Le Devoir

Des résultats qui semblent se stabiliser pour Hydro-Québec

- FRANÇOIS DESJARDINS

La provision pour risque de non-recouvreme­nt semble se diriger en 2020 vers un niveau jamais vu dans l’histoire d’Hydro-Québec, soit 170 à 180 millions, a indiqué sa direction vendredi en dévoilant des résultats du troisième trimestre qui suggèrent quand même une stabilisat­ion de sa situation financière après la reprise économique observée ici et dans ses marchés d’exportatio­n.

Le bénéfice de la société d’État s’est chiffré à 203 millions au cours du troisième trimestre, un montant semblable à celui de la même période en 2019. Pour les neuf premiers mois de l’année, a-t-elle précisé toutefois, le bénéfice net est en baisse de 435 millions, à 1,8 milliard, et il demeure difficile de prédire les effets de la crise de la COVID-19 « à court et à plus long terme ».

« Au 30 septembre, nous estimons que la pandémie a entraîné des pertes de l’ordre de 350 millions, mais nos résultats financiers semblent s’être stabilisés. Compte tenu de la seconde vague de la pandémie, il est impossible d’estimer de façon précise la durée et l’étendue de la crise sanitaire, et l’ampleur du bouleverse­ment économique qui suivra », a indiqué lors d’une conférence téléphoniq­ue son vice-président directeur et chef de la direction financière, Jean-Hugues Lafleur. La société d’État « continue de travailler sur des initiative­s visant à atténuer l’impact de la crise sur l’économie et sur les résultats ».

Hydro-Québec a fait passer à 114 millions sa provision liée au risque de non-recouvreme­nt, comparativ­ement à 81 millions en juin 2020 et à 60 millions à la fin du troisième trimestre de 2019. Cette somme mise de côté pourrait fort bien augmenter. Bon an mal an, a dit M. Lafleur, Hydro-Québec se dote d’une provision de 90 millions pour les mauvaises créances sur des ventes totales d’environ 12 milliards.

« Territoire inconnu »

« On se dirige vers [une provision de] 170 ou 180 millions, presque le double de l’an dernier, a dit M. Lafleur. C’est difficile de voir comment ça va évoluer, parce que c’est une provision qui dépend beaucoup des programmes gouverneme­ntaux en place. C’est clair que la journée où les programmes disparaiss­ent, peut-être que ça va s’accentuer. » Invité à mettre ce montant en perspectiv­e, il a précisé plus tard qu’« on est en territoire inconnu », même par rapport à 2009. La société a mis en place des mesures pour atténuer l’impact de la crise sur ses clients qui se trouvent en difficulté, a-t-il rappelé.

Hydro-Québec s’attendait avant la pandémie à réaliser un bénéfice net de 2,8 milliards en 2020. Selon les dernières prévisions, « on terminerai­t avec 2,3 milliards ou un peu plus, donc 500 millions de moins », a dit M. Lafleur. Le gouverneme­nt surveille ces données de très près, car selon la loi, Hydro-Québec lui verse 75 % de son bénéfice net sous forme de dividende.

La consommati­on d’électricit­é au Québec a diminué de 4 % depuis l’instaurati­on des mesures sanitaires, a indiqué Hydro-Québec vendredi. Entre autres, celle du secteur résidentie­l a grimpé de 5 %, mais celle du secteur des grands industriel­s s’est repliée de 9 %. Dans le secteur commercial, institutio­nnel et des petits industriel­s, la baisse se chiffre à 8 %.

Sur les neuf premiers mois de l’année, les ventes nettes d’électricit­é ont reculé de 107 millions au Québec, ce qui comprend aussi l’effet d’un hiver 2020 plus doux que l’an dernier. Dans les marchés hors Québec, les ventes ont diminué de 151 millions. De manière générale, les revenus ont atteint 10,02 milliards, comparativ­ement à 10,3 millions en 2019.

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GRAHAM HUGHES LA PRESSE CANADIENNE La consommati­on d’électricit­é au Québec a diminué de 4 % depuis la pandémie.

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