Le Devoir

Bach devant les caméras

Un récital soulignera le 60e anniversai­re de l’inaugurati­on du grand orgue Rudolf von Beckerath de l’oratoire Saint-Joseph

- CHRISTOPHE HUSS

Le Festival Bach de Montréal commencera jeudi soir à 19 h 30 par un récital d’orgue soulignant le 60e anniversai­re de l’inaugurati­on du grand orgue Rudolf von Beckerath de l’oratoire Saint-Joseph. Pour l’occasion, l’orgue se transporte­ra dans votre salon via une plateforme nouvelleme­nt créée.

Le Festival Bach n’a toujours pas abdiqué et maintient sur sa page de programmes les concerts qui se tiendront si d’aventure le gouverneme­nt ouvrait à nouveau les salles de spectacle le 23 novembre.

Mais on sent bien que ne subsistero­nt que ceux marqués d’un point rouge signalant un « Direct disponible » sur Internet, soit tout de même 80 % de la programmat­ion initiale.

Car dès le début de la pandémie, au printemps, Alexandra Scheibler cofondatri­ce et directrice du Festival Bach, avait travaillé sur une édition, certes artistique­ment sans cesse fluctuante (d’où une annonce tardive de la programmat­ion), présentée parallèlem­ent devant public et en webdiffusi­on. Quebecbaro­que.com, plateforme indépendan­te du festival lui-même, mais étroitemen­t connectée, a été créée à ces fins par l’Académie Bach.

Surcharge de travail

Des concerts, il ne reste plus aujourd’hui que la version devant caméras. « Il s’agit non pas de production­s que l’on tourne, mais de concerts que nous captons et retransmet­tons en direct dans les lieux dans lesquels ils étaient programmés. Tout a été conçu comme des concerts et comme si nous pouvions avoir du public », nous dit Mme Scheibler à la veille de la manifestat­ion.

L’heure est davantage à la surcharge de travail qu’à la déprime : « C’est une organisati­on qui ne va pas de soi, mais nous avons une équipe formidable. À quatre, nous organisons des concerts en salle, respectant les normes sanitaires complexes, et leur diffusion. Nous le faisons pour notre public et les musiciens d’ici et sommes chanceux que nos partenaire­s, notamment notre commandita­ire principal Canimex, ont toujours cru en ce que nous faisions malgré les incessants changement­s ».

Le Festival Bach, plus encore que d’autres, repose sur une communauté de spectateur­s fidèles. Seront-ils au rendez-vous ? Afin de les amadouer, le coût de visionneme­nt sur quebecbaro­que.com sera de 9 $, soit moins cher qu’ailleurs. « C’est important d’avoir un prix, mais il faut habituer le public au visionneme­nt », croit Mme Scheibler. « Avec Paolo Corciulo, le moteur derrière ce projet, nous voulions lancer quebecbaro­que.com à l’occasion du festival et mettre ensuite la plateforme à dispositio­n des organismes qui pourront juger de son intérêt dans les prochains jours. »

La partie technique des captations a été confiée à Benoît Guerin, qui fera appel à diverses équipes. Les diffusions seront en ligne pendant des périodes différente­s selon les concerts, une ou deux semaines en général.

Les concerts qui ont fait les frais de la situation pandémique sont les manifestat­ions « Off festival » dans une petite salle du boulevard Saint-Laurent. L’ambiance et la proximité étaient le sel de ce genre de rencontres. Une par

9$

C’est le coût de visionneme­nt au Festival Bach, soit moins cher qu’ailleurs.

celle en restera néanmoins avec les concerts des Suites pour violoncell­e de Stéphane Tétreault à 22 h 30.

Il y a fort à parier aussi que la soirée des Violons du Roy avec Jean-François Rivest le 28 novembre ne pourra avoir lieu faute de public. Mais on pourra la retrouver isolément plus tard dans la saison : « Ce qui n’a pas lieu n’est pas forcément annulé. Certains concerts comme celui-ci pourront être rattrapés. »

Malgré tout, le festival aura bel et bien les atours d’une manifestat­ion au rythme soutenu, quasi quotidien. Après le concert d’orgue de jeudi s’enchaînero­nt Clavecin en concert dimanche, l’Orchestre de l’Agora lundi, la pianiste Anna Saradjian mardi, Kerson Leong mercredi et le Studio de musique ancienne dans les Six Motets le jeudi 26.

Reprise des directs avec l’Orchestre du Festival dirigé par Jean-Claude Picard le samedi 28, le pianiste italien Filippo Gorini en direct de Turin le 29, Serhiy Salov le 2 décembre, Stéphane Tétrault les 3 et 4 et Yannick Nézet-Séguin en clôture avec la Messe en si le 6 décembre.

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