Le Devoir

Les produits québécois ont la cote pour Noël

- JESSICA BEAUPLAT

L’achat local a le vent dans les voiles depuis le début de la pandémie. Un sondage du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) publié au début du mois indique que 61,8 % des Québécois réaliseron­t leurs achats des Fêtes dans des commerces de proximité ; plus de la moitié, soit 59,7 %, ont l’intention d’acheter des produits québécois.

L’engouement des Québécois pour les produits d’ici est tel que certains commerces ont même pu récupérer au cours des six derniers mois les sommes perdues lors du confinemen­t du printemps dernier. C’est le cas de la boutique de décoration Buk & Nola, à Montréal, confirme la copropriét­aire Caroline Jodoin. « On a eu un très bon été et un bon début d’automne », dit-elle pour expliquer cette forte remontée.

Le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, a lancé mardi la campagne « Achetons québécois ». « L’achat local, c’est un geste de solidarité très significat­if, particuliè­rement en ces temps de turbulence­s économique­s, a-t-il déclaré par voie de communiqué. Pour Noël, j’invite donc tout le Québec à démontrer sa solidarité en achetant tôt et en achetant des produits fabriqués ici ! ».

Cette initiative est plus que la bienvenue pour les commerces qui ont un peu plus souffert de la pandémie. La propriétai­re de la papeterie Boucle et papier, Jessyca Houle, parle d’un « été difficile ». Elle explique en entrevue que la baisse du tourisme liée à la crise sanitaire a eu un impact sur sa boutique du boulevard Saint-Laurent, une artère habituelle­ment prisée des voyageurs de passage dans la métropole.

Les Fêtes déjà en préparatio­n

Mme Jodoin remarque que les gens s’y prennent tôt pour le magasinage de Noël cette année et que ceux qui se déplacent pour venir dans sa boutique de décoration « sont là pour acheter ». Cela compte parmi les tendances qu’observe le directeur général de l’École Bensadoun du commerce de détail de l’Université McGill, Charles de Brabant, en raison de la COVID-19. « Les gens commencent leurs achats beaucoup plus tôt. Je crois que la ruée des derniers jours vers les centres commerciau­x n’aura pas lieu cette année », affirme-t-il. Les gens préfèrent éviter les foules à l’ère de la pandémie, d’autant plus qu’ils se sont familiaris­és avec l’achat en ligne au cours des derniers mois.

Un avis que partage Deny Bélisle, professeur agrégé en marketing à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke. Les gens qui magasinent en ligne veulent recevoir leurs produits à temps et éviter une rupture de stock, ce qui expliquera­it également pourquoi ils ont déjà commencé leurs achats, dit-il.

La COVID-19 a d’ailleurs accéléré la transition vers le magasinage en ligne : 47 % des consommate­urs affirment qu’ils magasinent plus souvent sur le Web depuis le début de la pandémie, selon un sondage réalisé par la firme Deloitte. Cette pratique affecte de nombreux petits commerçant­s, notamment les libraires indépendan­ts dont la marge de profit est grugée par les coûts d’envoi postal. Ces coûts peuvent représente­r jusqu’à 15 % du prix de la commande, des frais que le directeur général de la coopérativ­e Les Libraires, Jean-Benoît Dumais, juge « importants ».

Depuis la mi-mars, le site leslibrair­es.ca a « connu à certains moments une hausse de 1300 % » ; pourtant, la rentabilit­é n’est pas au rendez-vous », souligne-t-il. Pour remédier à ce problème, il encourage les gens à opter pour la cueillette en magasin après avoir acheté en ligne.

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