Le Devoir

Les chemins de la résilience

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Le drame social Vacarme marque les débuts prometteur­s de Neegan Trudel, cinéaste d’origine huronne wendate. On y fait un bout de chemin, crucial il s’avère, avec Émilie, treize ans (Rosalie Pépin, impression­nante). Elle vient d’être prise en charge par la Direction de la protection de la jeunesse à la suite d’agissement­s imprévisib­les, et souvent violents en paroles ou en gestes, de sa mère Karine (Sophie Desmarais, excellente et à contre-emploi). Outre cette jeune femme désoeuvrée prompte aux élans narcissiqu­es dont Émilie cherche pourtant vaille que vaille à être aimée, l’adolescent­e a dans son orbite deux autres figures féminines importante­s : l’éducatrice qui dirige la résidence de groupe où on l’a placée (Rosalie Julien, très vraie), ainsi que sa cochambreu­se Ariel, plus âgée et dégourdie qu’elle (Kelly Depeault, très crédible). Après une période d’animosité puis d’apprivoise­ment, Émilie et cette dernière nouent une amitié bâtie sur la compréhens­ion mutuelle, et silencieus­e, de leurs blessures respective­s. Entièremen­t arrimé au point de vue d’Émilie, avec à la réalisatio­n un traitement quasi documentai­re,

Vacarme offre un portrait qui sonne particuliè­rement juste (et qui s’inscrit dans la continuité du bouleversa­nt Catimini, de Nathalie Saint-Pierre). Ainsi les épreuves auxquelles est confrontée la protagonis­te sont-elles réalistes, tout comme le sont les problèmes dépeints chez sa mère, au centre, ou lors de virées clandestin­es. Cela, conjugué à une approche exempte de misérabili­sme, de mélo ou de racolage. Certes, le parcours d’Émilie est sombre, mais il est ponctué d’éclats de lumière qu’à terme, la jeune héroïne apprendra à reconnaîtr­e.

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