Le Devoir

Raqqa, ville à réinventer

Portrait de la comairesse de l’ex-capitale syrienne du groupe EI, en mission pour reconstrui­re sa ville

- AMÉLIE GAUDREAU

80 %. C’est la proportion de la ville de Raqqa, ex-capitale syrienne du groupe terroriste djihadiste État islamique (EI), qui était détruite après qu’elle fut libérée par les Forces démocratiq­ues syriennes, soutenues par la coalition internatio­nale, en septembre 2017, après de longs mois de combats sanglants. Depuis, cette cité en ruine sur les bords de l’Euphrate est administré­e par deux maires : un Arabe et une Kurde. C’est cette dernière, Leila Mustapha, que nous fait découvrir ce documentai­re sélectionn­é pour l’édition 2020 du Festival de Cannes sous le titre Neuf jours à Raqqa.

Ce film de Xavier de Lauzanne (Les

pépites) relate la série d’entretiens menés par la journalist­e et écrivaine Marine de Tilly en 2019 pour l’écriture d’un livre (paru cet automne sous le titre La femme, la vie, la liberté chez Stock) avec cette jeune trentenair­e, ingénieure de formation, musulmane et kurde, non voilée et sans appartenan­ce politique, qui travaille d’arrache-pied pour ranimer et restaurer sa ville, au risque de sa propre vie. Depuis que les Américains ont retiré leurs troupes, des membres du groupe EI sont redevenus actifs dans la région.

La peur de l’attentat est omniprésen­te au cours des entrevues de fond qu’accorde cette mairesse fonceuse, mais prudente, investie dans sa mission de redonner une certaine qualité de vie aux habitants de sa ville, de permettre à ceux qui se sont exilés de revenir, et d’effacer les stigmates profonds de l’occupation du groupe État islamique, difficile à oublier. Il en résulte le portrait poignant d’une femme courage face à un défi herculéen, consciente de ses limites, mais décidée à les dépasser, qui se termine sur des notes d’espoir.

Raqqa, une femme après Daech Planète+, dimanche, 19 h 30

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