Un haut responsable du programme nucléaire iranien assassiné
Téhéran promet une « vengeance terrible » pour les personnes impliquées dans ce qu’elle a qualifié d’« acte terroriste »
L’Iran a accusé Israël d’avoir joué un « rôle » dans l’assassinat vendredi d’un scientifique iranien de haut rang travaillant dans le secteur nucléaire, prévenant qu’une « vengeance terrible » attendait les personnes impliquées dans ce que Téhéran a qualifié d’« acte terroriste ».
« Des terroristes ont assassiné aujourd’hui un éminent scientifique iranien. Cette lâcheté — avec des indications sérieuses du rôle d’Israël — montre le bellicisme désespéré de ses auteurs », a publié sur Twitter Mohammad Javad Zarif, ministre des Affaires étrangères.
Il a appelé la communauté internationale à « mettre un terme à ses honteuses positions ambivalentes et à condamner cet acte terroriste ».
Selon le chef d’état-major, le général de division Mohammad Baghéri, une « vengeance terrible » attend « les groupes terroristes et les responsables et les auteurs de cette tentative lâche ».
La mort de Mohsen Fakhrizadeh, 59 ans, est un « coup amer et lourd », a publié sur Twitter M. Baghéri, selon l’agence de presse étatique Irna, assurant que les Iraniens « n’auront pas de repos tant que nous n’aurons pas pourchassé et puni » les personnes impliquées.
Le ministère de la Défense avait plus tôt identifié la victime comme étant M. Fakhrizadeh, chef du département recherche et innovation du ministère.
Il a été « gravement blessé » lorsque sa voiture a été prise pour cible par plusieurs assaillants, qui ont en retour été pris à partie par l’équipe de sécurité du scientifique, a indiqué le ministère dans un communiqué, ajoutant que l’équipe médicale n’était pas parvenue à le ranimer.
Selon un journaliste d’une télévision d’État, un pick-up noir transportant des explosifs dissimulés sous du bois a explosé devant la voiture de Fakhrizadeh, avant qu’elle ne soit visée par des tirs nourris provenant d’un véhicule circulant sur une autre voie. Des images vidéo de la scène montrent une berline noire sur le bascôté d’une route, le pare-brise criblé d’impacts de balles. Du sang est visible sur l’asphalte. L’attaque s’est déroulée près de la ville d’Absard, à l’est de Téhéran.
Le ministre de la Défense, Amir Hatami, a relevé à la télévision que le scientifique avait eu un « rôle marquant dans les innovations de défense ». « Il gérait la défense nucléaire et faisait un travail considérable », a-t-il ajouté, sans autre précision.
Selon lui, cet assassinat est « totalement connecté » à la mort du général Qassem Soleimani, chef de la Force Qods — unité d’élite chargée des opérations extérieures du groupe des Gardiens de la Révolution —, le 3 janvier dans une frappe aérienne américaine près de l’aéroport international de Bagdad.
Le département d’État américain avait indiqué en 2008 que Fakhrizadeh menait « des activités et des transactions contribuant au développement du programme nucléaire de l’Iran ».
Le scientifique avait été qualifié par le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, de père du programme iranien d’armement nucléaire.
Contacté par l’AFP, un porte-parole de M. Nétanyahou a refusé de commenter l’affaire.
Le quotidien américain New York Times a indiqué qu’un responsable américain et deux responsables du renseignement avaient confirmé qu’Israël était derrière l’attaque, sans autre détail.