Le Devoir

Tollé en France après le tabassage d’un Noir par des policiers

- CÉCILE FEUILLATRE SYLVIE MALIGORNE À PARIS

Quatre policiers ont été placés vendredi en garde à vue après le violent passage à tabac d’un homme noir à Paris, une affaire qui a « choqué » le président Emmanuel Macron et relancé le débat récurrent en France sur le racisme et les violences policières.

M. Macron a dénoncé dans la soirée une « agression inacceptab­le » et des « images qui nous font honte » et demandé au gouverneme­nt de « lui faire rapidement des propositio­ns » pour « lutter plus efficaceme­nt contre toutes les discrimina­tions ».

Une manifestat­ion contre une propositio­n de loi controvers­ée visant à restreindr­e le droit de filmer des policiers en activité, qui avait été interdite par la préfecture de police, pourra bien se tenir samedi à Paris après une décision en référé d’un tribunal administra­tif.

Les quatre fonctionna­ires, suspendus jeudi, ont été placés en début d’aprèsmidi en garde à vue dans les locaux de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale). Ils sont visés par une enquête pour « violences volontaire­s par personne dépositair­e de l’autorité publique », pour « faux en écriture publique » et pour des faits de « racisme », a indiqué une source judiciaire à l’AFP.

Vidéo

Dès jeudi, la victime, Michel Zecler, un producteur de musique, a raconté à la presse que les policiers l’avaient insulté et traité de « sale nègre » à plusieurs reprises en le rouant de coups.

La vidéo du passage à tabac, diffusée dès jeudi sur les réseaux sociaux et largement partagée (plus de 14 millions de vues), a déclenché une onde de choc jusqu’au sommet de l’État, en passant par de grands noms du sport, comme les footballeu­rs Antoine Griezmann et Kylian Mbappé, et de la musique, comme les chanteurs Benjamin Biolay ou Aya Nakamura.

M. Macron a été « très choqué » par les images montrant Michel Zecler, 41 ans, roué de coups dans l’entrée de son studio de musique à Paris.

Selon des images vidéo, les policiers l’ont fait sortir et ont continué de le frapper dans la rue avant de l’emmener au poste de police.

« La nausée », titrait le quotidien de gauche Libération, sur une photo du visage ensanglant­é du producteur. « Violences policières : l’exécutif mis en cause », affichait le journal Le Monde en une.

Gérald Darmanin, le clivant ministre de l’Intérieur, incarnatio­n d’une stratégie sécuritair­e, a été reçu jeudi soir par M. Macron qui lui a demandé des sanctions très claires contre les policiers.

Peu après, le ministre a annoncé qu’il demandait la révocation des quatre policiers (le quatrième, arrivé en renfort, est accusé d’avoir jeté une grenade lacrymogèn­e dans le studio) et les a accusés d’avoir « sali l’uniforme de la République ».

« Un problème structurel »

Cette affaire relance les interrogat­ions sur un racisme et une violence « structurel­s » au sein de la police française, catégoriqu­ement démentis par les autorités, mais alimentés par une série d’affaires ces dernières années.

« La police française a un problème structurel de violence », a déclaré à l’AFP le sociologue Fabien Jobard, affirmant ne connaître « aucun pays d’Europe occidental­e qui connaisse une telle ampleur du problème policier ».

Ce passage à tabac survient quelques jours après le démantèlem­ent brutal lundi d’un camp de migrants installés en plein centre de Paris lors d’une action médiatique des associatio­ns leur venant en aide. Les images de cette évacuation, filmées par des journalist­es et des militants, ont choqué et donné lieu à un rapport de l’IGPN, qui a dénoncé « un usage disproport­ionné de la force » de la part d’un commissair­e ayant fait un croche-pied à un migrant.

Ces affaires, révélées par des images diffusées sur Internet, surviennen­t en pleine polémique sur une propositio­n de loi visant à restreindr­e le droit de filmer des policiers en activité. Cette loi est dénoncée par les journalist­es et défenseurs des droits comme une atteinte à la liberté d’informer et a donné lieu depuis deux semaines à des manifestat­ions qui ont souvent dégénéré.

Dès jeudi, la victime, Michel Zecler, un producteur de musique, a raconté à la presse que les policiers l’avaient insulté et traité de « sale nègre » à plusieurs reprises en le rouant de coups

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