Les énergies vertes en priorité
(PEV) s’ajoutent aux quelque 15 milliards prévus au Plan québécois des infrastructures, qui doit « maximiser les investissements » dans le transport collectif au cours de la prochaine décennie.
Accompagner l’industrie
Cette version récente du « plan de mise en oeuvre » stipule par ailleurs que le gouvernement Legault compte injecter plus de 840 millions de dollars de fonds publics sur une période de cinq ans afin d’« accompagner » les entreprises du secteur industriel, mais aussi appuyer la « conversion énergétique ». Le plan n’indique aucune cible précise en ce sens, même si le secteur compte pour le tiers des émissions de GES du Québec, mais il réserve plus de 600 millions pour des « incitatifs aux projets en efficacité énergétique et en conversion énergétique ».
Dans le domaine du bâtiment, on espère « réduire d’au moins 50 % » les émissions de GES. Selon les « cibles » recensées, les nouveaux bâtiments commerciaux et industriels « miseront prioritairement sur l’électricité et autres énergies renouvelables pour le chauffage principal » d’ici 2030. Pour ces mêmes bâtiments, il est question de remplacer les appareils de chauffage « en fin de vie utile fonctionnant au mazout, dès 2025, et au gaz naturel, dès 2030 ». Québec a des projets similaires dans le secteur résidentiel.
D’autres mesures de réduction des GES sont prévues en agriculture, dans la gestion des matières résiduelles et en foresterie. Québec promet en fait de « capter plus de carbone dans nos forêts » en misant sur le reboisement. Disant vouloir « construire l’économie de demain », le gouvernement entend « appuyer le développement de la filière de l’électrification des transports », mais aussi augmenter de 50 % la production de « bioénergies » d’ici 2030.
Considérée comme une priorité par plusieurs experts, l’adaptation aux impacts des bouleversements climatiques est aussi inscrite dans le plan Legault. Près de 300 millions de dollars y seront consacrés d’ici 2026. La liste détaillée comprend un « plan de protection » contre les inondations, des mesures pour réduire les îlots de chaleur et l’évaluation de la « vulnérabilité » des infrastructures (transport, production d’énergie, eau potable, etc.). Une cartographie complète des zones côtières menacées doit également être parachevée en 2025.
Plan insuffisant
Le plan de mise en oeuvre obtenu par Le Devoir ne précise pas les cibles de réduction des GES attendues pour chacun des investissements prévus pour la période 2021-2026. Le gouvernement Legault espère réduire les émissions de 37,5 % d’ici 2030, par rapport à 1990, puis viser la « carboneutralité » à l’horizon 2050. Or, la réduction se situe aujourd’hui à 8,7 %, alors qu’il était prévu qu’elle atteigne 20 % en 2020.
Selon des informations publiées au cours des derniers jours par Le Journal de Québec et par Radio-Canada, tout indique que le PEV serait insuffisant pour atteindre la cible fixée pour 2030. Concrètement, le gouvernement aurait précisé à peine 40 % des réductions de GES nécessaires pour respecter cette cible, qui est par ailleurs moins ambitieux que ce qu’exige la science climatique internationale.
Titulaire de la chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau estime que l’atteinte des objectifs climatiques passe d’abord par une réduction de la demande énergétique en transport, dans les bâtiments et dans l’industrie. Il met d’ailleurs en garde contre la tentation de miser sur « l’électrification de la voiture solo ». « Cela nous ancre davantage dans la configuration actuelle, où l’étalement urbain prévaut. Il vaudrait mieux commencer par une politique d’aménagement du territoire forte, une politique de mobilité transformatrice, et ensuite prévoir une électrification des véhicules. »