Le Devoir

Confusion sur les réunions

L’interpréta­tion erronée d’un arrêté ministérie­l laissait croire que des groupes de 250 personnes pouvaient se réunir en zone rouge

- ULYSSE BERGERON

Il faut que tous les ministères mettent la main à la pâte pour transmettr­e les consignes de santé

» publique MARIE-FRANCE RAYNAULT

Un arrêté ministérie­l a semé la confusion dans l’industrie touristiqu­e mercredi. Des associatio­ns et des entreprise­s ont cru pouvoir organiser des réunions de 250 personnes lors d’événements jugés essentiels. Le ministère de la Santé a rectifié le tir : aucun rassemblem­ent d’une telle ampleur n’est permis en zone rouge.

Tout a commencé par une simple communicat­ion envoyée la semaine dernière à des membres de l’Associatio­n des profession­nels de congrès du Québec (APCQ). Dans une volonté de clarifier un arrêté ministérie­l du 22 octobre, le président Gilber Paquette y indiquait que le gouverneme­nt québécois permettait aux « salles louées » de tenir des réunions.

Il écrivait : « Ainsi, sans égard à la couleur de la zone, il est possible de tenir dans vos établissem­ents des réunions spécifique­s d’un maximum de 250 personnes, incluant les zones rouges. »

Selon l’interpréta­tion, reprise par la suite dans l’industrie, le gouverneme­nt donnait ainsi le feu vert aux réunions organisées par des ordres profession­nels, des syndicats et des associatio­ns de cadres, entre autres, mais aussi par ses ministères et des organismes publics comme la SAAQ.

En fin de matinée mercredi, la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a publié des précisions sur son compte Twitter : « Les activités de nature événementi­elle, sociale ou de tourisme d’affaires sont interdites. » Elle indiquait toutefois

que des rencontres jugées essentiell­es pouvaient être organisées, mais que le nombre de participan­ts devait être minimal et ne pouvait dépasser 250 personnes.

Le gazouillis a été effacé quelques heures plus tard. Entre-temps, le ministère de la Santé et des Services sociaux avait rectifié le tir dans un communiqué intitulé « Les rassemblem­ents de 250 personnes ne sont pas permis en zone rouge ».

« Les rassemblem­ents sont toujours interdits dans les salles louées et les salles communauta­ires dans les régions se trouvant au palier d’alerte maximale (rouge). Il en va de même pour les auditoires et audiences dans un lieu public intérieur. » Seules les activités « essentiell­es à la poursuite des activités d’une organisati­on publique ou privée pourraient être autorisées dans des situations très rares et exceptionn­elles ».

Et dans de telles circonstan­ces, le nombre de personnes présentes doit évidemment être limité au minimum nécessaire et une distance de deux mètres doit être gardée entre les personnes.

Cette « erreur de parcours de communicat­ion » de la part du ministère du Tourisme « n’aide pas à la cohérence du message », estime la Dre Marie-France Raynault, cheffe du départemen­t de santé publique et médecine préventive du CHUM.

« Il faut que tous les ministères mettent la main à la pâte pour transmettr­e les consignes de santé publique, dit la médecin. Il ne faut pas juste faire une lecture légale du décret. »

Elle rappelle que l’esprit de l’arrêté est de « tenir des activités essentiell­es » au fonctionne­ment d’une entreprise ou d’un syndicat, par exemple. « Ça doit être le plus restreint possible et uniquement des activités incontourn­ables », souligne la Dre Marie-France Raynault

Hier, la confusion était d’ailleurs palpable dans les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie. Le Devoir s’est entretenu avec des dirigeants d’établissem­ents qui, tout d’abord réjouis de pouvoir accueillir des groupes d’une vingtaine, voire une cinquantai­ne, de personnes, ont rapidement déchanté.

Directeur de Tourisme Montérégie, Mario Leblanc estime que deux éléments sont actuelleme­nt essentiels pour l’industrie : la prévisibil­ité et la clarté. Il minimise par contre l’effet de la confusion. « Je ne crois pas que les différente­s interpréta­tions des derniers jours ont réellement affecté l’industrie. »

Mieux vaut réajuster le tir en phase de communicat­ion plutôt que de revenir sur une décision quelques semaines plus tard, avance-t-il. Son de cloche similaire de la part d’Ève Paré, p.-d.g. de l’Associatio­n des hôtels du Grand Montréal : « Nous sommes en pandémie et il y a des zones d’interpréta­tion. »

Palais des congrès

Notons par ailleurs que des établissem­ents prévoient d’accueillir des examens de fin de session d’établissem­ents universita­ires. Dans les derniers jours, Polytechni­que Montréal a confirmé la tenue d’examens en présence au Palais des congrès de Montréal.

Les examens occuperont environ 10 % de l’espace réservé afin d’assurer deux mètres de distance entre chaque table. Le port du masque chirurgica­l (ou de procédure) sera obligatoir­e et fourni, a rappelé Polytechni­que.

Or, la décision de Polytechni­que Montréal soulève des inquiétude­s parmi les étudiants. Compte tenu des 1000 infections ou plus rapportées chaque jour au Québec, des étudiants estiment que le principe de précaution devrait mener à des examens virtuels, surtout que les cours sont principale­ment à distance.

La décision de tenir les examens au Palais des congrès « n’est pas improvisée et elle a été prise en concertati­on avec les différente­s instances et parties prenantes […] y compris des représenta­ntes et des représenta­nts de notre population étudiante », a déclaré par courriel Chantal Cantin, directrice des communicat­ions de Polytechni­que.

« Nous devons composer avec une réalité : l’Ordre des ingénieurs du Québec délègue aux université­s la responsabi­lité de toutes les évaluation­s donnant droit à l’Ordre, ce qui comporte certaines obligation­s de résultat, précise-t-elle.

« Il est vrai que, pour certains, tant les examens en présence que l’utilisatio­n de logiciels de télésurvei­llance, ça les rend anxieux, constate Chantal Cantin. La tenue d’examens à distance n’est pas une panacée et peut en désavantag­er plus d’un, en raison des limites de bande passante, de la surcharge des réseaux et des limites des systèmes. »

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GRAHAM HUGHES LA PRESSE CANADIENNE Dans les derniers jours, Polytechni­que Montréal a confirmé la tenue d’examens en présence au Palais des congrès de Montréal.

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