Un « contrat moral » pour quatre jours de Fêtes
Les Québécois pourront fêter Noël en groupes de 10 personnes, y compris avec les grands-parents, mais en évitant les accolades habituelles du temps des Fêtes. Il faudra observer autant que possible la distanciation de deux mètres et le port du masque. Les rassemblements ne seront toutefois pas permis pour le Nouvel An.
Ces mesures de compromis, ainsi que le maintien du calendrier scolaire à peu près comme à la normale, ont provoqué un immense soupir de soulagement dans le réseau de l’éducation.
Les rassemblements familiaux et entre amis d’un maximum de 10 personnes seront permis durant quatre jours, entre le 24 et le 27 décembre, mais les citoyens devront limiter leurs contacts sociaux une semaine avant et une semaine après le congé des Fêtes, a annoncé jeudi le premier ministre, François Legault.
Le gouvernement propose aux citoyens ce « contrat moral pour le temps des Fêtes », a lancé en point de presse le premier ministre, à Montréal. « C’est certain que de se voir pendant quatre jours […], ça comporte des risques. Par contre, il faut se rappeler que la famille est au coeur de ce qu’on est, au coeur de notre nation », a-t-il ajouté.
Le calendrier scolaire restera le même qu’en temps normal, à deux exceptions près : les élèves du primaire seront en enseignement à distance dans les jours précédant le congé des Fêtes, soit les 17, 18, 21 et 22 décembre. Les élèves du secondaire, eux, retourneront au calendrier normal le 11 janvier, mais auront de l’enseignement virtuel la semaine précédente, au retour des Fêtes.
Les acteurs du réseau de l’éducation ont poussé un soupir de soulagement en apprenant ces légères modifications apportées au calendrier scolaire. Les enseignants et les directions d’école redoutaient une longue pause forcée
qui aurait entraîné une rupture des services pédagogiques. Les élèves les plus vulnérables auraient risqué d’écoper si le congé scolaire avait été allongé à un mois, comme il a été évoqué au cours des derniers jours par le gouvernement Legault.
« Les élèves ont manqué suffisamment de jours de classe avec ce qu’on a vécu au printemps dernier. Il n’était pas question de couper dans les cours et de tomber tout à coup en vacances. Ça a été rapidement écarté de mon esprit », a expliqué au Devoir le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, jeudi soir.
Les acteurs du réseau scolaire affirment avoir été écoutés par le ministre Roberge lors de rencontres récentes, y compris la veille de l’annonce du gouvernement. Les trois grandes centrales syndicales (CSQ, CSN, FTQ), ainsi que la Fédération autonome de l’enseignement, les directions d’école, les groupes de parents et d’autres experts du milieu ont salué la décision du gouvernement.
« Excellent compromis »
« On a atteint un excellent compromis dans les circonstances », juge la Dre MarieClaude Roy, pédiatre au CIUSSS de l’Estrie-CHUS. Elle se réjouit que le gouvernement ait maintenu l’école en présence « jusqu’à la toute dernière goutte ». « Le gouvernement a décidé de faire une croix sur le jour de l’An pour permettre aux enfants de retourner à l’école plus rapidement. C’est un choix qu’on se doit d’appuyer collectivement », ajoute-t-elle.
Sabrina Robert, maman d’une petite fille de six ans, était elle aussi satisfaite de l’annonce du gouvernement. Non seulement pourra-t-elle voir sa mère qu’elle n’a pas vue depuis plusieurs mois, mais sa fille ne sera pas privée d’école.
Mme Robert appréhende néanmoins un retour en classe au primaire dès le 5 janvier. À ses yeux, cette décision accroît les risques d’éclosion. Si elle compte bien respecter le confinement préventif réclamé par Québec, elle doute que ce sera le cas de tout le monde. Surtout lorsque viendra le temps de défoncer la nouvelle année.
Elizabeth, enseignante de sixième année dans une école primaire de Montréal, a poussé un soupir de soulagement devant son téléviseur jeudi : elle craignait une fermeture complète des écoles à l’occasion d’un congé des Fêtes prolongé. Un tel scénario aurait été catastrophique, car depuis la rentrée, elle et ses collègues mettent les bouchées doubles pour rattraper les retards d’enseignement du printemps. « On travaille tellement fort », glisse-t-elle téléphone, la voix nouée par l’émotion.
Le soulagement était également palpable du côté du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec. « L’école est un facteur de protection. C’est essentiel de garder les élèves en classe le plus souvent et le plus longtemps possible », relève son coporte-parole, Marc-Étienne Deslauriers.
S’il est « rassuré » pour les élèves du primaire, celui-ci s’avoue inquiet pour ceux du secondaire, avec un retour en classe reporté au 11 janvier. « Le premier bulletin de l’année a été déplacé à la fin du mois de janvier.
