Lumière sur le CHSLD
Danic Champoux nous guide dans la bulle d’un établissement montréalais
Le cinéaste Danic Champoux (La fille du cratère, Autoportrait sans moi) n’avait jamais mis les pieds au Centre d’hébergement Émilie-Gamelin, qui étend son ombre de pierres austères sur le quartier du Centre-Sud de Montréal. « Avant, on appelait ça le mouroir. C’est pourtant plein de lumières », cet endroit-là, « il faut juste prendre le temps » de les capturer, une à une, comme des lucioles. C’est ce qu’il fait dans CHSLD, mon amour, un film d’une grande douceur, qui respire une empathie peu commune malgré les deuils qui guettent à tous les détours.
Tournée à la fin 2019, quelques semaines avant que la COVID-19 ne bouleverse notre monde, cette traque pudique carbure d’abord à l’authenticité. Souvent fixes et dégagés, on pourrait qualifier les plans qui se succèdent avec lenteur de sages, mais on aurait tort de s’en tenir à cette seule épithète. Ces mêmes plans, découpés avec douceur, sont avant tout d’une remarquable patience. Et en ne forçant rien, ils rendent possible un maximum de confidences parmi les patients qui y ont trouvé refuge.
Soyons clairs, on n’est pas dans l’angélisme : la souffrance, la peur, la solitude, la méfiance et la colère affleurent de partout dans ce film qui figure parmi les plus belles prises des Rencontres internationales du documentaire de Montréal. C’est que Danic Champoux y épingle des moments-lucioles qui illuminent tout, là un sourire complice, ici un geste tendre ou une danse improvisée. On mesure du même coup la nécessité des contacts nourris et étroits qui innervent ces milieux de vie, un luxe que la pandémie a cruellement mis sous cloche depuis.
CHSLD, mon amour
En version intégrale aux RIDM jusqu’au 2 décembre ; sur Crave dès le 4 décembre