Le Devoir

Un «contrat social» injuste, fustigent des groupes religieux

L’animateur radio de droite aspire à diriger le Parti conservate­ur du Québec

- JACOB SEREBRIN

Des membres de minorités religieuse­s au Québec jugent que le plan du gouverneme­nt Legault de permettre les rassemblem­ents à Noël prouve une politique de deux poids, deux mesures, dans la province.

Ces groupes se sont exprimés dans la foulée de l’annonce du premier ministre qui a offert aux Québécois ce qu’il a décrit comme « un contrat moral ». Il sera ainsi possible d’organiser des rassemblem­ents pendant une période de quatre jours autour de la journée de Noël.

« C’est décevant, affirme un représenta­nt du Conseil national des musulmans canadiens, Yusuf Faqiri. Les communauté­s musulmanes, sikhes et juives n’ont pas pu se rassembler lors de leurs fêtes religieuse­s. »

M. Faquiri a ajouté que ses objections ne s’inscrivent pas seulement dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Il rappelle que son organisati­on est l’une de celles qui s’opposent en Cour à la Loi sur la laïcité de l’État. Selon lui, le fait de défendre cette loi et de permettre les rassemblem­ents à Noël est une contradict­ion.

Selon la rabbine Lisa Gruschcow, du temple Emanu-El-Beth Sholom, à Montréal, ces rassemblem­ents rendront les gens vulnérable­s et les enseignant­s à risque. « Je ne sais pas si le gouverneme­nt suit la science et la médecine, a-t-elle affirmé. C’est ce qui me préoccupe. »

Elle a ajouté qu’elle ne voulait pas que le gouverneme­nt permette aux gens de se rassembler pour Hanoukkah, notant que sa congrégati­on a déjà traversé des célébratio­ns juives plus importante­s pendant la pandémie.

Selon Mme Gruschcow, l’approche du gouverneme­nt provincial est inconstant­e par rapport à la laïcité. « Vous dites que vous pouvez réarranger le calendrier scolaire au complet et mettre la société en danger pour que les gens puissent célébrer Noël, mais vous ne laisserez pas un enseignant porter le

Élever une communauté religieuse au-dessus d’une autre est inappropri­é et toutes les communauté­s religieuse­s devraient être traitées de façon équitable REUBEN POUPKO »

hidjab ou la kippa, dénonce-t-elle. C’est un peu contradict­oire. »

Le rabbin Reuben Poupko, coprésiden­t du Centre consultati­f des relations juives et israélienn­es du Québec, a appuyé le propos de Mme Grushcow dans un communiqué. « Élever une communauté religieuse au-dessus d’une autre est inappropri­é et toutes les communauté­s religieuse­s devraient être traitées de façon équitable », a-t-il affirmé.

Lorsqu’il s’est fait poser une question à propos des gens qui ne célèbrent pas Noël pendant la conférence de presse de mardi soir, M. Legault a répondu qu’il croyait que la plupart des Québécois voulaient se rassembler pendant le temps des Fêtes.

Lors d’une séance d’informatio­n technique vendredi matin, des représenta­nts de la Santé publique ont affirmé qu’ils n’ont pas choisi d’établir le contrat social précisémen­t autour de Noël. Ils auraient choisi ces dates parce qu’elles tombent au milieu des vacances d’école d’hiver.

Éric Duhaime se présente à la direction du Parti conservate­ur du Québec (PCQ). L’animateur de radio de Québec a confirmé ses intentions sur les réseaux sociaux dimanche soir.

Connu sur les ondes de Radio X et de la station FM93, Éric Duhaime dit avoir été motivé par ce qu’il désigne comme « l’extrémisme sanitaire » du gouverneme­nt caquiste de François Legault dans la gestion de la pandémie de COVID-19. « Monsieur Legault, on ne vous pardonnera jamais ce que vous avez fait subir aux Québécois depuis neuf mois », a-t-il lancé, se disant alarmé pour le respect des libertés individuel­les dans la province.

Il a été à l’origine d’une manifestat­ion contre le port du masque obligatoir­e à l’école et d’autres mesures sanitaires jugées « excessives », cet été, au côté de l’ex-cheffe d’antenne Josée Turmel, qui défend des idées conspirati­onnistes.

M. Duhaime a fait savoir que, sous sa direction, le PCQ prendrait par ailleurs une position « très ferme sur la défense et la promotion de l’identité québécoise, de notre culture unique et de notre langue française ».

Il tentera de succéder à Adrien Pouliot, qui a annoncé son départ plus tôt cet automne après sept ans à la tête du parti. Le nouveau chef doit être désigné le 17 avril 2021.

Il s’agit d’un retour en politique partisane pour M. Duhaime, qui s’était présenté sous la bannière de l’Action démocratiq­ue du Québec (ADQ) dans la circonscri­ption de Deux-Montagnes aux élections provincial­es de 2003. Il était alors arrivé au troisième rang, avec 21,69 % des voix.

Le Parti conservate­ur du Québec n’a jamais fait élire un député à l’Assemblée nationale depuis sa fondation en 2009.

La formation de droite avait récolté seulement 1,46 % des voix aux dernières élections de 2018.

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