Le Devoir

Une immunité plus longue que prévu

L’immunité contre la COVID-19 pourrait durer très longtemps, selon une étude

- BENOÎT LEGAULT

Les bonnes nouvelles se bousculent dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 : après les deux vaccins prometteur­s annoncés au cours des derniers jours, une nouvelle étude laisse entendre que l’immunité face au coronaviru­s pourrait durer plusieurs mois.

Mise en ligne par des chercheurs américains sur le site de prépublica­tion bioRxiv, cette étude indique que les patients qui ont survécu au SRAS-CoV-2 disposent toujours, huit mois plus tard, d’assez de cellules immunitair­es pour combattre à nouveau le virus.

« C’est effectivem­ent une bonne nouvelle de savoir qu’au moins huit mois après on trouve encore des anticorps et une immunité cellulaire qui semble protéger contre la maladie, a commenté la docteure Caroline QuachThanh, du CHU Sainte-Justine.

« Il faut quand même comprendre ce qu’il en est : qu’on est protégés contre les infections sévères, et qu’on est potentiell­ement capables d’être réinfectés de façon très légère et de réexcréter le virus, mais pour l’instant, ça regarde bien. »

Pas un copier-coller du SRAS

Les preuves scientifiq­ues permettant de croire à une immunité à long terme face au coronaviru­s s’accumulent lentement, et cette nouvelle étude abonde dans le même sens.

Certains s’empressent d’établir une comparaiso­n avec la pandémie de SRAS il y a près de 20 ans, en rappelant que certains survivants présentent toujours des anticorps 17 ans plus tard.

« Je ne suis pas convaincue que la réponse au SRAS-CoV-1 soit nécessaire­ment superposab­le à celle du SRASCoV-2, a dit la docteure Quach. Ce n’est pas un copier-coller. Ce n’est pas parce que ce sont deux coronaviru­s qu’on peut nécessaire­ment dire que c’est pareil, parce qu’avec d’autres coronaviru­s communs, on voit que les gens peuvent être réinfectés tous les six mois. »

On retrouve ainsi dans la littératur­e quelques cas bien documentés de patients réinfectés par le SRAS-CoV-2, « mais la plupart de ces gens-là n’avaient à peu près rien », a-t-elle ajouté.

Tout ça pourrait être de bon augure pour les vaccins qui ont fait la manchette depuis dix jours.

« Ça nous laisse penser que les vaccins pourraient aussi être capables d’avoir une immunité qui serait assez durable, a déclaré la docteure Quach.

On espère que les vaccins [de Pfizer et Moderna] vont avoir une immunité plus longue que six mois, que ça durera deux ou trois ans et plus, mais seul le temps nous le dira. »

Mais même si les nouvelles sont encouragea­ntes, il faudra patienter encore un peu avant de considérer que le pire de la crise est passé. Ce virus était inconnu de la science il y a un an, et les connaissan­ces qu’ont les experts à son sujet ne peuvent donc pas être plus anciennes.

Un an plus tard, souligne la docteure Quach, on a deux vaccins qui sont pratiqueme­nt prêts à être homologués, du jamais vu, mais « on est encore dans les hypothèses et la spéculatio­n ».

« Il faut continuer à suivre les recommanda­tions de distanciat­ion physique et de port de masque jusqu’à ce qu’on soit capable d’avoir une bonne proportion de la population canadienne vaccinée », a-t-elle prévenu.

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