La préparation des examens va se faire d’abord à distance. Est-ce que ce sera suffisamment efficace ? » s’interroge-t-il. La concentration et l’assiduité des adolescents lors des cours virtuels ne sont pas toujours au rendez-vous.
Hélène Bourdages, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES), estime qu’il faudra bien s’occuper des élèves de première et de deuxième secondaire, qui sont peu habitués à l’enseignement à distance. « Il reste un mois pour s’organiser. C’est une bonne chose qu’on ait le temps de bien planifier avant le départ pour les Fêtes », dit-elle.
La pédiatre Marie-Claude Roy avoue éprouver elle aussi de l’inquiétude pour les adolescents, à qui on demande un « sacrifice supplémentaire ». « On les voit perdre de la motivation, être très anxieux et très désorganisés », témoigne celle qui juge néanmoins que cette semaine supplémentaire en virtuel est une « solution acceptable » dans le contexte. Or, les élèves du secondaire doivent absolument retourner à l’école le 11 janvier, insiste la Dre Roy.
Magasinage et partys de bureau
Ces mesures seront possibles si la courbe des infections reste sous contrôle, a précisé le Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique. Il a appelé les Québécois à rester vigilants pour le prochain mois et même pendant le temps des Fêtes, malgré l’assouplissement des mesures sanitaires pour quatre jours.
Pour minimiser les risques de propagation du virus pendant cette période de réjouissances, le gouvernement demande aux employeurs de favoriser le télétravail une semaine avant et une semaine après le congé des Fêtes. Les Québécois sont aussi invités à faire leurs achats le plus tôt possible, pour éviter la cohue des jours précédant Noël dans les magasins et les centres commerciaux.
Sans surprise, les partys de bureau sont interdits. Les restaurants, les bars, les salles de sport et les salles de spectacle resteront fermés en zone rouge au moins jusqu’au 11 janvier.
dans les services essentiels lors de la première vague de la COVID-19. « Est-ce à dire que M. Legault recule ? Est-ce qu’il ne chante plus la même chanson ? On sait qu’on n’obtient pas toujours rapidement ce qu’on demande, mais il faut que l’autre partie soit disposée à discuter sérieusement et à faire des compromis », a dit l’ex-députée de Québec solidaire Françoise David, qui a fait partie du comité qui a rencontré la ministre de l’Immigration. « C’est évident que ni la Coalition ni moi on va se contenter de cette réponse. C’est irrecevable. »
La Coalition pour la régularisation des statuts plaide pour que non seulement les demandeurs d’asile ayant travaillé dans le domaine de la santé en soins directs avec les patients puissent obtenir leur résidence permanente, mais aussi tous ceux occupant un poste répondant à la définition de travail essentiel du gouvernement (préposés à l’entretien, gardiens de sécurité, etc.). « Pourquoi la préposée aux bénéficiaires mais pas la préposée à l’entretien ménager du même hôpital ? C’est absurde, elles ont toutes deux pris des risques et on en a terriblement besoin », a affirmé Mme David.
Il y a dix jours, répondant à une question de la co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé, François Legault avait déclaré publiquement qu’il allait mandater Mme Girault afin qu’elle « regarde la possibilité d’élargir » le programme. Mais cet espoir s’est rapidement éteint. « [La ministre] aurait pu nous dire qu’il était impossible de s’engager tout de suite, mais qu’on allait s’en reparler dans une deuxième étape en janvier. Ç’aurait été comme un baume », a déclaré le directeur de la Table de concertation des organismes au service des réfugiés et des immigrants (TCRI), Stephan Reichhold, qui était aussi présent à la rencontre de lundi avec la ministre. « On est sortis déçus. »
Ottawa prêt à discuter
M. Reichhold déplore d’autant plus cette fermeture de Québec que le gouvernement fédéral, lui, se dit très ouvert à l’élargissement. Le ministre fédéral de l’Immigration, Marco Mendicino, avait écrit à plusieurs reprises sur Twitter pour se réjouir que le gouvernement Legault fasse « preuve d’ouverture dans le dossier des anges gardiens et [soit] prêt à revoir les critères afin d’élargir le programme […] tel que nous le proposions dès le début de nos discussions ». Contacté par Le Devoir, l’attaché de presse du ministre, Alexander Cohen, se dit toujours prêt à discuter d’une « phase 2 » avec Québec.
La Coalition pour la régularisation des statuts, qui regroupe une quinzaine d’organismes, organise samedi, devant les bureaux du premier ministre à Montréal, un rassemblement en solidarité pour la cause. Des personnalités influentes, telles que Louise Arbour, ex-juge à la Cour suprême ayant aussi occupé les fonctions de haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, et Rachida Azdouz, psychologue et spécialiste des relations interculturelles, prendront la parole en appui à la cause.