Épreuves habituelles malgré les embûches
Les examens ne seront pas allégés au secondaire
Alors que des allègements sont proposés au primaire, les élèves du secondaire devront se soumettre aux mêmes examens ministériels que d’habitude, sans aucune modification dans la matière à évaluer, a appris Le Devoir. C’est ce qui a été annoncé à toutes les directions d’école et aux centres de services scolaires au cours d’une présentation faite mercredi par la direction des études et celle de l’évaluation des apprentissages du ministère de l’Éducation (MEQ). Certains membres du réseau scolaire critiquent toutefois cette décision « rigide », alléguant qu’elle ne fera qu’ajouter au stress des enseignants et des élèves.
« On comprend que c’est une année exceptionnelle. […] Toutefois, il y a maintien des épreuves. Elles ne seront pas amputées de partie ou de questions. Les épreuves des 4e et 5e secondaires prendront la forme des années antérieures », a expliqué Joane Cardinal, de la Sanction des études, dans la présentation Teams, dont Le Devoir a obtenu copie. Contrairement à l’an dernier, où les examens du ministère avaient été annulés, « cette année, les élèves reçoivent des services éducatifs et d’enseignement, que ce soit en ligne ou en présence à l’école. Pour cette raison, les épreuves ministérielles auront lieu ». Il s’agit des épreuves uniques de la 4e secondaire (mathématique, science, histoire) et de la 5e secondaire (français et anglais).
Mathieu Aubre comprend que choisir l’animateur plutôt qu’une personne de la communauté LGBTQ+ peut créer un malaise. Mais mettre un artiste queer de l’avant dans le ELLE Québec n’aurait pas fait autant jaser, selon lui. Jay Du Temple ne doit pas pour autant devenir aux yeux de tous un porte-parole de la non-binarité. « Ce n’est pas son rôle. On a ouvert une porte, il faut maintenant aborder cette diversité de genre et de sexe dans l’espace médiatique en donnant la parole à ceux pour qui c’est une réalité. »
Joint par Le Devoir, Jay Du Temple se présente plutôt comme un allié. « Peutêtre un allié imparfait, mais j’en apprends tous les jours. Cette conversation m’en apprend énormément et me fait me poser des questions », poursuitil, soulignant comprendre le mécontentement de la communauté LGBTQ+. « Je ne prétends pas avoir inventé quoi que ce soit et je ne veux surtout pas banaliser ce que la communauté a pu vivre, au contraire. »
Il compte bien garder son style, qui est sa façon d’encourager tout un chacun d’« être exactement ce qu’il a envie d’être ». « Le vernis à ongles, le maquillage, les vêtements, la coloration des cheveux : ça n’appartient à aucun genre, aucun sexe. […] Je ne pense pas que ça aiderait la cause que j’arrête de m’habiller ainsi. »
Trop loin
Pour Pascale Bérubé, une femme trans et autrice, c’est la série de photos accompagnant l’article du ELLE Québec qui va trop loin en faisant de l’animateur une « icône queer ». « Pourquoi emprunter un style queer pour présenter un homme masculin non toxique ? Pourquoi ne pas choisir quelqu’un de la communauté LGBTQ+ pour incarner ce style ? » se questionne-t-elle, faisant remarquer que l’animateur n’a jamais expérimenté les violences, les insultes ou les commentaires que vivent ceux qui s’habillent ainsi au quotidien pour exprimer leur identité. « Le vêtement est souvent politique, ce n’est pas juste esthétique. »
Elle voit ici une forme d’« instrumentalisation du style vestimentaire queer » et craint que cela ne devienne « une simple mode, une tendance ». « On risque de perdre la notion réelle de la non-binarité et arrêter de se questionner sur la symbolique derrière un choix de vêtement. »
De son côté, Alexandre Cholette, un homme homosexuel qui travaille en marketing, parle d’un manque d’« authenticité », de « légitimité » et de « représentation » pour décrire de la couverture du magazine et l’article qui l’accompagne sur Jay Du Temple. Il parle aussi de « privilège », soulignant qu’il a fallu un « homme blanc cisgenre et hétéro » pour amorcer cette minirévolution du genre dans l’espace médiatique.
« On glorifie son geste, sa façon de s’habiller et de casser les codes, mais il n’est pas le premier à le faire. Beaucoup sont passés par là avant lui, des personnes pour qui ce n’est pas un jeu, mais bien l’affirmation d’une identité qui leur a valu d’être critiquées et discriminées. C’est à ces personnes qu’on devrait donner plus de visibilité », ditil, déçu de n’avoir lu aucune mention des enjeux de la communauté LGBTQ+ dans l’article du magazine.
La situation lui rappelle la récente couverture médiatique de ces garçons du secondaire qui portaient des jupes pour dénoncer le code vestimentaire des filles. « Il a fallu que des garçons portent des jupes pour que la cause soit entendue, alors que des filles se battent pour depuis des années. On vit un peu la même chose », poursuit-il.
De son côté, la directrice générale et éditrice du ELLE Québec, Sophie Banford, précise que si le choix s’est arrêté sur Jay Du Temple, c’est parce qu’il incarnait l’« antithèse de la masculinité toxique », un sujet très abordé au sein de la rédaction. « Le message qu’on voulait passer, c’est qu’il faut oser, s’amuser et que c’est permis, en 2020, d’aller plus loin que les conventions », dit-elle, ajoutant que l’inclusion et la diversité ont leur place dans le magazine.
Bien que plus critiques, Alexandre Cholette et Pascale Bérubé nuancent leurs propos : ils applaudissent Jay Du Temple d’oser « sortir du cadre » et considèrent que la une du ELLE Québec constitue une « belle avancée » pour une meilleure représentation de la diversité. Ils espèrent cependant que des modèles différents, issus de la communauté LGBTQ+, seront choisis à l’avenir afin que leurs réalités soient mieux comprises et inspirent des plus jeunes en quête d’identité.
Accumulation
Line Chamberland, titulaire de la Chaire de recherche sur l’homophobie de l’UQAM, ne s’étonne pas des vives réactions et du malaise soulevés par la couverture du magazine féminin, la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
« Il y a une frustration de la communauté LGBTQ+ qui ne se voit pas représentée dans les médias, dans les oeuvres culturelles et ailleurs. Ces personnes vivent aussi beaucoup de discrimination à cause de l’affirmation de leur identité ou de leur orientation sexuelle. C’est souvent un obstacle à l’accès à l’emploi, à l’éducation, à des traitements égalitaires dans les milieux de soins. C’est le cumul de tout ça qui fait que ça éclate à la vue d’une simple photo en couverture de magazine », conclut-elle.
Pourquoi emprunter un style queer pour présenter un homme masculin »
non toxique ? PASCALE BÉRUBÉ