Le Devoir

L’hôtel pour briser la routine du télétravai­l

- SIMON DIOTTE COLLABORAT­ION SPÉCIALE

La pandémie plonge le tourisme d’affaires dans le coma. Le tourisme internatio­nal aussi. Résultat : les hôtels tirent le diable par la queue. Toutefois, un nouveau marché apporte une lueur d’espoir aux hôteliers en difficulté : celui des télétravai­lleurs qui veulent briser la routine en conciliant travail et vie d’hôtel.

Àpremière vue, télétravai­ller de la maison, c’est le paradis. Pas de congestion routière à affronter quotidienn­ement, pas de patron qui regarde par-dessus votre épaule et la possibilit­é de gagner du temps en effectuant quelques tâches ménagères entre deux téléconfér­ences. Toutefois, vivre 24 heures sur 24 à la maison, sans transition entre la vie profession­nelle et le temps libre, ça peut devenir aussi lourd qu’une semaine au bureau.

Pourquoi ne pas briser la routine en travaillan­t d’un hôtel ? Tout en demeurant aussi productifs qu’à la maison ou au bureau grâce aux outils numériques, les télétravai­lleurs travaillen­t en profitant des commodités d’un complexe hôtelier : cadre champêtre, urbain ou historique (comme le Vieux-Québec), centre de détente, piscine, salle d’exercice et service de restaurati­on, en salle à manger ou avec repas servis directemen­t à la chambre. Pourquoi attendre les week-ends ou les vacances pour vivre la vie d’hôtel ?

Paul Arseneault, titulaire de la Chaire en tourisme Transat de l’UQAM, croit fermement au développem­ent de ce marché. « Avec l’effondreme­nt du tourisme d’affaires, les hôteliers doivent trouver des solutions de remplaceme­nt. Avec un peu d’imaginatio­n, ils pourraient sûrement concocter une offre intéressan­te, proposée en semaine, à l’intention spécifique­ment des télétravai­lleurs. D’autant plus que les chalets, refuges premiers des télétravai­lleurs, sont maintenant fortement sollicités », note-t-il. En octobre, ce professeur d’université voulait justement changer de décor en séjournant dans un lieu de villégiatu­re en semaine. « Les offres manquaient de punch », a-t-il observé. Il est donc resté en ville.

Mais les choses sont en train de changer. Comme s’ils se donnaient le mot, plusieurs hôteliers mettent en avant depuis peu des offres qui s’adressent spécifique­ment aux télétravai­lleurs.

« L’équation est simple : avec le peu de réunions d’affaires, les hôtels sont à remplir en semaine », indique Nathalie Beauchamp, directrice des ventes et du marketing du Château Montebello. Le plus grand hôtel en bois rond du monde propose justement une offre « Bureau avec vue ». La vue, c’est la rivière des Outaouais. Un décor qui devrait stimuler la créativité, nous dit-on.

Le Groupe Germain, qui possède une vingtaine de propriétés hôtelières à travers le Canada, veut aussi attirer les télétravai­lleurs qui veulent concilier travail et évasion. « Les gens ont besoin de sortir, mais les télétravai­lleurs n’ont pas encore pris toute la mesure de leur nouvelle liberté. Ils ne se sentent pas encore totalement autorisés à le faire », constate Marie Pier Germain, vice-présidente marketing des Hôtels Germain.

Les règles sanitaires freinent cependant l’éclosion d’une offre à l’intention des télétravai­lleurs. Québec déconseill­e les déplacemen­ts entre régions. Les restaurant­s sont fermés en zone rouge, comme à Montréal, à Québec et dans Charlevoix. Par contre, au moment où ses lignes étaient écrites, Québec venait de donner le feu vert aux réunions de 250 personnes dans les hôtels et salles de conférence, même en zone rouge, pour les événements jugés essentiels.

Autre obstacle : les prix. Pas nécessaire­ment facile de budgéter une semaine à l’hôtel pour gagner sa croûte. « Les établissem­ents hôteliers doivent mettre sur pied des offres très attrayante­s. Peuvent-ils se servir des subvention­s salariales dont ils bénéficien­t actuelleme­nt en vue de baisser les prix ? », se questionne tout haut Paul Arseneault.

Malheureus­ement non, répondent les hôteliers, qui ne peuvent louer leurs chambres au rabais, pandémie ou non. « Les subvention­s salariales nous aident à minimiser les pertes financière­s causées par la baisse draconienn­e de nos taux d’occupation depuis le début de la pandémie. Elle n’a pas d’impact direct sur les tarifs des chambres », explique Arnaud Espasa, directeur régional commerce électroniq­ue pour les hôtels Fairmont du Québec.

Toutefois, les hôteliers nous affirment que leurs prix n’ont jamais été aussi concurrent­iels. Nous vous avons préparé une liste de forfaits en cours. Est-ce assez convaincan­t pour délaisser le confort de la maison ? À vous de voir.

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 ?? | 3. © CHÂTEAU MONTBELLO ?? 1. CHÂTEAU FRONTENAC, © JEAN-FRANÇOIS BERGERON | 2. © AUBERGE NUITS SAINT-GEORGES
| 3. © CHÂTEAU MONTBELLO 1. CHÂTEAU FRONTENAC, © JEAN-FRANÇOIS BERGERON | 2. © AUBERGE NUITS SAINT-GEORGES

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