Le Devoir

Le Canada pourrait bientôt atteindre 10 000 cas par jour

Trudeau invite ses homologues provinciau­x à redoubler d’ardeur dans leur combat contre la pandémie

- HÉLÈNE BUZZETTI CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À OTTAWA

La Santé publique du Canada lance un cri d’alarme. Si rien n’est fait, le nombre de cas quotidiens de COVID-19 pourrait plus que doubler au pays et atteindre le seuil des 10 000 par jour d’ici trois semaines, ce qui embourbera­it les réseaux de santé provinciau­x.

L’administra­trice en chef de la Santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, a rappelé que, déjà, des interventi­ons médicales non urgentes étaient reportées à cause de la COVID. Et ce, alors que le nombre quotidien de cas de la maladie a été d’environ 4300 en moyenne cette semaine. « Vous pouvez imaginer que, si on atteint ce niveau [de 10 000], la pression sur le réseau de santé sera énorme, a déclaré la Dre Tam. C’est sûr qu’on ne fera pas de chirurgies de routine, et le personnel médical qui est déjà épuisé sera poussé à bout. On n’a qu’à regarder en Europe pour envisager les effets que cela aurait. »

Ressources limitées

Le premier ministre Justin Trudeau s’inquiète lui aussi de cette recrudesce­nce de cas. Il a d’ailleurs invité ses homologues provinciau­x à redoubler d’ardeur dans leur combat contre la pandémie lors de son appel avec eux jeudi soir. « Je leur ai donné l’assurance que le gouverneme­nt fédéral sera toujours là pour aider, mais je leur ai aussi rappelé que les ressources ne sont pas infinies », a-t-il relaté en point de presse vendredi.

La quantité de personnel de la CroixRouge est limitée tout comme le nombre de téléphonis­tes fédéraux pouvant épauler les provinces pour faire de la recherche de contacts, a précisé M. Trudeau. « On pourrait devoir faire face à des choix extrêmemen­t difficiles entre aider une région plutôt qu’une autre avec les ressources fédérales. […] On veut être là pour tout le monde, mais on n’a pas nécessaire­ment les capacités physiques de gérer une crise qui s’en va de pire en pire. » Le déploiemen­t de la Croix-Rouge dans les CHSLD du Québec sera néanmoins prolongé jusqu’au 15 janvier.

M. Trudeau répète toutefois que, sur le plan financier, son gouverneme­nt répondra toujours « présent » lorsqu’il s’agit de soutenir les citoyens. Dans le même ordre d’idées, sa ministre de l’Emploi, Carla Qualtrough, a indiqué que, si Québec décidait de fermer les écoles plus longtemps à Noël pour contenir la pandémie, les parents se retrouvant dans l’obligation de rester à la maison pour s’occuper de leur progénitur­e se qualifiera­ient à la nouvelle Prestation canadienne de la relance économique pour proches aidants. Cette prestation de 500 $ par semaine, imposable, est disponible pour un maximum de 26 semaines.

« Si l’école ferme pour une raison normale, comme les vacances de Noël, ça ne vous rend pas admissible aux prestation­s, a précisé la ministre. Mais si on décide, en se basant sur l’expertise de la santé publique, qu’on doit fermer les écoles pour des raisons de COVID, alors bien sûr que les personnes seront admissible­s aux prestation­s de la relance économique pour les proches aidants. »

M. Trudeau a cependant refusé de s’engager à augmenter les transferts fédéraux en santé comme le réclament les provinces. Celles-ci ont récemment revu leur demande à la hausse et exigent maintenant que le transfert passe de 42 à 70 milliards de dollars l’an prochain, soit une hausse de 67 %.

M. Trudeau s’est seulement engagé à rencontrer ses homologues provinciau­x pour discuter de la question « au cours des 10 premiers jours de décembre ».

Formation profession­nelle

Par ailleurs, prenant acte que certains travailleu­rs devront peut-être envisager un changement de carrière à cause de la pandémie, Ottawa a annoncé qu’il bonifiait de 50 % ses transferts aux provinces destinés à la formation de la main-d’oeuvre. Ils passeront de 3,4 à 4,9 milliards de dollars. Le gain pour le Québec sera de 303 millions de dollars.

Cette enveloppe sera destinée en priorité aux « Canadiens des groupes sous-représenté­s », comme les Autochtone­s, les femmes et les personnes handicapée­s, ainsi qu’à ceux des secteurs les plus durement touchés par la pandémie, comme les transports, le tourisme et l’hôtellerie. Cette aide prendra la forme de formation profession­nelle, d’orientatio­n profession­nelle, d’aide financière et d’aide à l’emploi. Les provinces demeureron­t responsabl­es de l’utilisatio­n des fonds et disposeron­t, selon Ottawa, de la « flexibilit­é » nécessaire pour choisir les actions prioritair­es.

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SEAN KILPATRICK LA PRESSE CANADIENNE La quantité de personnel de la Croix-Rouge est limitée tout comme le nombre de téléphonis­tes fédéraux pouvant épauler les provinces pour faire de la recherche de contacts, a expliqué Justin Trudeau, vendredi.

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