces travailleu­rs qualifiés ont postulé à la résidence permanente via le programme du même nom pour pouvoir s’installer au Québec pour de bon. À l’heure actuelle, plus de 27 000 dossiers — un dossier peut représente­r plus d’une personne — sont en traitement à Immigratio­n Canada, selon les chiffres l’Associatio­n québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigratio­n (AQAADI). C’est sans compter tous ceux qui n’ont jamais reçu d’accusé de réception et l’attendent depuis parfois plus d’un an, comme le rapportait Le Devoir le mois dernier.

« On a toujours essayé de se battre de tous les côtés, mais on est rendus à faire une action collective forte pour dire “Nous sommes là ! Nous avons besoin d’aide !” », a déclaré Anne-Sophie Spiranski, qui est au Québec depuis 2014 et qui attend depuis plus de 20 mois sa résidence permanente.

Pour les membres de deux groupes organisate­urs, « Où sont nos dossiers de résidence permanente ? » et « Le Québec c’est nous aussi », tous ces dossiers en attente d’une réponse sont autant de projets de vie en suspens. Certains n’ont pas accès à des services bancaires, à des assurances ou même à un permis de conduire. « On a six revendicat­ions, mais les deux plus importante­s concernent [l’octroi] d’accusés de réception, nécessaire­s pour accéder par exemple à la RAMQ, et la possibilit­é d’avoir un permis de travail ouvert », explique Mme Spiranski.

Selon elle, les délais actuels seraient de 26 mois, mais elle constate que sur le terrain, des personnes attendent depuis au-delà de 31 mois.

La faute à Québec ou à Ottawa ?

Selon des sources fédérales au fait du dossier, c’est Québec qui aurait demandé à Immigratio­n Canada de ralentir sa cadence, les quotas étant atteints. Le cabinet de la ministre de l’Immigratio­n, Nadine Girault, dément ces affirmatio­ns. « Le Québec n’a jamais demandé au gouverneme­nt fédéral de cesser de traiter les dossiers. Au contraire, on demande depuis plusieurs mois à [Immigratio­n Canada] d’accélérer le traitement des dossiers des candidats et candidates déjà sur place », a déclaré l’attachée de presse de la ministre, Flore Bouchon.

Ni le ministère de l’Immigratio­n du Canada ni le ministre titulaire, Marco Mendicino, n’ont répondu aux questions du Devoir dans les délais impartis.

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