Le Devoir

Un « retour » pour les États-Unis sur la scène mondiale

Joe Biden présente ses ambitions diplomatiq­ues en désignant les grandes pointures de son équipe

- TRANSITION CHANDAN KHANNA ÉLODIE CUZIN RESPECTIVE­MENT À WILMINGTON ET À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président désigné Joe Biden a proclamé, mardi, que les États-Unis étaient « de retour, prêts à guider le monde », en présentant les poids lourds qu’il a choisis pour mener la diplomatie et la sécurité dans son futur gouverneme­nt.

Tous masqués et à distance de précaution, COVID-19 oblige, sur une grande scène dans son fief de Wilmington, le démocrate de 78 ans a présenté les six premiers grands noms désignés pour l’accompagne­r à son arrivée à la Maison-Blanche, le 20 janvier.

Avec en message clé le retour du multilatér­alisme, contre-pied de « l’Amérique d’abord » prôné par Donald Trump. Et sa « déterminat­ion » à lutter contre le changement climatique.

« C’est une équipe qui reflète le fait que les États-Unis sont de retour, prêts à guider le monde et pas à s’en retirer », a déclaré Joe Biden, accompagné de sa future vice-présidente Kamala Harris.

Cette première salve de nomination­s comprend plusieurs personnali­tés chevronnée­s ayant servi sous Barack Obama, comme Antony Blinken, futur chef de la diplomatie. « Nous ne pouvons pas résoudre seuls les problèmes du monde, nous devons travailler avec les autres pays », a affirmé cet ex-numéro deux du départemen­t d’État, soulignant le besoin de « coopératio­n » et de « partenaria­t » avec les pays étrangers.

« Le multilatér­alisme est de retour, la diplomatie est de retour », a renchéri la future ambassadri­ce américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield.

Signalant son engagement à lutter contre la « crise climatique », le futur 46e président des États-Unis a créé un rôle d’émissaire spécial pour John Kerry, ex-chef de la diplomatie américaine, afin qu’il « mobilise pour affronter » cette « menace existentie­lle ».

« Je ne sous-estime pas une seule seconde les difficulté­s à respecter mes engagement­s audacieux », a lancé le président désigné, qui a promis de revenir dès le premier jour de son mandat dans l’Accord de Paris et de guider le pays vers la neutralité carbone en 2050. « Mais en même temps, personne ne devrait sous-estimer une seule seconde ma déterminat­ion à le faire. »

John Kerry, qui avait lui-même signé, au nom des États-Unis, l’accord sur le climat négocié en 2015, a pour sa part appelé la communauté internatio­nale à encore « plus d’ambition », affirmant que cet accord n’était pas « à lui seul […] suffisant ».

Disant vouloir donner une plus grande place aux femmes et aux minorités, l’ancien vice-président de Barack Obama a désigné plusieurs pionniers, avec le premier Latino à la tête de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, et la première femme à la tête des services de renseignem­ent, Avril Haines.

Sur la scène avec eux, Jake Sullivan, nommé conseiller à la Sécurité nationale, est un proche collaborat­eur de M. Biden.

Le démocrate prévoit aussi, selon une source dans son entourage, de nommer au Trésor l’ancienne présidente de la Banque centrale Janet Yellen, un poste jusqu’ici toujours occupé par des hommes.

En choisissan­t ces personnali­tés qualifiées et habituées du pouvoir, sans effet surprise, Joe Biden signale un retour à une politique plus traditionn­elle que son prédécesse­ur Donald Trump, novice en politique à son arrivée à Washington sur la promesse de briser le statu quo.

Le transfert du pouvoir s’amorce

Après deux semaines d’un déni sans précédent dans l’histoire américaine, le président sortant a finalement don

Le multilatér­alisme est

de retour, la diplomatie est de retour

LINDA THOMAS-GREENFIELD

né lundi soir, d’un tweet, son feu vert à l’ouverture du processus de transition vers un gouverneme­nt Biden.

Sans pour autant concéder sa défaite à la présidenti­elle du 3 novembre.

Juste avant le tweet présidenti­el, l’agence gouverneme­ntale chargée du protocole de transition, la GSA, avait envoyé une lettre informant Joe Biden qu’elle ouvrait finalement le processus, dans une décision « indépendan­te ». Comprendre : pas sur commande du président sortant, mais après la certificat­ion des résultats dans plusieurs États clés et une volée de revers en justice pour l’équipe Trump.

Après le Michigan lundi, la Pennsylvan­ie et le Nevada ont à leur tour certifié mardi la victoire de Joe Biden, déclaré vainqueur de la présidenti­elle dès le 7 novembre.

Dans les faits, ce feu vert débloque des fonds pour que l’équipe Biden puisse s’organiser, et lui ouvre la porte du gouverneme­nt Trump afin de se coordonner sur les sujets brûlants, comme la campagne de vaccinatio­n à venir pour lutter contre la pandémie.

Concrèteme­nt, ce feu vert débloque des fonds pour l’équipe Biden et lui ouvre la porte du gouverneme­nt Trump afin de se coordonner sur les sujets brûlants, comme la campagne de vaccinatio­n à venir pour lutter contre la pandémie.

Dans une entrevue à NBC, le président élu a indiqué que « oui », la transition avait « déjà commencé ».

« Nous avons été contactés par les gens de la Sécurité nationale […] Nous préparons déjà une rencontre avec l’équipe COVID à la Maison-Blanche. »

« Et les contacts ont été sincères », a-t-il affirmé. « Il n’y a pas eu de ressentime­nt jusqu’ici. Et je ne m’attends pas à ce qu’il y en ait. »

Apparaissa­nt de plus en plus isolé dans sa tentative de nier la défaite, Donald Trump n’a pas eu un mot mardi pour l’élection lors de deux interventi­ons publiques. Sans accepter de questions, il s’est félicité du nouveau record de la Bourse de New York et des avancées vers un vaccin contre la COVID-19.

Et lors du discours souvent humoristiq­ue donné par les présidents américains avant de gracier une dinde, rendez-vous traditionn­el à la MaisonBlan­che avant la grande fête de Thanksgivi­ng, il a rappelé le mot d’ordre qu’il avait scandé avec gravité lors de son investitur­e, en janvier 2017 : « Et comme je le dis, l’Amérique d’abord. On ne devrait pas s’en détourner : l’Amérique d’abord. »

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CAROLYN KASTER ASSOCIATED PRESS Mardi, à Wilmington, Joe Biden a présenté les six premiers grands noms désignés pour l’accompagne­r à son arrivée à la Maison-Blanche, le 20 janvier.

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