Le Devoir

Les campeurs rue Notre-Dame dirigés vers des refuges

- JEANNE CORRIVEAU

La Ville de Montréal a lancé mardi une « opération de mise à l’abri solidaire » pour tenter de convaincre les occupants du campement de la rue Notre-Dame de quitter le site et de se rendre dans les différents refuges pour itinérants. De nombreux campeurs résistent toutefois à l’appel.

« Le froid commence à s’installer. Je pense que comme ville et comme société, on est d’accord [sur le fait] qu’il ne faut pas laisser les gens dormir à l’extérieur à -30 °C », a indiqué Valérie Plante.

L’opération se fera « dans le respect », avec des « discussion­s », au cours des prochains jours, a-t-elle dit. Les campeurs seront dirigés vers le YMCA Hochelaga-Maisonneuv­e et la Ville leur proposera d’entreposer leurs biens pendant la saison hivernale.

Les autorités n’entendent pas recourir à la force pour déloger les campeurs qui refusent de quitter les lieux. « Le bulldozer ne sera jamais la solution, pas plus que la force. L’idée, c’est d’en arriver à un compromis. Ils ne pourront pas dormir sur ce site cet hiver », a dit la mairesse tout en demeurant vague sur l’échéancier envisagé pour libérer le site.

« Sous pression »

Mardi matin, des équipes d’intervenan­ts ont invité les campeurs à profiter des refuges. L’atmosphère était tendue au campement, qui compte encore plus d’une soixantain­e de tentes. « On est un peu sous pression. Il y a de la tension », a indiqué Jacques Brochu, qui n’a aucune intention de quitter le site.

Il fulminait en regardant des employés de la Ville lancer dans un camion à ordures le contenu d’une tente abandonnée par son locataire il y a quelques semaines. « Ils font un démantèlem­ent par la bande. J’ai peur qu’ils réduisent le nombre de campeurs et que, quand il n’y aura pas de surveillan­ce, ils jettent toutes nos choses », a-t-il expliqué.

Certains campeurs sont réfractair­es à l’idée de dormir dans les refuges proposés par les autorités. « Je suis allé une fois au refuge de l’hôtel Place Dupuis, mais je n’y retournera­i pas », a lancé l’un d’eux. L’homme, qui n’a pas voulu être identifié, déplore que les sans-abri aient à attendre longtemps à l’extérieur avant de pouvoir entrer le soir dans l’hôtel converti en refuge et qu’ils aient à quitter les lieux le lendemain matin à 8 h 30. « Au moins ici, on a notre chezsoi », a-t-il dit en montrant les tentes installées en bordure de la très achalandée rue Notre-Dame. « Le problème, c’est le manque de logements. »

Rappelons que les campeurs sont installés depuis l’été sur un site appartenan­t au ministère des Transports du Québec. En août dernier, le MTQ et la Ville leur avaient d’ailleurs demandé de plier bagage avant la fin du mois, en vain.

La mairesse a commenté le cas du campement de la rue Notre-Dame au moment où la Société de transport de Montréal (STM) annonçait mardi le don d’un autobus, le « Solidaribu­s », à la Mission Old Brewery. Ce véhicule sillonnera les rues de la métropole au cours des prochains mois, de 16 h à 10 h tous les jours, afin de transporte­r les sans-abri vers les différente­s ressources pour itinérants.

Une patrouille mixte sera également créée en collaborat­ion avec la STM, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et la Société de développem­ent social pour intervenir auprès des personnes itinérante­s dans le métro.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le froid hivernal commençant à s’installer, la Ville de Montréal a lancé mardi une « opération de mise à l’abri solidaire » pour tenter de convaincre les occupants du campement de la rue Notre-Dame de quitter le site et de se rendre dans les différents refuges pour itinérants. De nombreux campeurs résistent toutefois à l’appel.
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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Mardi matin, des équipes d’intervenan­ts ont invité les campeurs à profiter des refuges. L’atmosphère était tendue au campement, qui compte encore plus d’une soixantain­e de tentes.

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