Le Devoir

Statistiqu­e Canada perd des répondants

De 87 % l’an dernier, le taux de réponse moyen des ménages interrogés chaque mois sur leur situation d’emploi a reculé à 79 % dès les premiers jours des mesures de confinemen­t

- ÉRIC DESROSIERS

Statistiqu­e Canada s’inquiète de la baisse du nombre de répondants à son enquête phare sur l’état de l’emploi au pays. Le taux de réponse à l’Enquête sur la population active (EPA) de l’agence fédérale ferait encore rêver n’importe quel autre sondeur et ne remet pas en cause la qualité de ses données, assure-t-elle, mais la tendance ne va pas dans la bonne direction depuis le début de la pandémie de COVID-19.

De 87 % l’an dernier, le taux de réponse moyen des ménages interrogés chaque mois sur leur situation d’emploi par Statistiqu­e Canada a reculé à 79 % dès les premiers jours des mesures de confinemen­t des gouverneme­nts, au mois de mars, et était rendue sous la barre des 70 % le mois dernier.

Or, on ne saurait trop souligner l’importance de cette enquête, surtout en pleine crise économique, a fait valoir, jeudi, en entretien téléphoniq­ue au Devoir, Josée Bégin, directrice générale du volet Marché du travail, de l’éducation et du bien-être socioécono­mique de Statistiqu­e Canada. « C’est LA source officielle du taux de chômage au Canada. C’est le portrait le plus rapide dont on dispose sur l’état du marché de l’emploi par industries, tranches d’âge, niveaux de revenus ou pour différents groupes, comme les minorités visibles. C’est essentiel aux décideurs politiques lorsqu’ils doivent mettre en place des mesures. »

En 2019, une moyenne de 48 500 ménages remplissai­ent chaque mois leur obligation légale de répondre aux questions de Statistiqu­e Canada. Ce nombre est désormais inférieur à 40 000 ménages sur 56 000 sollicités. Le taux de participat­ion est plus faible en Ontario (63,4 %) ou en Colombie-Britanniqu­e (63,9 %) qu’au Québec (72,5 %).

Le recul du taux de participat­ion semble directemen­t résulter de la suspension, avec la COVID, des sondages

C’est LA source officielle du taux de chômage au Canada. [...] C’est essentiel aux décideurs politiques lorsqu’ils doivent mettre »

en place des mesures. JOSÉE BÉGIN

qu’on réalisait directemen­t à domicile et qui comptaient, jusque-là, pour environ le cinquième de l’ensemble des répondants et qui affichaien­t un fort taux de réponse. Invitée par lettres à faire comme les autres, c’est-à-dire à répondre aux questions de Statistiqu­e Canada par téléphone ou par l’entremise de plateforme­s numériques, une partie de ces ménages, qui auraient normalemen­t été rencontrés en personne, s’estime peutêtre trop occupée ou craint d’être la cible d’une arnaque, suppose Josée Bégin.

Décrire un monde bouleversé

Cette difficulté arrive au moment où l’agence fédérale voit sa capacité d’adaptation testée plus que jamais. Déjà engagée, avant la pandémie, dans un processus de modernisat­ion s’appuyant notamment sur de nouvelles sources d’informatio­n, telles que les réseaux sociaux numériques, Statistiqu­e Canada a ajouté à son EPA toutes sortes de nouvelles données visant à décrire de la façon la plus pertinente et fiable possible la nature particuliè­re de la crise.

Aux côtés des habituelle­s questions touchant le nombre d’emplois, le taux d’activité et le taux de chômage, on y retrouve maintenant, par exemple, le nombre de personnes à l’emploi d’une entreprise, mais n’ayant pas travaillé, la proportion de personnes s’adonnant au télétravai­l et le taux de sous-utilisatio­n de la main-d’oeuvre, c’est-à-dire tous ces travailleu­rs qui, à cause de la COVID, sont soit au chômage, soit ont perdu l’ensemble ou la majorité de leurs heures de travail habituelle­s. On y rapporte même parfois des chiffres sur l’effet des programmes d’aide financière d’urgence ou la peur de la contagion.

L’EPA pour le mois de novembre est en cours depuis dimanche et jusqu’à mardi. Ses résultats seront dévoilés le 4 décembre. Son coup de sonde du mois d’octobre avait permis de voir les premiers effets de la deuxième vague de la pandémie et le chômage de longue durée.

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Le recul du taux de participat­ion semble directemen­t résulter de la suspension, avec la COVID, des sondages qu’on réalisait directemen­t à domicile et qui comptaient, jusque-là, pour environ le cinquième de l’ensemble des répondants.

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