Il faut des demi-classes pour réduire le nombre d’éclosions
La question de la faisabilité des demi-classes a été posée deux fois au premier ministre François Legault par les journalistes lors du point de presse du 12 novembre. La première fois, il a répondu qu’il ne pensait pas que des enfants du primaire pourraient s’acquitter d’une telle tâche à la maison, comme le font les élèves plus vieux. La deuxième fois, il a répondu que cela prendrait deux fois plus de locaux et deux fois plus d’enseignants. C’est faux.
Cette deuxième réponse a été donnée par le premier ministre comme argument massue, je crois, dans l’espoir qu’on passe à autre chose. Son non-verbal était d’ailleurs assez éloquent : quand il serre ses lèvres en les ramenant vers l’avant après avoir parlé, c’est parce qu’il est irrité de l’intervention d’un journaliste ou qu’il désire se montrer plus autoritaire.
J’explique maintenant pourquoi il est faux de prétendre que ça prendrait deux fois plus de locaux et deux fois plus d’enseignants. D’abord, je le comprenais ainsi moi-même il y a un mois, mais ensuite, à la lecture d’articles dans les journaux, j’ai constaté qu’il s’agit plutôt de la mise en place suivante : l’enseignant reçoit la moitié du groupe en classe pendant, je dis bien pendant, que l’autre moitié du groupe assiste à la prestation de cours à la maison, prestation de cours qui est filmée. Évidemment, cela prendrait un équipement adéquat et entraînerait une dépense subséquente. C’est, je crois, la véritable raison du refus du premier ministre à ce sujet, sinon pourquoi l’Ontario, le Danemark et l’Italie, entre autres, y seraient-ils parvenus, eux ?
Évidemment, pour les enfants du premier cycle du primaire, il faudrait idéalement la supervision d’un adulte. Ce n’est pas simple, mais c’est faisable. Mais dans le cas contraire, un enfant qui a besoin d’un encadrement constant pourrait être autorisé à toujours faire partie du demigroupe en classe, pourvu qu’un enfant très autonome, et avec le consentement des parents, fasse partie du demi-groupe à la maison pour une période donnée et qu’on lui permette de réintégrer la classe par la suite, en lui substituant un autre élève pour une autre période de temps définie, afin que le premier volontaire n’ait pas à suivre ses cours seul pendant des mois, ce qui ne serait pas raisonnable, on en convient. Mais encore là, il faudrait savoir comment s’y prennent l’Ontario et les pays qui appliquent cette approche. Je crois qu’on pourrait donc envisager un système d’alternance au sein de demi-groupes, à défaut de pouvoir maintenir intacts les mêmes demi-groupes en tout temps.
Lucie Dubois, professeure à la retraite
Verdun, le 13 novembre 2020