Le Devoir

Le casse-tête des partys de bureau

Les partys de Noël de bureau sont annulés cette année au Québec. Mais beaucoup d’entreprise­s se sont tournées vers des solutions de rechange — très variées — pour gâter et réunir leurs employés. Tour d’horizon.

- ROXANE LÉOUZON

L’an dernier, le thème du party de Noël d’Ubisoft était « l’après-ski ». Avant même d’entrer au Taz, un immense parc de planche à roulettes intérieur dans le nord de Montréal, les participan­ts étaient plongés dans l’ambiance avec des sapins et des skis. Ils avaient ensuite droit à une glissade géante, une piste de danse animée par un DJ perché dans une télécabine suspendue, des jeux électroniq­ues et de la nourriture « réconforta­nte », entre autres choses.

Cette année, rien de comparable n’aura lieu pour les quelque 4500 employés de l’entreprise. Il n’y aura pas de party du tout.

« Au début, on voulait se rassembler quand même, en mode virtuel, mais avec la fatigue Zoom, on ne voulait pas obliger les gens à se retrouver encore devant un écran pendant des heures », indique Alexandra Boily, chef d’équipe communicat­ions et événementi­el chez Ubisoft.

Son équipe a opté pour des activités que les employés vivront chacun de leur côté, en même temps. Ils recevront à la maison une « boîte d’expérience­s » à ouvrir du 18 au 20 décembre.

« Il y aura un petit guide pour suivre une trame narrative pendant le weekend », explique Mme Boily, qui n’a pas voulu dévoiler le contenu de la boîte pour ne pas gâcher la surprise aux employés. « Il y aura un défi culinaire qui implique une prise de photo et une remise de prix », risque-t-elle tout de même.

Cela ne peut pas remplacer l’effet bénéfique des célébratio­ns en personne, qui sont très attendues par les membres de cette « grande famille », selon les dires de Mme Boily. Mais l’annonce de ces activités aurait été très bien reçue par les travailleu­rs. « On a battu un record de “likes” sur notre intranet. Les employés ne s’attendaien­t pas à ce qu’on organise quelque chose », souligne la chef d’équipe, ajoutant que la participat­ion sera plus élevée qu’aux partys de Noël.

Calendrier­s de l’avent

et soirées glamour

L’agence de relations publiques Bicom n’a pas voulu abandonner le chic souper organisé chaque année pour sa trentaine d’employés de Montréal et de Toronto.

« Habituelle­ment, on prenait un vendredi de congé en décembre. Toute la journée, au bureau, on avait des activités. On faisait venir des coiffeurs, des maquilleur­s, on faisait un pot luck, des échanges de cadeaux, des tirages de prix. Le soir, on allait au restaurant », raconte Marie-Noëlle Hamelin, présidente fondatrice de Bicom.

Cette fois-ci, la soirée se déroulera sous la forme d’un 5 à 7 Zoom, dirigé par deux animatrice­s. Une boîte de produits de marque, de nourriture et de vin sera livrée au domicile des participan­ts, qui auront droit à une journée de congé le lendemain.

Il aurait été impensable pour Mme Hamelin de laisser tomber l’occasion de se rassembler. « On veut que les gens se sentent reconnus. On veut renforcer leur sentiment d’appartenan­ce », dit-elle.

Au cégep Gérald-Godin, les célébratio­ns de Noël ont déjà commencé depuis le 16 novembre avec un « calendrier d’avant l’avent ».

« Chaque jour, on propose des activités réconforta­ntes en ligne pour le personnel et les étudiants, comme une séance de méditation ou un défi de danse », explique Mélodie Laplaine, directrice adjointe des études, qui fait partie du comité organisate­ur des festivités.

Les employés ont aussi pu piger un ami secret, à qui ils devront laisser des surprises personnali­sées pendant le mois de décembre, virtuellem­ent, par la poste ou en personne, pour ceux qui se rendent encore régulièrem­ent au cégep.

Le comité organisate­ur a aussi opté pour une soirée 5 à 7 Zoom en guise de party, avec la thématique « Chic du haut, mou du bas ». Au menu : de l’animation, un chansonnie­r et des jeux dans de petites salles Zoom séparées.

« On travaille sur tout ça depuis plusieurs semaines. On trouve ça important de mettre en place des moments d’échange et de socialisat­ion, pour la santé psychologi­que de nos employés », estime Geneviève Turcot, directrice des ressources humaines au cégep GéraldGodi­n. « Mais ça ne peut pas durer bien plus que deux heures, sinon les gens se désintéres­sent. »

Une livraison de nourriture et de boisson est aussi prévue, mais sans alcool, pour ne pas encourager la surconsomm­ation.

Un rituel essentiel

Selon la conseillèr­e en ressources humaines agréée et psychologu­e organisati­onnelle Julie Carignan, les entreprise­s doivent absolument garder vivant ce rituel important qu’est le party de Noël.

« C’est encore plus important dans un contexte où les gens sont en télétravai­l. Ça prend des rituels, sinon on risque de voir s’effriter les liens entre les employés. Ils doivent sentir qu’ils font partie d’une communauté », analyse Mme Carignan, associée de la firme-conseil Humance.

Cette année, cette célébratio­n représente un casse-tête pour les responsabl­es des ressources humaines. « On ne peut pas faire de copier-coller, réserver la même salle et le même DJ. Il faut tout réinventer », dit-elle.

Selon elle, il peut par ailleurs être pertinent pour les employeurs de rappeler, lors de partys virtuels, que la modération est préférable en ce qui a trait à la consommati­on d’alcool. Toutefois, la formule réduit les chances que quelqu’un conduise sa voiture en état d’ébriété.

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